En cours
les Prophètes nons ont laissé une peinture fidèle du
caractère des Assyriens. Les Livres Saints nous ont tracé
aussi un tableau non moins exact de leurs conquêtes,
principalement en ce qui regardait Israël, Juda et les
peuples avoisinants, tableau soit historique, soit prophétique. Les deux derniers livres des Rois et le second livre
des Paralipomènes contiennent l’histoire des conquêtes
assyriennes ; les prophètes les prédisent généralement
comme punition des crimes d’Israël et de Juda. — Déjà
Balaam avait annoncé que la domination d’Assur s'étendrait jusque sur les Cinéens, les Kénites, qu’ils emmèneraient en captivité. Num., xxiv, 22-24. Ces Cinéens,
322. — Objets de culte.
Portes de bronze de Balawat. Musée Britannique.
mentionnés ici avec Amalec, paraissent distincts de la
tribu qui se fusionna avec les Hébreux, et habitaient au
sud de la Palestine. Balaam termine son oracle en disant
en termes généraux qu’Assur à son tour aura à souffrir
des vaisseaux de Kiltim, c’est-à-dire venus de la Méditerranée, proprement de Chypre, et, dans le sens large,
de l’Occident en général. Jér., ii, 10 ; Dan., xi, 30. —
323. — Sacrifice humain.
Cylindre babylonien. J. Menant, Recherches sur la glyptique
orientale, t. i, p. 151.
Dès le commencement de l'époque prophétique, Amos, v-vi, annonce la ruine d’Israël et sa transplantation plus loin que Damas, dès le temps de Jéroboam II, c’est-à-dire à l'époque de la plus grande prospérité d’Israël, vers le temps où Jonas menaçait Ninive. Plus tard, Osée blâme Israël de s’appuyer sur l’Assyrie et l’Egypte, vii, H -12 ; vin, 8-10 ; il annonce la chute de Samarie et des dix tribus, viii, 10 ; IX, 3 ; XIII, 15-16 ; il ajoute que l’Assyrien sera leur roi, xi, 5-7 ; xiii, 11 ; mais il laisse aussi entrevoir que la captivité aura un terme, xi, 1-11. Isaïe rassure Achaz en lui annonçant que Samarie, vii, 7-9 ; vin, 4 ; xxviii, 1-4, et la Syrie de Damas, viii, 4 ; xvii, 1-16, tomberont bientôt sous les coups des Assyriens ; il prophétise le même sort à l’Egypte et à l’Ethiopie, xx, 1-6 ; xix, 1-17, auprès de qui les rois juifs cherchaient sans cesse un appui contre l’Assyrie ; il annonce enfin l’invasion de la Judée elle-même par Sennachérib, la
désolation du pays, mais l’insuccès final du monarque assyrien devant Jérusalem, xxviii-xxxiii ; xxxvi-xxxviii ; x, 5-11 ; xiv, 24-27. Les Assyriens se chargèrent aussi de réaliser bon nombre des Massa ( dans la Vulgate Onus, prophétie de menaces) contre les nations, telles que les Philistins, Is., xiv, 28-32, les Arabes, Is., xxi, 13-17. Mais Ninive et la puissance assyrienne tombent bientôt à leur tour sans pouvoir se relever. Nahum l’annonce, i, 3, au moment même où l’Assyrie, immédiatement après la conquête de l’Egypte et le sac de Thèbes ou No-Ammon, est à son apogée sous le roi Assurbanipal Enfin, au
324. — Tombeau de Mughéir. Forme extérieure. D’après Loftus.
temps où ces menaces commencent à recevoir leur accomplissement et où Ninive est déjà bien déchue de son ancienne splendeur, Sophonie, ii, 13-15, annonce que la dévastation ira jusqu’au bout, que l’Assyrie sera détruite et que sa capitale deviendra une solitude et un désert.
825. — Tombeau de Mughéir. Vue intérieure. D’après Loftus.
Outre les renseignements donnés par la Bible, nous avons une source inespérée de renseignements dans les bas-reliefs (fig. 326) et les œuvres d’art qui font revivre sous nos yeux leur civilisation et leurs coutumes et surtout dans les textes cunéiformes eux-mêmes, textes authentiques, contemporains des événements, émanant de presque tous les rois assyriens, et dont le seul défaut est celui de former une histoire officielle, par conséquent suspecte quelquefois de partialité. La partie chronologique, outre les indications abondamment contenues dans les textes soit d’histoire publique, soit d’intérêt privé, nous est fournie par la liste ou Canon des limu. Ces limu, sorte de consuls éponymes, donnaient leur nom à l’année où ils étaient en fonction ; aux listes ainsi formées on joignait les indications relatives aux changements de règne, ou même souvent l'événement principal de l’année. Nous possédons le Canon sans interruption depuis le Xe siècle jusqu’au vne avant J.-C. ; mais nous savons, par des textes plus anciens, que l’institution des limu fonctionnait déjà