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ASTAROTH

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Là se trouve, adossé à une colline oblongue qui n’a guère qu’une douzaine de mètres de hauteur, le village de Seih Sa’d ou Es-Sa’dîyéh, habité par deux ou trois cents nègres, dont les ancêtres auraient été emmenés ici du Soudan par le scheich (Seih) même qui a donné son nom au pays. Le pauvre hameau n’a rien d’intéressant, si ce n’est un bon nombre de chambres souterraines qui en attestent la haute antiquité. Au pied méridional de la colline s'élèvent deux sanctuaires, moitié anciens, moitié modernes, et surmontés l’un et l’autre d’un large dôme. Le premier, auquel on arrive en venant du Méritez, est le maqàm ou ouéli de Seih Sa’d, où se trouve le tombeau de ce personnage avec un oratoire. Pour y

(est-ouest), surmonté à l’extrémité méridionale d’une petite tour couronnée d’un dôme blanc. Le toit est fait de grandes plaques de basalte, et soutenu par six colonnes carrées et dix pilastres adossés aux murs, réunis ensemble par des arcs pointus. Dans le fond méridional, on remarque un joli mihrâb (niche de pierre), flanqué de deux petites colonnes de marbre. Malheureusement l'édifice tombe en ruines ; une immense brèche s’est déjà faite dans le mur oriental, et tout le pavé est couvert de débris. — Mais l’objet principal de la vénération des musulmans est la « Pierre de Job », bloc de basalte d’environ deux mètres de haut et de plus d’un mètre de large, placé à peu près entre les premières colonnes, en face du mihrâb.

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3sr.

Vue de Seih Sa’d.

entrer, il faut traverser une grande cour plantée de beaux saules et ayant un bassin au milieu. C’est bien l’ancien sanctuaire de Job, le Maqâm Eyoub de Wetz"stein, où le tombeau du patriarche de l’Ancien Testament se vénérait alors, à côté de celui du seih soudanais. Mais celui-ci, en abusant de l’hospitalité repue, a fini par chasserJob de son propre ouéli, pour se l’approprier tout seul. Cependant l’autre sanctuaire, situé tout près vers l’est, porte encore son nom : c’est le Hammam Eyoub, « bain de Jeb. » Là, dit-on, le grand patriarche venait se baigner. L’eau y vient d’une source abondante, située à peu de distance, également au pied de la colline. Cette « source de Job » fournit aussi l’eau nécessaire au village, arrose les jardins bien cultivés qui se trouvent au midi et à l’ouest, et donne encore naissance au ruisseau que nous avons rencontré près de Tell 'Astarâ, sous le nom de Moyet (en-nebi) Éyoub.

Enfin, au-dessus du village, à l’extrémité sud-est de la colline, on aperçoit de bien loin la mosquée du Sahret Eyoub (Pierre de Job), édifice rectangulaire de plus de treize mètres de long (nord-sud) et dix mètres de large

C’est la pierre, — diton, — qui servait d’appui au saint patriarche, « au jour où il 'était visité par Dieu. » En réalité, c’est un monument égyptien représentant le roi Ramsès II dans l’acte de sacrifice ou d’adoration devant un dieu portant la double couronne. Nous ne saurions douter que c’est la même pierre qui est mentionnée déjà par sainte Sylvie, et qu’on disait alors avoir été trouvée sur le tombeau du saint patriarche. C’est pourquoi nous pensons que ce sanctuaire-ci doit être le plus ancien, d’autant plus que, selon Wetzstein, il est vénéré aussi par les rares chrétiens du Hauran. La mosquée actuelle néanmoins nous paraît être d’origine musulmane. Du reste tous ces souvenirs de Job, le couvent, le bain, la source, la mosquée et la pierre, sont mentionnés par les auteurs arabes dès le Xe siècle. Aux témoignages connus de Mas’oudi, Yâqout, Qazouîni, Moqaddasî, nous pourrions ajouter celui de Mohammed el-Halebî, dans son livre Sur les beautés de la Syrie, 11e partie, ch. vi (Bibl. de Leyde, Cod. Arab., 1466, fol. 140 verso). Une allusion à la source se trouve encore dans le Coran, xxxviii, 41, où Dieu dit à Job de frapper la terre du pied, et il jaillit une