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AURAN


el-Touloûl, le Safa et le désert El-Hara ; au sud par le Belqâ’a et les steppes du désert El-Hamad ; au sud-ouest par le Djebel Adjloûn ; à l’ouest par le Djaulan (Gaulanitide), et au nord-ouest par le Djédour (Itnrée). Ce pays, dont l’étendue est de quatre-vingts à cent kilomètres du nord au sud, et de soixante à soixante - cinq de l’ouest à l’est, se divise en trois parties distinctes : au nord, le Ledjah ( Trachonitide) ; au sud-est, le Djebel Hauran ; tout autour, mais surtout au sud et au sud-ouest, la plaine En-Nouqrat el-Haourân (la pente du Hauran). Pour l’ensemble du pays, voir Amorrhéens, Basan. Pour le Ledjah, voir Argob, Tra.chûkitide. Notre description doit se borner à la montagne du Hauran et à la plaine qui l’avoisine du côté de l’ouest, c’est-à-dire à l’Auranitide proprement dite.

A une centaine de kilomètres au sud-est du grand Hermon, auquel le rattache un plateau accidenté, se dresse le Djebel Hauran, dominant les solitudes de la contrée, et fermant, au nordest, le pays biblique transjordanien. Il forme un massif de montagnes volcaniques, dont l’axe se dirige à peu près du sud au nord, et dont les cônes prin. cipaux sont : Y À bou Touméïs (1 550 mètres), le Djouéïlil (1782 mètres) et le Qoléïb (1718 mèlres ).ïous les pitons de cette chaîne vont en moyenne de 1100 à 1800 mètres. Rochers de laves ou amas de cendres, ils ressemblent à des blocs calcinés sortis d’un four : un seul sommet, le Qoléïb, estombragédequelques arbres à la

cime. On croirait voir la chaîne des Puys d’Auvergne. Le basalte de l’Abou Touméïs, différant d’aspect avec celui du Djaulan et de la Moabitide, est remarquable par ses propriétés magnétiques, qu’il doit sans doute à une forte proportion de fer oxydulé titanifère répandu dans sa masse. Au nord, quatre cônes latéraux, alignés du sud-ouest au nord-est sur une longueur de dix kilomètres, paraissent avoir vomi la vaste nappe basaltique qui compose le Ledjah. Ce sont, du nord au sud, le Tell Sehihan, le Tell Gharârat eschschemàliyéh (le Gharara du nord), le Tell Djémal et le Tell Gharârat el-qibliyéh (du sud).

La plaine En-Nouqra est un plateau ondulé, coupé par de nombreux ouadis, qui descendent du Djebel Hauran pour former les principaux affluents du Chériat el-Mandhoûr. Le sol se compose de scories de laves et de cendres, répandues sur la contrée par les volcans pendant leur période d’activité, et désagrégées par les agents atmosphériques. On trouve encore de ces fragments non décomposés à trois ou quatre pieds sous terre. Ce sol rougeâtre est en général très fertile, et les fellahs ont peu de peine à recueillir de magnifiques récoltes, si la pluie tombe avec une abondance suffisante. Les céréales qu’on y cultive consistent en une excellente sorte de blé et d’orge : le, grain est transporté par les chameaux soit à Damas, soit sur les bords de la mer, à Akka (Saint-Jean-d’Acre) ou

L.Tkufllier, del*

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365. — Carte de l’Auran.

à Khaïfa. Malgré les nombreux cours d’eau qui arrosent ce pays, on y rencontre peu de plantations et pas de forêts : autour des villages, les habitants entretiennent seulement quelques vergers, vignes et jardins. La plaine et les pentes de la montagne sont occupées par une population sédentaire adonnée aux travaux agricoles, mais malheureusement exposée aux incursions continuelles des Bédouins. Depuis quelques siècles, les cantons montagneux ont été colonisés par les Druses, et l’immigration venue des districts du Liban a été si considérable depuis 1861, que le Djebel Hauran est quelquefois appelé « montagne des Druses ». Quelques chrétiens, appartenant à la religion grecque orthodoxe, s’y sont établis à côté d’eux. Le Hauran est remarquable surtout par le grand nombre d’habitations anciennes qu’il renferme : demeures troglodytes ou grottes artificielles creusées sous l’escarpement

des rochers ^chambres ouvertes dans la surface du plateau rocheux et surmontées d’une solide voûte en pierre ; villages souterrains, véritables forteresses presque inexpugnables, comme celui qui se voit encore à Der’al, l’ancienne Édraï, une des résidences d’Og, roi de Basan ; cf. G. Schumacher, Across the Jordan, Londres, 1886, p. 135-148 ; plan, p. 136. Beaucoup de villages sont formés de maisons de pierre, pour la plupart bien conservées et construites en blocs de basalte admirablement jointoyés. Les portes sont généralement basses et sans ornements ; quelques-unes cependant étaient sculptées et ornées d’inscriptions. Elles étaient faites de dalles de pierre, tournant sur un gond pris dans la masse. Les fenêtres étaient obtenues au moyen d’une dalle de dolérite, percée d’ouvertures rondes.

La plaine est couverte dans toutes les directions de villes construites en basalte noir, les unes ruinées, les autres assez bien conservées. Der’ât (Édraï), Bosra (Bostra), Salkhad (Salécha), El-Qanaoudt (Canath), Souéidéh, Ezra, Es-Sanameïn (Aéra) et d’autres localités anciennes ont laissé des vestiges dont les voyageurs admirent l’étendue et la beauté. Les principales d’entre elles sont d’origine syromacédonienne ou romaine, ou du moins elles furent agrandies et singulièrement embellies au temps des Séleucides et des empereurs. Quelques autres paraissent dater d’une époque un peu postérieure. Les édifices remarquables qu’elles renferment furent élevés dans une période qui s’étend du I er au vu" siècle. Au moment de l’occupation romaine, le pays se peupla, et l’activité architecturale ne fit qu’augmenter lorsqu’il eut été réduit en province romaine. De tous côtés s’élevèrent maisons, palais, bains, temples, théâtres, aqueducs, arcs-de-triomphe ; des villes sortirent de terre en quelques années avec cette disposition régulière, ces colonnades symétriques, qui sont comme le cachet uniforme des cités construites en Syrie pendant