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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/735

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B

B, seconde lettre de l’alphabet hébreu. Voir Beth.



387. — Sceau araméen d’Abdbal.

BAAL. Hébreu : Ba’al, « maître, seigneur ; » Septante : Bάαλ. Nom d’un dieu chananéen, de plusieurs Israélites et d’une localité ainsi appelée par abréviation. Ce mot entre aussi dans la composition d’un certain nombre de noms propres,

1. BAAL, dieu suprême des Chananéens, adoré par les Israélites infidèles. Son nom se lit souvent dans les inscriptions phéniciennes ; on le retrouve aussi dans les inscriptions cunéiformes et chez les auteurs grecs et latins, qui l’appellent communément, d’après la forme babylonienne de son nom, Bήλ, Bῆλος, Belus. Il entre dans la composition d’un grand nombre de noms de personnes phéniciens et carthaginois : Annibal (ḥannibaʿl, « Baal est grâce ») ; Asdrubal (ʿazrubbaʿl, « Baal est secours »), etc. ; araméens : Abdbal, « serviteur de Baal, » qu’on lit sur un cachet d’agate trouvé à Khorsabad (fig. 387), etc. ; assyro-chaldéens : Balthasar (Bel-sar-uṣur, « Bel protège le roi » ), etc. ; on le trouve même dans quelques rares noms hébreux : Baʾalḥânân (Vulgate : Balanan), Esbaal, Méribbaal, Baaliada. (Voir ces noms.) Cf. E. Nestlé, Die isrælitische Eigennamen nach ihrer religionsgeschichtlichen Bedeutung, in-8°, Harlem, 1876, p. 108-132.

I. Nom. — Baʿal, d’après l’interprétation unanime des sémitisants, signifie « seigneur, maître, possesseur », non seulement en hébreu, mais aussi dans les autres langues sémitiques. Il ne s’emploie pas uniquement comme nom propre, mais encore comme nom commun, pour désigner le maître, le propriétaire, le possesseur d’une personne ou d’une chose : — 1° « propriétaire d’une maison, » Exod., xxii, 7 ; Jud., xix, 22 ; d’un champ, Job, xxxi, 39 ; d’un bœuf, Exod., xxi, 28 ; Is., i, 3 ; de richesses, Eccl., v, 13, etc. ; — 2° « mari » baʿalʾiššâh, « maître d’une femme, » Exod., xxi, 3, etc. ; — 3° habitant ou citoyen d’une ville, Jos., xxiv, 11 ; Jud., IX, 2, etc. — On peut conclure de là que le nom de Baal, appliqué à Dieu, n’a été primitivement qu’une épithète exprimant son souverain domaine et le considérant comme le seigneur et le maître de toutes choses ; on en a fait ensuite un nom propre et une divinité particulière, le Baal, le Maître par excellence, hab-Baʿal, avec l’article. L’article est en effet toujours mis en hébreu devant le nom du faux dieu pour distinguer Baʿal, nom propre, de baʿal, nom commun. À cause de l’abus que les polythéistes firent de cette expression, l’Écriture, quoiqu’elle aime à appeler Dieu le Seigneur, ne le désigne pas une seule fois par le nom de Baal ; mais elle emploie à la place ʾÂdôn, ʾĂdônâï, dont la signification est la même, et elle ne se sert du mot baʿal, en dehors du nom du faux dieu, que comme substantif commun.

Le dieu suprême chananéen Baal, honoré à Tyr et à Sidon, dans toute la Syrie et dans les colonies phéniciennes, se multiplia par la suite des temps, et l’on distingua plusieurs Baals, qui tirèrent leur nom particulier soit du lieu où ils étaient honorés, comme Baʿal Lebanon, « le Baal du Liban, » Corpus inscriptionum semiticarum, t. i, part, i, p. 24-25, etc. ; soit de la fonction qu’on lui attribuait, comme celle de Baʿal Beriṭ, « le Baal de l’alliance, » protégeant ceux qui faisaient alliance avec lui (voir Baalberit) ; de Ba’al Zebûb, « le Baal des mouches, » protégeant sans doute ses adorateurs contre ces insectes. (Voir Béelzébub.) Aux Baals locaux se rattachent, d’après beaucoup d’orientalistes, les noms de lieux Baalgad, Baal Hamon (hébreu), Baalhasor, Baalhermon, Baalmaon, Baal Pharasim, Baalsalisa, Ba’al Sefôn (Vulgate : Béelséphon), Baalthamar. (Voir ces mots.) Pour le pluriel de Baal, voir Baalim, et pour la forme babylonienne du nom de ce dieu, voir Bel.

Quoique le nom de Baal désignât un dieu particulier, il s’employait aussi pour qualifier une divinité quelconque. Ainsi, dans une inscription phénicienne de Malte, on lit : « Melqart, Baal de Tyr. » Gesenius, Monumenta Phœniciæ, 1837, Melit. i, p. 96 et pi. 6 ; Corpus inscript. semit., t. i, part.ii, p. 151. C’est dans cette acception que Moloch est appelé « Ba’al » dans Jérémie, xxxii, 35. Cf. xix, 5.


388. — Le dieu Baal. Bas-relief d’un autel trouvé à Qanaouat.
Fitz-William Muséum, à Cambridge.

II. Caractères. — Le dieu Baal était le dieu producteur, le principe mâle (fig. 388), associé à la déesse Astarthé, qui était le principe femelle. C’est, d’après l’opinion la plus probable, une divinité solaire ; pour cette raison, lorsqu’elle est représentée dans les derniers temps sous forme humaine, elle est couronnée d’un diadème de rayons (fig. 389), et son emblème est appelé, en hébreu comme en phénicien, ḥammân, « solaire » (en hébreu,