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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/74

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ABBA MARI — ABDIAS


signifie « lune » ; les Juifs provençaux avaient coutume de traduire en hébreu les noms de ville). Son nom provençal était Don ou En Astruc, ou Nastruc (forme populaire). Il vécut à la fin du xiiie et au commencement du xive siècle. De 1304 à 1306, il prit la plus grande part à la dispute qui divisa alors les rabbins du midi de la France en deux partis, qu’on peut appeler le parti philosophique et le parti théologique, ou plutôt talmudique. Effrayé de l’abandon où était tombée l’étude du Talmud, et de la préférence accordée à des recherches philosophiques aboutissant le plus souvent, dans l’interprétation de la Bible, à un allégorisme outré ou au rationalisme, Abba Mari vit là un danger sérieux pour la foi de ses coreligionnaires. Aussi voulait-il qu’on n’entreprit pas les études philosophiques avant l’âge de trente ans, âge auquel on est d’ordinaire assez familiarisé avec le Talmud. Dans ses lettres, il s’élève contre ceux qui expliquent les miracles par des faits naturels, et qui regardent comme des allégories philosophiques ou morales les récits et les personnages de la Bible le plus évidemment historiques. Quelques-uns, en effet, voyaient, par exemple, dans Abraham et Sara, la matière et la forme ; dans Jacob et les douze tribus, le ciel et les douze signes du zodiaque. L’édit de 1306, qui expulsait les Juifs de France, mit fin à la querelle. Abba Mari quitta Montpellier, où il s’était fixé ; il se réfugia à Arles, et peu de temps après à Perpignan. Il mourut après 1310, on ne sait précisément en quelle année. Les lettres échangées dans la controverse furent réunies par lui sous le titre de Minḥaṭ qenaôṭ, Offrande du zèle. Num., v, 18. En tête de l’ouvrage se trouve une longue introduction, où il expose en dix-huit chapitres, dans un style diffus, les principes fondamentaux de la foi. Il conclut que ceux qui croient à ces principes ne douteront jamais des récits de l’Écriture, et ne chercheront pas d’interprétation naturaliste aux miracles. À la fin de cet opuscule, il ajouta un petit traité intitulé Livre de la lune, Séfer hayyârêaḥ, où il développe les mêmes idées. On lui attribue aussi un Commentaire sur le livre de Job, dont une copie manuscrite existe à la Bibliothèque nationale. Une main plus moderne que celle du copiste a ajouté le nom d’Abba Mari à la marge, et le donne comme l’auteur de cet ouvrage. L’Offrande du zèle a été publiée par Mard. Lôw Bisseliches, à Presbourg (Hongrie), in-8°, 1838. — Voir, sur Abba Mari, Histoire littéraire de la France, t. xxvii, p. 648-695, et H. Gross, Notice sur Abba Mari, dans la Revue des études juives, avril-juin 1882, p. 192 et suiv.

ABBOTT (George), archevêque anglican de Cantorbéry, né à Guildford, le 29 octobre 1562, mort à Croydon, le 4 août 1633, fut un des traducteurs de la Bible anglaise publiée par le roi Jacques Ier (version autorisée) ; il avait été chargé des quatre Évangiles. On a aussi de lui un commentaire du prophète Jonas en forme de sermons, An exposition upon the prophet Jonah, in-4o, Londres, 1600, ouvrage d’ailleurs sans valeur exégétique. Voir S. L. Lee, Stephens’ Dictionary of national biography, 1885, t. i, p. 5-20 ; W. Russell, Life of G. Abbott, Oxford, 1777.


ABDA, hébreu : ‘Abda’, « serviteur, » sous-entendu : de Dieu ; abréviation de ‘Abde'êl’ ; Septante : Ἀυδῶν.

1. 'ABDA, père d’Adoniram, un des officiers de Salomon. III Reg., iv, 6.

2. ABDA, lévite, fils de Samua, descendant du célèbre chantre Idithun. B revint de la captivité avec Zorobabel. II Esdr., xi, 17. D est appelé Obdia dans I Par., ix, 16.


ABDÉEL (hébreu : ‘Abde’êl, « serviteur de Dieu ; » omis dans les Septante), père de Sélémias, qui reçut de Joachim, roi de Juda, l’ordre d’arrêter Jérémie et Baruch. Jer., xxxvi, 26.


ABDÉMÉLECH (hébreu : ‘Ébed-mėlek, « serviteur du roi ; » Septante : Ἀϐδεμέλεϰ. Nom propre fréquent en arabe sous la forme Abdulmalik), eunuque éthiopien à la cour de Sédécias, dernier roi de Juda. Par son intervention, Jérémie fut tiré de la citerne ou basse fosse de la prison où l’avaient jeté les principaux de Jérusalem. Suivant la promesse que le prophète lui avait faite en retour, il fut préservé de tout mal dans la ruine de la ville. Jer., xxxviii, 7-18 ; xxxix, 16.


ABDÉNAGO (hébreu : ‘Abêd-negô ; Septante : Ἀϐδεναγώ), nom babylonien donné à Azarias, l’un des trois compagnons de Daniel élevés avec le prophète à l’école royale de Babylone. Dan., i, 7 ; ii, 49 ; iii, 12, 16, 97. La forme babylonienne de ce nom a été altérée par les copistes dans le texte hébreu ; il faut lire, comme on l’a depuis longtemps remarqué : ‘ǎbêd Nebô, c’est-à-dire « serviteur du dieu Nabo », une des principales divinités de Babylone. On trouve en assyrien beaucoup de noms propres qui commencent, comme en hébreu, par le mot ‘abad, « serviteur, » suivi du mot de « roi » (cf. en hébreu : Abdémélech, Jer., xxxviii, 7, etc.) ou du nom d’un dieu. Le nom d’Abdénabo lui-même se lit dans une inscription assyro-araméenne, où il désigne un Assyrien. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, 1883, p. 429. Voir Azarias 13.

F. Vigouroux.


ABDI, hébreu : ‘Abdi, « mon serviteur, » ou plutôt abréviation de ‘abdiyâh, « serviteur de Dieu ; » Septante : Ἀϐαί.

1. ABDI, lévite de la famille de Mérari et ancêtre d’Éthan. I Par., vi, 41.

2. ABDI, autre lévite de la même famille. Il fut père de Cis, un des lévites qui concoururent à la purification du temple sous Ézéchias. II Par., xxix, 12.

3. ABDI, un des fils d’Élam. Pour obéir à Esdras, il renvoya, au retour de la captivité, une étrangère qu’il avait épousée à Babylone. I Esdr., x, 26.


ABDIAS, hébreu : ‘Obadyâhû, et par contraction ‘Obadyâh, « serviteur, c’est-à-dire adorateur de Yah (Jéhovah), » correspondant à l’arabe Abdallah ; Septante : tantôt Ἀϐδίας, tantôt Ὀϐδιού.

1. ABDIAS, le quatrième des petits prophètes. Excepté son nom, on ne sait rien de certain à son sujet. La prophétie dont il est l’auteur fait cependant présumer qu’il était d’origine juive, habitant le pays de Juda.

I. Analyse de sa prophétie.

Très brève, puisqu’elle n’a que vingt et un versets, cette prophétie est dirigée contre Édom. Voici les trois parties qui la composent :
1o Ruine d’Édom, qui sera humilié, dépouillé et trahi par ses alliés ; il sera exterminé pour toujours, 1-10. —
2o Cause de cette ruine : c’est la part prise par lui aux maux qui viennent de tomber sur Jérusalem et sur les « enfants de Juda » ; il s’est joint aux étrangers qui ont jeté le sort sur la ville, il a triomphé insolemment avec eux ; il a surpris les fugitifs, les a tués ou vendus, 11-16. —
3o Exaltation d’Israël sur le mont Sion : Israël vaincra ses ennemis, recouvrera ses anciennes possessions et ses captifs lointains ; il s’étendra de tous côtés, et « il y aura alors des sauveurs qui monteront sur la montagne de Sion pour juger Ésaü ; et le royaume sera enfin à Jéhovah », 17-21. Telle est cette prophétie.

II. Date de sa prophétie.

Pour en fixer la date, on a d’une part le texte lui-même, de l’autre sa parenté avec Joël et Amos. Le texte rappelle, 11-17, un événement passé (voir les prétérits, 11, 15, 16), qui est la prise de Jérusalem par des ennemis auxquels Édom s’est trouvé mêlé. Quel est au juste cet événement ? C’est ce qu’il faut