Aller au contenu

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/756

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
1359
1360
BABYLONE D’ÉGYPTE — BABYLONIE

t. ii, Paris, 1818, ch. xix, p. 1-4, la description de Babylone.

E. Levesque.

BABYLONICUS PETROPOLITANUS (CODEX), manuscrit des derniers prophètes ( c’est-à-dire Isaïe, Jérémie, Ézéchiel et les douze petits prophètes), écrit selon le système de ponctuation dit babylonien. Trouvé en 1839, dans la synagogue de Tschufutkale, en Crimée, par le Caraïte Abr. S. Firkowitsch, il fut présenté à la Société historique et archéologique d’Odessa (d’où le nom Odessenus, qui lui a été quelquefois donné) ; en 1862, la Bibliothèque de Saint-Pétersbourg en fit l’acquisition. C’est un petit in-folio en parchemin de deux cent vingt-quatre feuillets ; chaque page a deux colonnes ; chaque colonne vingt et une lignes ordinairement, et chaque ligne, lorsqu’elle est complète, de quatorze à dix-huit lettres. La division des sections est nettement marquée au moyen des alinéas. L’écriture, très ferme, de belle apparence, aux lettres de six à sept millimètres de hauteur, est un peu penchée sur la gauche. Quelques lettres ont une forme particulière : ainsi le zaïn est plus court, le yod plus long que dans nos manuscrits occidentaux ; dans le hé, le jambage de gauche, placé au-dessous de la barre transversale, la rejoint complètement, en sorte qu’il ressemble à notre heth ; ce qui différencie alors le heth, c’est que ses deux jambages enserrent la. ligne transversale et la dominent. (Voir le fac-similé, fig. 409.) La différence est plus considérable pour les voyelles : ce n’est plus le système de Tibériade ou de Palestine, usité dans les manuscrits jusque-là connus. Ce système, moins parfait, ne comprend que six voyelles, d’une forme particulière, et toutes placées au-dessus des consonnes. (Voir Points-voyelles.) Il est à remarquer qu’on ne voit pas de voyelles au nom de Jëhovah, יחזה ; il est seulement accentué. Le pronom הזא, hûʾ, se rencontre très souvent pour le féminin N>n,

hîʾ, des manuscrits de recension palestinienne, etc. Les marges à droite et à gauche, en haut de la page et entre les deux colonnes, contiennent la petite Massore ; la marge d’en bas est réservée’à la grande Massore. L’écriture de ces notes est de dimension bien moindre que celle du texte.

Ce manuscrit porte sa date. Le copiste a signé la fin de son travail à la page 224 a. Il dit l’avoir terminé au mois de Tischri de l’an 1228 (ère des Séleucides), ce qui correspond à l’automne de l’an 916 de notre ère. C’est donc l’un des plus anciens manuscrits datés d’un texte hébreu ponctué de l’Ancien Testament. Hermann Strack a donné la photolithographie de ce précieux manuscrit : Prophetarum posteriorum Codex Babylonicus Petropolitanus, in-f°, Saint-Pétersbourg, 1876.

Les variantes apportées par ce manuscrit ne font pas sans doute subir de nombreux’et surtout d’importants changements au texte reçu ; cependant elles pourraient être utilisées avec profit en plus d’un endroit. On remarque que parfois ses leçons s’accordent avec les Septante et la Vulgate contre le texte actuel.

Voir la préface de Strack, dans l’édition du Codex citée plus haut ; Eph. Pinner, Prospectus der der Odessäer Gesellschaft für Geschichte und Alterthümer gehörenden altesten hebräischen und rabbinischen Manuscripte, ein Beitrag zur biblischen Exegese, in-4°, Odessa, 1845, p. 18-28 ; Ginsburg, Transactions of the Society of biblical Archæology, in-8o, Londres, 1876, t. v, part. 1, p. 129-176.

E. Levesque.


BABYLONIE. Hébreu : Bâbél ou ʾérêṣ Bâbél ; Septante : Bαϐυλωνία, ou simplement Bαϐυλών ; Vulgate : Babylonia, dans Baruch et les deux livres des Machabées, I Mach., vi, 4 ; II Mach., viii, 20 ; ailleurs simplement Babylon, Dan., ii, 48, ou regio, provincia Babylonis, Dan., iii, 1, 12, 97, dans un sens plus restreint ; d’autres fois elle est désignée par des appellations géographiques qui n’en indiquaient à l’origine qu’une portion, terra Chaldæorum, Sennaar ; inscriptions cunéiformes :

£rT

-TV

Sumer Akkad ;

(période archaïque)

mat Sunieri u Akkadii ;

(époque de Cyrus)

V B=fTÎ <fêf.

mat Kaldi ;

mat Babili.

I. Géographie. — Akkad paraît avoir désigné à l’origine le nord de la Babylonie, Sumer ou Sennaar le sud ; la Chaldée semble avoir désigné le centre. Les limites de la Babylonie, c’est-à-dire du territoire dépendant de Babylone, ont varié dans la suite des siècles. Strabon y englobe l’Assyrie elle-même ; mais à l’époque biblique, et à l’époque où nous reportent les textes assyro-babyloniens, la Babylonie proprement dite ne s’étend pas au delà de l’endroit où le Tigre et l’Euphrate, après s’être rapprochés, commencent à se séparer de nouveau, entre le 33° et 34° de latitude. Elle est donc bornée au nord par l’Assyrie, à l’est par l’Élam et la Susiane, au sud par le golfe Persique, à l’ouest et au sud-ouest par le désert d’Arabie. Ce pays étant un terrain d’alluvion formé par les dépôts du Tigre, de l’Euphrate et des autres cours d’eau tributaires du golfe Persique, il était naturellement d’étendue beaucoup plus restreinte à l’époque où nous reportent les premières inscriptions : le Tigre et l’Euphrate, au lieu de se confondre comme aujourd’hui où ils forment le Schatt-el-Arab, avaient chacun une embouchure spéciale, et le golfe persique pénétrait beaucoup plus haut vers le nord-ouest dans les terres. La Babylonie était arrosée par l’Euphrate, dont elle possédait les deux rives ; le Tigre, dont elle possédait les deux rives à sa sortie d’Assyrie, et seulement la rive droite dans sa portion méridionale, l’autre appartenant à l’Élam. Dans ces limites, l’Euphrate ne reçoit aucun affluent, le Tigre en reçoit sur’la rive gauche un bon nombre : les plus considérables sont le Schirvan et le Holvan, qui, avant de se jeter dans le Tigre, se réunissent pour former le Tornadotus des anciens, le Gyndès d’Hérodote, le Turnat des inscriptions cunéiformes, actuellement Diyaléh ; les plus méridionaux, le Kerkhan et le Karoun, appartiennent à l’Elam. Voir la carte, fig. 410. Ce système hydrographique est complété par les bras de l’Euphrate qui s’échappent vers le Tigre dans la partie septentrionale, tandis que dans la Babylonie méridionale ce sont les bras du Tigre qui viennent rendre à l’Euphrate ce qu’il en avait reçu. Là où les deux fleuves n’arrivent pas à se rencontrer, ces bras perdus forment des marais d’eau stagnante, principalement vers le sud. La fonte des neiges sur les montagnes de l’Arménie ou de la Perse amène une forte crue : des deux fleuves depuis mare jusqu’à juin ; de juin à la mi - septembre, les eaux décroissent. Dans l’intervalle, la basse Babylonie, l’ancien Sennaar, est un véritable marécage. De nombreux canaux, dont on rencontre encore aujourd’hui fréquemment les restes, ménageaient et utilisaient cette surabondance d’eau et la conduisaient dans les parties naturellement arides. Le Nahar-malka et le Pallakopas étaient les deux plus célèbres, le premier joignant l’Euphrate au Tigre, l’autre rejetant à la mer le trop plein de l’Euphrate par la rive droite. Maintenant le soleil de l’été dessèche seul une partie de ces lagunes malsaines, et brûle en même temps la végétation herbacée qui s’y