leur importance jusque sous les Séleucides et les Parthes : Babylone resta même une des capitales de l’empire des Perses. À plusieurs reprises elle tenta de reconquérir son indépendance : Cambyse dut réduire Bardés et un prétendu Nabuchodonosor ; Darius, Nidintabel, puis Arahou, qui se donnèrent comme fils de Nabonide ; en 508, encore sous Darius, Babylone secoua le joug pour vingt ans, mais fut reconquise et démantelée. Une nouvelle révolte la fit saccager par Xerxès. Alexandre voulait la reconstruire et en taire sa capitale ; mais la mort l’en empêcha. Séleucus Nicator reprit son projet, mais après un cour ! séjour dans cette ville, il bâtit non loin de là et sur le Tigre une nouvelle capitale, Séleucie. Plus tard, les Parthes en construisirent une troisième en tace de Séleucie et sur l’autre rive du Tigre, Ctésiphon. Bien que ruinée, saccagée, abandonnée par les nouveaux souverains, Babylone conserva encore les restes de ses temples, de sa religion, de. son antique civilisation, sa langue et jusqu’à son écriture cunéiforme, au delà même de l’ère chrétienne : on possède une inscription datée de l’an m de Pacorus, 81 ans après J. -C. Mais peu à peu la ville se dépeupla, elle tomba en ruines, et ces ruines, comme celles de toutes les vieilles cités chaldéennes qui l’entouraient, servirent de carrières et de matériaux de construction pour toutes les cités arabes qu’on éleva depuis dans ces régions. Le reste du pays demeura à l’abandon : les canaux se comblèrent, de sorte que le sable et les eaux stagnantes des marais couvrent maintenant en grande partie le territoire de l’empire chaldéen.
Soit directement, soit par l’intermédiaire de ses colonies, cet empire contribua-pour sa bonne part à la civilisation du monde occidental. Une famille de Chaldéens, sous la conduite de Tharé, vint se fixer en Palestine ; on sait quelle place à part tient dans l’histoire de l’humanité cette famille chaldéenne, qui devint le peuple juif. Dès cette époque du reste, la langue, l’écriture, et sans doute aussi les arts babyloniens, étaient déjà plus ou moins répandus dans l’Asie occidentale, Syrie, Palestine et Cappadoce. Les Assyriens, — autre colonie chaldéenne, — s’étaient chargés de les propager dans les contrées plus à l’est et au nord. Au point de vue scientifique, les bibliothèques de textes cunéiformes récemment exhumées montrent que les anciens n’avaient point exagéré en attribuant aux Chaldéens l’invention des sciences, mathématiques, astronomie et astrologie : c’est d’eux que nous viennent les anciennes mesures, la division actuelle du temps et de l’espace d’après le système sexagésimal.
L’emplacement de Babylone n’a jamais été ignoré, comme l’a été celui de Ninive : le Babil, le Birs-Nimroud, indiquent par leur nom seul que l’on a toujours reconnu dans ces gigantesques amas de décombres les restes de la vieille capitale. Au sud de Babylone, Niffar (Nippour), Warka (Arach), Senkeréh (Larsa), Mughéii (Ur), furent explorés dès 1849-1855, par les Anglais Loftus et Taylor. En 1851-1854, une expédition y fut envoyée par le gouvernement français, sous la conduite de M. J. Oppert, qui releva le plan de l’ancienne Babylone : la plupart des antiquités découvertes sombrèrent malheureusement dans le Tigre. En 1876, George Smith acheta pour le musée Britannique de Londres environ trois mille tablettes, les Egibi-tablets, provenant de Babylone, et fort utiles pour la chronologie. De 1879-1882, Hormuzd Rassam explora Abou-Habba (Sippara), la Sépharvaïm biblique, où il trouva le temple du Soleil et ses inestimables archives ; le palais de Nabonide, à Borsippa ; Tell -Ibrahim (Gutha). De 1875 à 1880, M. E. de Sarzec fouilla avec grand succès le site nommé actuellement Tell-Loh, l’ancienne Sirpourla ou LagaS, où il découvrit un palais, des statues, des inscriptions, etc., remontant à la plus haute antiquité. De 1884 à 1885, l’expédition américaine de Wolfe fouilla aussi la Chaldée ; et la ville de Niflar-Nippour fut explorée par Peters.
Voir, outre les auteurs cités col. 1109, W. K. Loftus, TraveU and Researches in Chaldma and Susiana, 1857 ; H. "Winckler, Geschichte Assyriens und Babyloniens, 1892 ; J. Menant, Babylone et la Chaldée, 1875 ; J. Oppert, Expédition en Mésopotamie, 1862 ; E. de Sarzec, Découvertes en Chaldée, Paris, 1884 et suiv. ; A. Amiaud, The Inscriptions of Telloh, dans les Records of the Past, newser., t. ietil ; Schrader, KeilinschriftlicheBibliothek,
t. iii, Berlin, 1800.
- BABYLONIEN##
BABYLONIEN (hébreu : bén Babel, « fils de Babylone », Ezech., xxiii, 15, 17, 23 ; ’aniëBâbél, « hommes de Babylone », 11 (IV) Reg., xvii, 30 ; Bablaï, I Esdr., iv, 9 ; BaéuXtovto ; , Baruch, vi, 1 ; Dan., Bel, xiv, 2, 22, 27), habitant de Babylone ou de la Babylonie, ou bien originaire de cette ville et de ce pays. La Vulgate a traduit par Babylonien le nom de Babil ou Babjlone que porte le texte original, IV Reg., xx, 12.
BACA (Vallée de) (hébreu : ’Êméq habbâkâ’; Septante : r » |v xot^âSa toû xXau9|j.ûvoc ; Vulgate : Vallis lacrymarum), vallée par laquelle le poète sacré voit en esprit passer les pèlerins qui se rendent à la sainte montagne de Sion. Ps. lxxxiii (hébreu, lxxxiv), 7. Ce texte est assez obscur, et l’on se demande s’il faut faire de Bâkâ’un nom propre ou un nom commun. Gesenius, Thésaurus lingux hebr., p. 205, rattache ce mot à la racine inusitée s « 3, bâkâ’, identique à nss, bâkâh, « pleurer, » et traduit’Êméq habbâkâ’par « vallée des pleurs ». Il n’admet pas cependant le sentiment des interprètes qui voient ici une vallée de deuil en général : l’article défini placé devant Bâkâ’indique une vallée spéciale, et donne à l’expression’Êméq habbâkâ’le caractère d’un nom propre. À cette signification première de « pleurer » pourrait se joindre celle de l’arbre appelé baka. Certains auteurs, en effet, disent que >03, bâkâ’, a le sens de « dégoutter » ( comme
des larmes) ; d’où le nom pluriel d’nss, bekd’îm, employé
II Reg., v, 23, 24 ; I Par., xiv, 14, pour désigner un arbuste d’où découle un suc résineux semblable au baume..
Cet arbuste, appelé en arabe Sj, bakâ, aurait donné son nom à la vallée. Cf. F. Mûhlau et W. Volck, W. Gesenius’Handwôrterbuch ûber das Alte Testament, in-8°, Leipzig, 1890, p. 109 ; Fr. Delitzsch, Biblical commentary on the Psalms, trad. F. Bolton, 3 in-8°, Edimbourg, 1881, t. iii, p. 6 ; G. B. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 128, au mot Bâcha. Delitzsch, ouvr. cité, p. 5, refuse à’Êméq habbâkâ’la signification de « vallée de larmes », parce qu’en hébreu « pleurs » se dit >33, bekî, nsa, békéh, msa, bâkût, et non pas nds,
bâkâ’. D’un autre côté cependant il faut remarquer que toutes les anciennes versions, Septante, Vulgate, paraphrase chaldaïque, syriaque, arabe, ont rendu bâkâ’par un nom commun, et ont vu ici l’idée de pleurs, de deuil. « La Massore, ajoute Rosenmiiller, note que ce mot est écrit une fois avec aleph, lorsqu’il aurait dû être écrit avec hé final. On sait que ces deux lettres permutent souvent ; ainsi nsn, râfâh, II Reg., xxi, 16, 22, avec hé,
est écrit avec aleph, nst, râfâ’, dans le passage parallèle, I Par., xx, 4, 6, 8. » Scholia in Vêtus Testamentum, Psalmi, Leipzig, 1823, t. iii, p. 1467.
Si maintenant nous étudions le contexte, voici comment la strophe du Ps. lxxxiv doit se traduire d’après l’hébreu :
ꝟ. 6. Bienheureux l’homme (ou ceux) dont la force est en toi ;
Des routes ( sont) dans leur cœur. % 7. Passant par la vallée de Baka,
Ils la changent en un lieu de sources ; ꝟ. 8. La pluie ( la) couvre aussi de bénédictions*
Ils vont de force en force ;
Ils apparaissent devant Dieu dans Sion.