« après peu de jours. » Ici évidemment il s’agissait d’un autre baptême que celui de la régénération première ; il ne pouvait donc être question que de l’effusion du Saint-Esprit par la confirmation, effusion si abondante, que le Sauveur lui donne le nom générique de baptême. Aussi saint Pierre, rendant compte à Jérusalem de la mission qu’il venait de remplir auprès du centurion Corneille, rapproche dans sa pensée cette promesse du Seigneur et la descente du Saint-Esprit sur le soldat romain et sa famille, avant même qu’ils eussent été baptisés ; et il dit aux Apôtres émerveillés que c’est le souvenir de ces paroles du Maître qui l’a déterminé à conférer le baptême à ceux qui avaient reçu le même don qu’eux au cénacle. Act., xi, 16. Si nous réunissons ces divers témoignages, nous arrivons naturellement à trouver une trace de la confirmation dans les paroles de Jean-Baptiste au Jourdain, et surtout dans celles du Sauveur le jour de l’Ascension. Seulement les premières ont le caractère vague d’une prophétie lointaine ; les secondes équivalent à une promesse précise et immédiate, et forment le trait d’union entre l’Ascension et la Pentecôte. Mais ce n’est pas tout. La scène du Jourdain nous met sous les yeux l’action symbolique du baptême du Sauveur. Ici encore la confirmation nous apparaît au second plan. De même que l’action du Christ sanctifiant les eaux du fleuve au contact de son corps divin équivaut ou du moins prélude éloquemment à l’institution du baptême ; de même aussi la colombe descendant sur le chef sacré du Messie, après qu’il fut sorti des eaux, exprime, au témoignage de saint Thomas, Summ. theol., iii, q. 72, a. i, ad 4, la plénitude de la grâce, et partant préfigure le sacrement qui la confère, la confirmation. C’est pourquoi la colombe ne descendit sur le Messie qu’à la sortie du Jourdain, pour marquer que la plénitude de la grâce, conférée par la confirmation, vient se surajouter au baptême, en vertu d’un sacrement qui ne peut être administré qu’après celui de la régénération. Matth., iii, 16 ; Marc, i, 10 ; Luc, iii, 21. »
Cette doctrine a été développée par les saints Pères, et en particulier par saint Cyrille de Jérusalem, dans la Catéchèse qu’il consacra à la confirmation. Catech. mystag., iii, 2, Patr. gr., t. xxxiii, col. 1087, 1890, et par saint Optat de Miléve, Contra Donat., vers la fin du livre IV, Patr. lat., t. xi, col. 1039 et suiv.
Dom Janssens voit aussi un rapprochement entre le baptême et la confirmation dans le discours à Nicodème. Joa., iii. « Ici encore, dit-il (La confirmation, p. 50), nous trouvons dans le même ordre d’abord un endroit qui parle ouvertement du baptême : « Si quelqu’un ne renaît de l’eau et de l’Esprit-Saint, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ; » et puis, à trois versets d’intervalle, un autre passage où l’on peut voir une allusion à la Pentecôte, et partant à la confirmation. Le Christ veut faire comprendre à Nicodème que la naissance spirituelle est tout autre que la naissance corporelle. « L’Esprit, dit le Sauveur, souffle où il veut, et vous entendez sa voix ; mais vous ne savez ni d’où il vient ni où il va, ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit. » Si le baptême de feu dont parlait Jean-Baptiste nous reportait naturellement à la pluie de feu qui eut lieu au Cénacle, comment ne pas songer ici à cette tempête qui fondit sur la même enceinte, « lorsque soudain on entendit un son comme d’un vent violent qui s’abat et qui remplit toute la demeure ? » Act., ii, 2. La foule, qui l’entendit du dehors, accourut, ne sachant d’où ce souffle venait ni où il allait, et elle contempla le groupe des Apôtres et des disciples débordant de la plénitude du Saint-Esprit. »
2o L’eau du baptême doit être appliquée (matière prochaine) par ablution, c’est-à-dire soit par immersion, soit par infusion, soit par aspersion.
« La plupart des
liturgistes, dit l’abbé Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, t. i, p. 223, admettent d’une manière
générale :
En cours
1o qu’il y eut immersion totale depuis les
temps évangéliques jusqu’au xrve siècle environ ;
2o que
du xme au xve siècle on employa l’immersion partielle
du corps (dont la partie inférieure séjourna seule dans
l’eau), avec infusion sur la tête ;
3o qu"à partir du XVe siècle
l’infusion seule remplaça l’infusion accompagnée d’immersion. » Mais le savant auteur, se fondant sur l’étude
des anciens baptistères et des représentations de baptêmes,
trouve cette classification trop absolue, et il établit par
des preuves qui paraissent très solides les conclusions suivantes
(ibid., p. 248) : « En Orient, dans les premiers
siècles, submersion totale dans les fleuves et probablement
dans les baptistères, sans exclusion toutefois de
l’immersion mêlée d’infusion, qui a été conservée jusqu’à
nos jours dans presque toutes les contrées orientales. —
En Occident, du IVe au vin 6 siècle, immersion partielle
dans les baptistères, avec addition d’infusion. — Du
vine au XIe siècle, immersion verticale et complète des
enfants dans les cuves. À cette époque et dans tout le
cours du moyen âge, procédés divers pour le baptême
des adultes, qu’il n’était pas possible d’immerger dans
le bassin des fonts..— Du xie au xm" siècle, immersion
horizontale et complète dans les cuves. — Aux xme et
XIVe siècles, tantôt immersion complète, tantôt immersion
partielle accompagnée d’infusion ; rarement infusion
seule. — xve et xvie siècles : rarement immersion complète ;
parfois immersion avec infusion ; le plus souvent
infusion seule. — XVIIe et xviiie siècles : règne de l’infusion
seule ; immersion conservée jusqu’à nos jours dans
les rites mozarabe et ambrosien ; rétablissement de l’immersion
dans quelques sectes religieuses. — xixe siècle,
progrès rapide de l’immersion dans diverses communions
religieuses, surtout en Amérique et en Angleterre. »
Pour l’aspersion, qui ne diffère de l’infusion que parce qu’elle se fait en jetant le liquide au lieu de le laisser couler, elle n’est valide qu’autant que l’eau jetée atteint le baptisé, et elle n’a jamais été pratiquée que dans des circonstances exceptionnelles.
Le passage de l’Écriture Sainte qui nous donne les indications les plus précises sur le mode baptismal des temps évangéliques est le récit du baptême de l’eunuque de la reine Candace par le diacre Philippe. Le livre des Actes des Apôtres, viii, 38, 39, porte : « Tous deux, Philippe et l’eunuque, descendirent dans l’eau, et il le baptisa ; et après qu’ils furent remontés de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe. » On a prétendu que l’eunuque baptisé n’avait pu être immergé dans l’eau, à cause du peu de profondeur de la fontaine de Philippe ; mais cette induction est sans fondement, car on ne sait point avec certitude l’emplacement de cette fontaine, et alors même qu’elle aurait aujourd’hui peu de profondeur, il ne s’ensuivrait pas qu’il en était de même au Ier siècle. Le texte des Actes dit expressément que le baptisant et le baptisé descendirent tous deux dans l’eau, et qu’ils en remontèrent après le baptême. Cela prouve que le baptême fut donné par immersion. Les manières de parler de l’Écriture et des premiers Pères laissent entendre d’ailleurs que ce sacrement se conférait alors habituellement par immersion complète. Ce n’est, en effet, que par une immersion complète qu’on est enseveli dans l’eau et qu’on en renaît. Or saint Paul, Rom., vi, 4, rappelle aux chrétiens qu’ils ont été ensevelis par le baptême, et Jésus-Christ enseigne à Nicodème, Joa., iii, 5, qu’il faut renaître de l’eau et du Saint-Esprit pour entrer dans le royaume des cieux. Du reste, un grand nombre de témoignages des premiers siècles établissent que le baptisé était alors plongé tout entier dans l’eau.
Cependant il y a lieu de penser que dès les origines du Christianisme on pratiqua le baptême par immersion accompagnée d’infusion. Le baptisé était plongé dans l’eau jusqu’à mi-corps ou jusqu’à mi-jambes, et le baptisant lui versait de l’eau sur la tête. Il reste de très anciennes représentations du baptême de Jésus-Christ par saint Jean ; or toutes nous montrent le Sauveur la tête et