table, et attaque même l’homme sans provocation. Les Égyptiens le chassaient du haut de forts bateaux ; ils commençaient par le fatiguer par leur poursuite et les traits qu’ils lui lançaient, l’acculaient au rivage, et à l’aide de javelines et de longues lances le blessaient aux endroits vulnérables de la tête. Cette chasse ne laissait pas que d’être fort dangereuse (fig.473). Les hippopotames se rencontrent encore par bandes dans les fleuves du centre et du sud de l’Afrique. Ils ont disparu de l’Europe et de l’Asie, où l’on ne trouve leurs restes que dans les couches fossiles de l’époque quaternaire. Voici la description que l’auteur de Job fait de l’hippopotame :
Vois Béhémoth, que j’ai fait comme toi : Il mange l’herbe ainsi que le bœuf.
Sa force est dans ses reins,
Et sa vigueur dans le milieu de son ventre. Il dresse sa queue comme un cèdre,
Les nerfs de ses cuisses sont durs comme un faisceau. Ses os sont comme des tubes d’airain, Et ses côtes comme des barres de fer. Il est le chef-d’œuvre de Dieu,
Et son créateur dirige son glaive.
Les montagnes lui fournissent l’herbage, Au lieu où s’ébattent tous les animaux des champs. Il se couche à l’ombre de3 lotus,
Dans l’épaisseur des roseaux et des marais. Les lotus lui procurent l’ombrage,
Et les saules du fleuve l’environnent. Que le fleuve le submerge, il ne s’en épouvante pas ; . Le Jourdain déborderait sur sa face, qu’il ne s’émeuvrait pas. Qu’on le prenne donc en face avec l’hameçon, Qu’on lui perce les narines avec des liens !
Job, xl, 15-24 (10-19).
Tous ces traits conviennent parfaitement â l’hippopotame, tel que le décrivent les naturalistes. Il est herbivore, par conséquent « mange l’herbe comme le bœuf » ; les montagnes, c’est-à-dire les collines qui bordent les fleuves, « lui fournissent l’herbage, » et « les animaux des champs s’ébattent » sans danger autour de lui, parce qu’ils n’ont pas à craindre d’être dévorés, et que, malgré ses fureurs, l’hippopotame a l’allure-trop pesante pour les atteindre. Il est amphibie, par conséquent habite au bord des eaux et ne redoute point l’invasion des flots. Il est d’une vigueur extraordinaire : ses os, ses muscles, sa queue qui est courte, mais qui est solide « comme un cèdre », ses dents tranchantes qui sont comme « son glaive », sa forme trapue, tout en lui révèle une force merveilleuse. Aussi est-il un chef-d’œuvre de la puissance divine. Mais l’homme ne peut le prendre en face, ni le domestiquer, en lui perçant les narines, comme il le fait pour les animaux qu’il convertit à son usage. On voit que la plupart de ces traits ne conviennent pas à l’éléphant. .
L’auteur de Job n’a point tracé ce portrait uniquement pour embellir son œuvre. Il veut tirer de là un argument important, indiqué par la place même que ce morceau occupe dans le livre. Dieu est intervenu pour réduire Job et les autres discoureurs au silence, en leur montrant que les œuvres de sa puissance écrasent l’homme par leur incomparable supériorité. Voici béhémoth, un colossal et vigoureux animal, . qui n’est qu’une créature de Dieu. L’homme ne peut s’en emparer, ni le plier à son service, et il voudrait se mesurer avec le Créateur, soutenir en face sa présence et l’avoir comme à sa merci ! — Voir L. W. Baker, Wild Beasts and thèir ways, 2 in-8°,
Londres, 1890, t. ii, p. 1-23.
BÉKA, BÉQA, mot hébreu, ypa, béqa’, signifiant, d’après la racine dont il dérive, une chose « fendue, coupée en deux », et désignant un poids d’un demi-sicle, comme nous l’apprend expressément l’Exode, xxxviii, 26 (texte hébreu). Le béqa’se subdivisait lui-même en dix géràh. Exod., xxx, 13. Voir Sicle et Gérah. Le sicle était l’unité de poids chez les Hébreux ; il équivalait environ
à 14 grammes 20 ; le béqa 1 valait donc 7 grammes 10. Il est mentionné seulement dans deux passages du Pentateuque. Le nézéni ou pendant de nez qu’Eliézer offrit à Rébecca pesait un béqa’. Gen., xxiv, 22 (Vulgate : siclos duos, au heu d’un demi-sicle ; Septante : 8pa-/u.-n ; ils rendent souvent sicle par oï8paxii.ov ou double drachme). Chacun des Israélites qui fut dénombré dans le désert du Sinaï dut payer un demi-sicle, niahâslf haSséqél. Exod., xxx, 13. Nous voyons, en effet, plus loin, Exod., xxxviii, 26 (texte hébreu), que le poids total de l’argent qui fut offert par les Israélites pour la fabrication des objets du culte correspondit exactement à un béqa’par tête. Voir Poids.
F. VlGOUROUX.
- BEKKER Dalthasar##
BEKKER Dalthasar, théologien protestant des Pays-Bas, né le 30 mars 1634 dans la Frise, mort le Il juin 1698. Il fut quelque temps recteur dans sa patrie, puis prédicateur à Franeker, et plus tard, en 1679, ministre à Amsterdam. C’était un fougueux partisan du cartésianisme, et il devint rationaliste et socinien. Il est surtout connu par De betooverde Wereld (Le monde enchanté), en quatre livres, Amsterdam, 1691-1693 ; traduit en français, 4 in-12, Amsterdam, 1694 ; en allemand s par Schwager, Amsterdam, 1693 ; nouvelle édition, par Semler, 3 in-8°, Leipzig, 1781. L’auteur prétend que le démon ne tente pas les hommes et ne leur inspire pas de mauvaises pensées, qu’il n’y ar ni magie, ni sorcellerie, ni possession. Il explique naturellement la tentation de Notre - Seigneur dans le désert ; les possédés de l’Évangile n’étaient que des. malades, etc. Cet ouvrage fit scandale. Après la publication des deux premiers livres, Bekker fut déféré au consistoire d’Amsterdam et d’abord suspendu, ensuite déposé du ministère pastoral par sentence du 30 juillet 1690. Il se retira dans la Frise, où il publia les deux derniers livres de son Monde enchanté, Il fut combattu par un grand nombre de savants, Jean van den Bayen, Pierre Mastricht, Melchior Leydecker, Jean Marb, Eberhard van der Hooght, Jakob Kôlmann. — On a aussi de Bekker Explicatio prophétise Danielis, in-4°, Amsterdam, 1688. — Sa vie a été écrite par Sehwabe, Copen-hague, 1780.
BEL (hébreu : Bel ; Septante : BrjX et BfjXoc), dieu babylonien. Son nom ne diffère pas de celui de Baal, le grand dieu chananéen : c’est la forme assyrienne du même mot, Bî’lu, avec la même signification de « maître ou seigneur ». Mais ce nom, identique par l’origine, ne représente pas le même dieu dans les deux pays : Baal est un dieu solaire dans la religion phénicienne ; Bel n’a pas ce caractère dans la religion chaldéo-assyrienne, contrairement à ce qu’on croyait avant les découvertes assyriologiques, et à ce qu’a soutenu récemment encore M. Wolf Baudissin, dans Herzog, BealEncgklopâdie, 2 S édit., t. ii, 1878, p. 36. Le nom de Bî’lu s’applique à deux divinités distinctes dans la région de l’Euphrate et du Tigre, et aucunede ces deux divinités n’est le soleil, comme le prouvent de nombreux textes, et en particulier un texte rituel, Cuneif. Inscript., t. IV, pi. 25, col. ii, 1. 29, où on lit : « Trois victimes à Bel, à Samas (le soleil) et à (Bel) Mérodach, tu dois sacrifier. » Les anciens avaient déjà distingué deux Bel : Hsec est genesis séries : Jupiter, Epaphus, Belus priscus, Agenor, Phœniæ, Belus minor, qui et Methres, dit Servius, In JEneid., i, 642 ; cf. i, 343 ; Comment, in Virgil., Gœttingue, 1726, t. i, p. 99, 65. Voir d’autres passages dans F. C. Movers, Die Phbnizier, t. i, 1841, p. 186-187, 236 ; H. Estienne, Thésaurus grmcœ linguse, édit. Didot, t. ii, col. 228, 229 ; V. De -Vit, Onomasticon totius latinitatis, t. i, 1877, p. 702. Mais les renseignements des classiques grecs et latins sont vagues et confus ; ils font même de Bel le fondateur de l’empire assyrien et de la monarchie babylonienne, en même temps qu’une divinité. Voir Roscher, Lexicon der griechischen und rômischen Mythologie, t. i, p. 778-779. Les documents cunéiformes nous fournissent, au contraire, des