dit le moine grec Phocas (1187), par Manuel Comnène. « À deux jets de flèche coule le Jourdain. Près du rivage, à un jet de pierre, est un édificeélevé sur une quadruple voûte (Ècm TETporaXsupov 00).wt6v), autour duquel coulait auparavant le Jourdain, et où descendit nu celui qui revêt les cieux de nuages… En face du temple du Baptême s’aperçoivent des touffes d’arbres, où se trouve la caverne. du Précurseur… » J. Phocas, Descript. Terrée Sanctss, Patr. gr.,-t. cxxxiii, col. 952 et 953 ; Acta sanctorum, maii t. ii, p. vi et vu. Les pèlerins ne cessèrent point de venir en grand nombre visiter les rives du fleuve sacré. Théodoric (vers 1170) vit un soir, près de Jéricho, plus de soixante mille personnes, la plupart avec des flambeaux allumés à la main, se dirigeant vers le Jourdain. Libellus de Lotis Sanctis, xxx, édit. Tobler, p. 73. Après que le pays fut retombé aux mains des Turcs, Thietmar, en 1217, vit encore, au jour de l’Epiphanie, apporter les enfants de très loin pour les baptiser là où le Christ l’avait été. 2e édit. Laurent, p. 32. En 1309, le P. Ricoldi, iîtra., édit. Laurent, p. 109, y rencontre plus de dix mille hommes venant à l’immersion et au baptême, en chantant Kyrie eleison. Dès cette époque, l'église du lieu du baptême, que Villebrand d’Oldenburg signalait, en 1212, comme à moitié détruite [Peregr., édit. Laurent, p. 189), semble avoir disparu. Thietmar, Ernoul, Burckard du Mont-Sion, Ludolphe de Sudheim, ne citent plus que le monastère de Saint -Jean et son église ; il était toujours occupé par des moines grecs. En 1480, le P. Fabri trouve parqués dans l’une et l’autre des Arabes musulmans. En 1522, Salignac y retrouve les religieux de saint Basile. En 1552, les pèlerins latins allaient encore prier dans l'église du monastère, et visitaient le Jourdain à deux milles environ du couvent, vers le nord-est. L'église du Baptême n'était plus connue, puisque l’on croyait qu’elle n'était autre que celle de SaintJean, dont le Jourdain s'était éloigné. Boniface de Raguse, De perenni Cultu T. S., 1875, p. 20, 240 et 241 ; Zuallard en 1582 (1. IV, c. vu) ; Cotovic en 1592 (llin., 1. II, c. xvii) ; Quaresmius en 1630 (T. S. Elucidatio, 1. VI, p. vi, c. vi), trouvent le monastère de Saint-Jean et son église en ruines, et la prennent, comme le P. Boniface, pou r l'église du Baptême. Cf. P. Federlin, dans la Terre-Sainte, 1902, p. 166. III. Identification et état actuel. — En 1881, à l’est, en face de Jéricho, un peu vers le sud, à deux kilomètres au nord de l’embouchure de l’ouadi Kelt et du gué d’Hadjelah, sur le bord du plateau qui domine le ravin où coule le Jourdain, on remarquait une grande ruine carrée affectant la iorme d’un castel bâti de pierres de taille, marquées çà et là de caractères grecs et de croix tracées par les pèlerins. On voyait au centre une grande salle peu élevée, à voûtes en plein cintre, se terminant à l’est par une abside. Cachés sous les décombres, se trouvaient les restes d’un pavement en mosaïque, aux alentours des chambres dont les voûtes étaient en partie écroulées. Sur la salle du milieu on pouvait encore constater, par les bases des piliers et la disposition des murs, qu’il y avait eu là jadis une église d’assez vastes proportions. Tout indiquait une construction pouvant remonter au ve siècle, certainement antérieure aux croisés. Les musulmans l’appelaient Qasr el-Yahoud, « le château des Juifs ; » les chrétiens, Deir Mar-Hanna, « le couvent de Saint-Jean ; » les Grecs, ô IIp68po|jioç, « le Précurseur. » Personne ne doutait que ce ne fussent les débris de l’antique monastère de Saint - Jean et de son église. Cf. V. Guérin, Description de la Palestine, Samarie, t. i, p. 111-116 ; Bædeker, Palestine et Syrie, p. 280 ; Fahrngruber, Nach Jérusalem, 1™ édit., p. 296, etc. En 1882, l'église a été relevée, le couvent et les hospices, rétablis sur les restes anciens. À moins d’un kilomètre du couvent, à cinquante pas environ de la rive orientale du Jourdain, on peut voir un canal de trois mètres de profondeur et quatre à peu prés de largeur. Il se détache du fleuve plus haut et vient le rejoindre à la hauteur du couvent de Saint-Jean. Pen dant l’hiver l’eau y passe encore, mais peu profonde ; il est à sec pendant l'été. Sur le flanc oriental de la berge de ce canal, on remarque, descendant au fond, deux voûtes cintrées de pierres de bel appareil, juxtaposées. Des pierres gisant à côté paraissent attester qu’il y en a eu d’autres. Au sud de ces voûtes, dans le lit du canal et sur ses bords, sont divers pans de murailles semblant avoir appartenu à des chambres donnant sur l’eau. Près des voûtes, le petit plateau qui les domine est couvert de pierres taillées. Dessous, assurent les gardiens du couvent du Précurseur, est un beau pavé de mosaïque. Ici encore tout dénonce le IVe ou le ve siècle. Ces restes sont à sept kilomètres (cinq milles) au nord de l’embouchure du Jourdain. À moins d’un kilomètre vers l’orient, oh aperçoit un bouquet d’arbres, de broussailles et de roseaux touffus. Au milieu court un petit ruisseau formé par une source nommée Aïn-Kharrar. Dans les parois du ravin creusé par les eaux, s’ouvrent plusieurs grottes assez spacieuses. Des moines grecs sont venus depuis peu s’y établir, pour y mener la vie érémitique. Ils croient que là saint Jean habitait. C’est à une demi-heure de route, au sud-est, qu’est le Khirbet "Arabéh. La nature des lieux, les distances, les caractères des ruines, tout est trop bien la reproduction des descriptions de la tradition pour que l’on puisse hésiter et se méprendre : les débris sur les bords du petit canal sont ceux du monument élevé par Anastase, sur le lieu vénéré que l’antiquité chrétienne croyait être celui où le Seigneur était venu et avait été baptisé par saint Jean. Pour révoquer en doute le témoignage d’Origène, de saint Jérôme et de tous les autres, on en a appelé au passage de l'Évangile, Joa., ii, 1, où il est dit, après le récit du baptême, que le troisième jour le Seigneur assistait aux noces de Cana, en Galilée, ce qui n’est pas possible s’il s’agit de s’y rendre du Jourdain vis-à-vis de Jéricho. Il est à observer qu’après le baptême l'évangéliste raconte plusieurs faits intermédiaires, que « le troisième jour » doit naturellement se rapporter au dernier fait, l’appel de Nathanaël. Si les anciens Pères, ont désigné cet endroit, ils avaient assurément leurs raisons, sans doute une tradition positive et certaine. L. Heidet.
- BÉTHACAD##
BÉTHACAD (hébreu : Bel 'êqéd [hârô'îm], « maison du rassemblement [des bergers] ; » Septante : Ba16âxa6 ; Codex Alexandrinus : Ba16axâS). La Vulgate traduit ce mot comme un nom commun : Caméra pastorum.* « Quand [Jéhu] fut arrivé à une cabane de bergers [Bêt 'êqéd hârô'tm], sur son chemin [de Jezraël à Samarie], il trouva les frères d’Ochozias, roi de Juda, et il leur demanda : Qui êtes-vous ? Et ils répondirent : Nous sommes les frères d’Ochozias, et nous sommes descendus pour saluer les fils du roi et les fils de la reine. Et Jéhu dit ; Prenez-les vivants. Et lorsqu’ils les eurent pris vivants, ils les égorgèrent à côté d’une citerne, près de la cabane [Bêt 'êqéd]., au nombre de quarante - deux hommes, et il n’en resta pas un seul. » IV Reg., x, 12-14. Les Septante ont vu dans le Béthéked hébreu un nom propre désignant une localité, et ils le transcrivent chaque fois Baithacad. Cette manière de comprendre le texte original parait la mieux fondée. Eusèbe et saint Jérôme, Liber de situ et loc. heb., t. xxiii, col. 884, la confirment, en nous apprenant qu’il y avait en effet dans la plaine d’Esdrelon, entre Jezraël et Samarie, à quinze milles romains de la ville de Legio (Ledjoun), un village appelé Béthacad. Il subsiste encore aujourd’hui, sous le nom de àU civaj Beit-Kâd. The Survey of Western Palestine, Memoirs, ' Samaria, t. ii, p. 83. Beit-Kâd est situé à deux heures de marche à l’est de Djénin, dans l’angle sudest de la plaine de Jezraël, au sud-ouest de Beîsàn. Il s'élève près de la plaine, au sommet d’un monticule dont les lianes sont percés de nombreuses citernes, les unes bâties en pierre, la plupartMaillées dans le roc vil. Les explorateurs anglais y signalent une grande citerne ruinée. Le village actuel est environné d’une haie de cactus ; les maisons