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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/976

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1811

BLÉ

1812

BLE. — I. Description. — Herbe annuelle, de la famille des graminées, appelée par les botanistes Triticum sativum ou Triticum vulgare. Elle a ses tiges ou chaumes creuses à l’intérieur ; ses feuilles sont planes, étroites, allongées, rugueuses, ses fleurs réunies en épi droit, presque à quatre angles ; cet épi se compose d’autres petits épis ou épillets densément serrés les uns contre les autres et portés sur un axe résistant, non fragile ; le fruit ou grain est oblong, jaunâtre, creusé d’un sillon

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640. — Triticum salivum.

longitudinal sur l’une de ses faces, arrondi et un peu bombé sur l’autre, plus ou moins aminci aux deux extrémités ; il est finement duveté au sommet ; convenablement moulu, il donne la farine employée à fabriquer le pain. Le Triticum sativum (fig. 549) est l’espèce qu’on sème le plus communément et que tout le monde connaît. Elle présente deux variétés principales quant à la nature de l’épi : à arêtes dans l’une, c’est le froment vulgaire, le plus répandu ; sans arêtes dans l’autre, c’est le froment sans barbe, qui semblerait rendre davantage, mais dont le grain vaut peut-être moins. Voir N. Host, Icônes et descriptiones graminum austriacorum, 4 in-f°, Vienne, 1801-1809, t. iii, pi. 26, p 18.

Outre les deux variétés de froment décrites plus haut, il en existe plusieurs centaines d’autres cultivées sur différents points du globe. Parmi les espèces botaniques les plus répandues et connues de toute antiquité, il convient de citer : — 1° Le gros blé (Triticum turgidum), qui se rapproche beaucoup de l’espèce vulgaire, mais s’en distingue par son épi renflé, penché, exactement quadrangulaire, par sa paille plus grosse et son grain plus abondant en son (fig. 550). Voir N. Host, Icônes, pi. 28, p. 19.

— 2° Le blé de Smyrne [Triticum compositum), nommé aussi blé d’abondance, blé-miracle, très remarquable

par son épi volumineux, ramifié à la base, mais plussingulier que vraiment estimable (fig. 551). N. Host t Icônes, pi. 27, p. 19. — 3° Vépeautre (Triticum speita), dont le grain adhère à l’enveloppe florale comme dans l’orge et l’avoine, et donne une excellente farine. N. Host, Icônes, pi. 30, p. 21. — 4° Le petit épeautre ou Locular ( Triticum monbcoccum), dont les grains sont petits et l’épi floral étroit. N. Host, Icônes, pi. 32. — 5° Enfin le blé dur (Triticum durum), espèce cultivée en Syrie, en Egypte et

dans tout le nord de l’A frique ; c’est elle qui est employée presque exclusive ment à la confection des

pâtes sèches alimentaires. —

Toutes ces espèces de blé

se cultivaient autrefois en

Palestine, du temps des Is raélites ; sous le nom de « blé », indiqué par la Bible,

on doit donc comprendre les

espèces énumérées ci-des sus. Voir A. R v Delisle, Des cription de Y Egypte, in-f°,

Paris, t. ii, p. 177-178, pi. 14 ; J. W. Krause, Abbïldung

und Beschreibung aller bis

jetzt bekannten Getreidear ten, in-f, Leipzig, 1834 1837 ; Id., Dos Getreidebuch,

in-8°, Leipzig, 1840 ; Vil morin -Andrieux, Les meil leurs blés, in-8°, Paris, 1881.

De tous les végétaux que

la Providence a donnés à

l’homme, Gen., i, 11, 29, le

froment ou blé par excel lence est celui qui lui four nit le mieux ce pain que sa

bonté lui a promis, mais qu’il

ne doit manger qu’à la sueur

de son front. Gen., iii, 19.

Essentiellement fait pour ses besoins, il peut mieux que toute autre plante prospérer et croître dans les climats qu’il peut habiter ; mais il demande partout son industrie et l’assiduité de ses travaux, Gen., iii, 17, 23 ; pour que la terre nous le donne, il faut chaque année la tourmenter, pour ainsi dire, et déchirer son sein. Cependant aucun végétal, sous un même volume, n’est aussi nutritif ; aucun ne se conserve plus aisément et plus longtemps, aucun ne plaît plus à tous les goûts. Mais quelle est la véritable patrie du blé ?

L’origine du froment se perd dans la nuit des siècles.. Un des plus anciens historiens, Bérose, prêtre de la Chaldée, dit que cette plante précieuse croissait à l’état sauvage en Babylonie (çùeiv Se… nvpoùç « ypi’ouç). Fragm., i, 2, dans les Historicorum greecorum Fragmenta, édit. Didot, t. ii, p. 196. Un célèbre voyageur du commencement de ce siècle, G.- A. Olivier, écrit dans son Voyage dans l’empire othoman, Paris, 1807, t. iii, p. 460 : « Nous trouvâmes, près du camp [à Anah, sur l’Euphrate], dans une sorte de ravin, le froment, l’orge et l’épeautre, que nous avions déjà vus plusieurs fois en Mésopotamie. » D’autres auteurs anciens ont dit qu’on trouvait le blé sauvage dans la vallée du Jourdain, près de Bethsan, et dans l’Inde. Strabon, xi, 7, 2, p. 436. « De tous ces témoignages, dit A. de Candolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1883, p. 286-288, il me paraît que ceux de Bérose et de Strabon, pour la Mésopotamie et l’Inde occidentale, sont les seuls ayant quelque valeur… Il est remarquable que deux assertions aient été données de l’indigénat, en Mésopotamie, à un intervalle de vingt-trois siècles, l’une jadis par Bérose, et l’autre de nos

550. — Triticum turgidum.