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DICTIONNAIRE
DE LA BIBLE

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C. Voir Caph. CAATH (hébreu : Qehât ; une fois, Num., iii, 19, Q̣̣ŏhât ; Septante : Κάθ et Καάθ), le second des trois fils de Lévi. Exod., vi, 16 ; Num., iii, 17. Il était né dans la terre de Chanaan, avant le départ de Jacob et de sa famille pour l’Egypte. Gen., xlvi, 11. Il mourut dans le pays de Gessen, à l’âge de cent trente-trois ans. Exod., vi, 18. L’Écriture nous apprend qu’il eut quatre fils : Amram, Jésaar, Hébron et Oziel, les pères des quatre grandes familles des Amramites, des Jésaarites, des Hébronites et des Oziélites. Num., iii, 27. Voir Caathites. — D’après Exod., VI, 18-20 ; Num., xxvi, 58-59 ; I Par., vi, 1 ; xxiii, 12-13, Caath est le père d’Amram et le grand-père d’Aaron et de Moïse ; il ne serait donc séparé de ces deux derniers que par une seule génération. Mais cette conclusion, qui découle des termes du récit sacré pris dans leur rigueur, soulève deux difficultés des plus sérieuses. — 1° La première se tire de l’impossibilité de remplir, avec les seules générations énumérées dans l’Exode, vi, 18-20, l’intervalle des quatre cent trente ans qu’aurait duré le séjour d’Israël en Egypte, Exode, xii, 40, selon l’hébreu, la Vulgate et le syriaque. Cf. Gen., xv, 13-16 ; Act., vii, 6-7 ; Judith, v, 9 ; Gal., iii, 17. Il est vrai que beaucoup de commentateurs, s’appuyant sur d’autres versions d’Exode, xii, 40, et interprétant différemment les autres textes, réduisent cet intervalle à deux cent quinze ans, et font ainsi disparaître la difficulté sur le terrain de l’exégèse ; mais elle reparaît, et avec plus de force, sur celui de l’égyptologie. D’après les résultats déjà acquis dans cette science, il paraît impossible d’assigner au séjour des Hébreux en Egypte une durée inférieure à celle de quatre cent trente ans ; et si jamais cette impossibilité est scientifiquement établie, il faudra nécessairement admettre que de Caath à Moïse il y a des générations omises dans la liste généalogique d’Exode, VI, 16-20 ; Num., xxvi, 57-59. Voir J. Brucker, Chronologie des premiers âges, dans la Controverse, mars 1886, p. 388 ; septembre 1886, p. 101, et F. Robiou, ibid., octobre 1886, p. 299-300. — 2° L’autre raison de rejeter une parenté si rapprochée entre Caath et Moïse est fournie par le recensement opéré la seconde année après l’exode. On y voit figurer, Num., iii, 28, huit mille six cents descendants mâles de Caath, dont la postérité s’élevait ainsi, les femmes comprises, à environ dix-sept mille deux cents. Cependant Caath n’avait que quatre fils, comme il est dit, I Par., xxiii, 13, et comme cela ressort des diverses statistiques de la tribu de Lévi ; et les enfants de ces quatre fils vivaient encore à l’époque du recensement. Dans ces conditions, le chiffre de dix-sept mille deux cents descendants de Caath est tout à fait invraisemblable. Mais cette invraisemblance est particulièrement frappante dans la ligne d’Amram, dont la postérité devait comprendre le quart du total des Caathites, c’est-à-dire à peu près quatre mille trois cents. Or Amram n’eut que deux fils, Aaron et Moïse. Exod., vi, 20 ; Num., xxvi, 59 ; I Par., vi, 3. L’Écriture, qui ajoute même à leurs noms, contre son usage, le nom de « leur sœur Marie », Num., xxvi, 59 ; I Par., vi, 3, ne leur attribue nulle part d’autres frères. S’ils en avaient eu, nous les trouverions certainement rangés soit parmi les prêtres, avec Moïse et Aaron et les fils de ce dernier, cf. Ps. xcviii, 6, soit au moins parmi les lévites, comme le furent les fils de Moïse. I Par., xxiii, 14. Moïse, de son côté, n’avait au temps de l’exode que deux fils, Gersam et Éliézer, Exod., xviii, 3-4 ; ii, 22 ; I Par., xxiii, 15, et ces deux fils n’avaient très probablement pas encore d’enfants à cette époque. Exod., xviii, 3-4. Enfin Aaron n’a eu que quatre fils, Exod., vi, 23, etc. ; car, toute sa famille étant vouée au sacerdoce, nous ne voyons pas cependant que Dieu appelle à la consécration sacerdotale d’autres Aaronites que Nadab, Abiu, Éléazar et Ithamar, Exod., xxviii, 1 ; et lorsque les deux aînés ont péri en punition de leur sacrilège, l’Écriture ne nomme pas d’autres survivants qu’Éléazar et Ithamar. Lev., x, 1-2, 16. Ainsi la précision du texte biblique ne permet pas de supposer, à côté des personnages que nous venons de nommer, des collatéraux dont les descendants auraient été dénombrés avec ceux des Amramites mentionnés dans le récit. Nous n’avons donc, pour composer la postérité d’Amram, que ses deux fils, ses six petits-fils et les enfants, en nombre inconnu, mais évidemment fort restreint, de ces derniers. Qu’on ajoute la descendance féminine, et même, comme quelques-uns le veulent, un certain nombre de serviteurs ou d’étrangers affiliés, on restera toujours à une immense distance du chiffre de quatre mille trois cents Amramites. L’analogie conduirait aux mêmes conclusions pour les autres branches et, par suite, pour l’ensemble des Caathites. Il faut donc, à moins d’erreur dans les chiffres, admettre que Caath est, non le grand-père, mais

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