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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1002

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1925
1926
ESCLAVE


échappé, le marquait au rer rouge, et lui faisait mettre un collier, comme nous en mettons au cou des chiens, pour qu’on le ramenât à son maître. Fr. de Champagny, Les Césars, Paris, 1876, t. iv, p. 22. Mais en Palestine, comme partout, il devait arriver souvent que des esclaves s’échappaient de chez leurs maîtres. I Reg., xxv, 10. Sous Salomon, nous voyons Séméï courir après deux des siens de Jérusalem à Geth. III Reg., ii, 39, 40. L’interdiction de Tamener les esclaves fugitifs devait inspirer aux maîtres

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602. — Minerve surveillant le travail des esclaves.

Bas-relief trouvé a Capoue. D’après Holm, Deecke et Soltau,

Kulturgeschichte des Idassischen Alterthums, 1897, p. 327.

hébreux la pensée de les attacher à leur service par de bons traitements. La législation hébraïque était beaucoup plus humaine pour les esclaves que celle des autres peuples de l’antiquité, chez qui ils étaient souvent durement traités (fig. 602).

III. Les esclaves chez les Hébreux. — 1° Avant la captivité. — La présence des esclaves est souvent signalée par la Sainte Écriture chez les principaux personnages. A l’exemple des chefs étrangers, du roi de Moab en particulier, Jud., iii, 24, Gédéon a ses esclaves. Jud., vi, 27. Samuel prédit aux Israélites que le roi qu’ils se donneront voudra avoir des esclaves et au besoin s’emparera des leurs. I Reg., viii, 14-16. De fait, les esclaves abondent autour de Saùl, I Reg., xvi, 17 ; xviii, 22 ; de David, I Reg., xii, 18, 19 ; xiii, 31, 36 ; de Salomon, III Reg., x, 8 ; Eccle., ii, 7. Les esclaves de Salomon se joignent à ceux du roi de Tyr, Hiram, pour la construction du Temple. III Reg., v, 1-9 ; ix, 27 ; II Par., ii, 8. Ce prince a même pour le service du Temple une classe particulière d’esclaves dont nous voyons reparaître les descendants après la captivité. I Esdr., ii, 58. Voir Nathinéens. Ézéchias a des esclaves. IV Reg., xix, 5. Le cadavre de Josias est rapporté du champ de hataille de Mageddo par ses esclaves. IV Reg., xxiii, 30. Joas et Amon sont assassinés parleurs esclaves. IV Reg., xii, 20 ; xiv, 5 ; xxi, 23. — 2° Après la captivité. Sur les Juifs emmenés en esclavage par les Assyriens et les Chaldéens, voir col. 228, 3° ; 233, 2°. Raguel a des esclaves à Rages. Tob., viii, 11, 20. Esther, ii, 18 ; iii, 2, etc., vit au milieu des esclaves de la cour d’Assuérus. Durant la guerre des Machabées, il se fait un grand commerce d’esclaves juifs pris dans les combats. Quand l’armée syrienne de Nicanor pénètre en Judée, des marchands des pays voisins accourent de toutes parts pour acheter à bon compte des prisonniers qu’ils revendront comme esclaves. I Mach., iii, 41 ; II Mach., vm, 10, 11. Moïse avait prédit aux Israélites infidèles qu’un jour ils s’offriraient en vente à leurs ennemis, pour être esclaves, et qu’il ne se trouverait personne pour les acheter. Deut., xxviii, 68. La prophétie s’accomplit particulièrement à la suite du siège de Jérusalem par Titus. Il y eut en tout pendant la guerre quatre-vingtdix-sept mille prisonniers. On ne savait qu’en faire, après la prise de la ville. Ceux qui avaient plus de dix-sept ans

furent envoyés aux mines d’Egypte ou aux arènes des villes des provinces romaines. Ceux qui avaient moins de dix-sept ans furent vendus à l’encan pour être esclaves. Un très grand nombre d’autres périrent de faim ou de désespoir. Josèphe, Bell, jud., VI, ix, 2, 3. — 3° Esclaves remarquables. — La Sainte Écriture nomme ou signale quelques esclaves qui ont joué un rôle plus ou moins important : Agar, l’esclave égyptienne de Sara, Gen., xvi, 1 ; Éliézer, l’intendant des biens d’Abraham, Gen., xv, 2 ; Zelpha, esclave de Lia, fille de Laban, Gen., xxix, 24 ; Bala, esclave de Rachel, Gen., xxxv, 25 ; Doeg, l’esclave de Saûl, I Reg., xxii, 9 ; l’esclave égyptien qui conduit David contre les Amalécites, I Reg., xxx, 13-16 ; Siba, l’esclave de Saùl, qui renseigne David sur la descendance du feu roi, II Reg., iii, 2-11 ; Zambri, l’esclave (ou simplement le serviteur) du roi Éla, qui prend la place de son maître, III Reg., xvi, 9, 10 ; Giézi, l’esclave du prophète Elisée, IV Reg., v, 20-27 ; l’esclave juive gui indique à Naaman le Syrien le pouvoir du prophète Elisée, IV Reg., v, 2-4 ; Asaias, esclave du roi Josias, IV Reg., xxii, 12 ; Jéraa, esclave égyptien, qui devient la souche d’une famille juive, I Par., ii, 34 ; l’esclave qui accompagne Judith au camp d’Holopherne, Judith, viii, 32 ; x, 5 ; xiii, 11 ; celle qui soutient Esther en présence d’Assuérus, Esth., xv, 10 ; Tobias, esclave ammonite au service des satrapes perses. II Esdr., ii, 10, 19. Voir chacun de ces noms. — 4° Remarques bibliques sur les esclaves.

— La condition de l’esclave fait souvent l’objet du mépris. Goliath traite d’esclaves les soldats de Saùl. I Reg., xvii, 8. Nabal, époux d’Abigaïl, méprise David et les siens, comme des esclaves échappés à leurs maîtres, des gens venus on ne sait d’où. I Reg., xxv, 10, 11. Michol reproche à David de s’être découvert devant des esclaves pour danser en avant de l’arche. II Reg., vi, 20. Jérémie, n, 14, proteste parce que les ennemis veulent le traiter comme un esclave acheté ou né dans la maison. — La j vie de l’esclave au travail est pénible ; il soupire après l’ombre. Job, vii, 2. — Il ne faut pas accuser un bon esclave devant son maître, Prov., xxx, 10, ni lui causer

! de tort. Eccli, vii, 22. On doit, au contraire, l’aimer. Eccli., 

j vii, 23. — C’est un malheur que l’esclave ambitieux et | incapable vienne à commander et à régner. Prov., xix, 10 ; xxx, 2 ; Eccle., x, 7. L’indocile n’apprend rien de ce qu’on lui enseigne. Prov., xxix, 19. Le paresseux ne veut pas entendre parler de travail. Eccli., xxxvii, 14. À de tels esclaves conviennent les châtiments. Eccli., xxxiii, 27-30. IV. Les esclaves dans le Nouveau Testament. — Bien souvent nous traduisons en français SoïiXoç, servus, par « serviteur », parce que ceux qui portent ce nom dans les Evangiles remplissent des offices aujourd’hui dévolus aux serviteurs. En réalité, ces serviteurs sont presque toujours des esclaves proprement dits, hommes ou femmes de condition inférieure, mais s’élevant parfois, grâce à leur instruction et à leur savoir-faire, à une situation importante. — 1° Il faut donc regarder comme des esclaves le serviteur dont le centurion, son maître, demande la guérison à Notre-Seigneur, Matth., viii, 5-13 ; Luc, vii, 2-10 ; le serviteur du grand prêtre, Malchus, auquel saint Pierre coupe l’oreille, Matth., xxvi, 51 ; Marc, xiv, 47 ; Luc, xxii, 50 ; Joa., xviii, 10, 13, 26 ; les valets et les portières du palais de Caïphe, qui provoquent le reniement de saint Pierre, Matth., xxvi, 69, 71 ; Marc, xvi, 66, f19 ; Joa., xviii, 17, 18 ; cet Onésime dont saint Paul demande la grâce à Philémon. Philem., 8-21. — 2° Dans les paraboles, Notre-Seigneur parle souvent d’esclaves que le père de famille envoie faire la moisson, Matth., xm, 27, 28, ou la vendange, Matth., xxi, 34-36 ; Marc, xii, 2-4 ; Luc, xx, 10, 11 ; auxquels le maître demande leurs comptes, Matth., xviii, 23-32, ou confie de l’argent à faire valoir, Matth., xxv, 14-30 ; Luc, xix, 13-22 ; qui vont chercher les invités au festin, Matth., xxii, 3-10 ; Luc, xiv, 17-23 ; qui servent chez le père du prodigue. Luc, xv, 22-26. Notre-Seigneur daigne même esquisser