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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1056

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ÉTHIOPIENNE (VERSION) DE LA BIBLE — ETIENNE


nophysite, ni par conséquent aucun de ses frères en religion.

Pour conclure cette étude, nous dirons avec M. JDilImann, Vet. Testament, œthiop., t. v, Prsefatio, que la Bible éthiopienne, considérée au point de vue critique, n’est pas sans valeur, quoiqu’elle ne soit pas exempte de défauts. Quelles que soient les variantes de ses nombreux exemplaires et la jeunesse relative de ses manuscrits, — les plus anciens sont du xiile siècle, — elle nous offre le même intérêt, elle a pour nous à peu près le même prix que les copies grecques colportées en Egypte au ve et au vie siècle. Cf. Bachmann, Dodekapropheton œth., Heft i, p. 7. Et si l’on néglige les mille et une minuties de la critique verbale pour ne considérer que l’exactitude, la fidélité du sens, — ce qui est au fond la seule chose importante, — la valeur de la Bible ghe’ez est encore bien autrement grande. Nul doute qu’elle ne soit dans sa substance conforme aux textes grecs dont elle dérive. L. Méchineau.

    1. ETHNAN##

ETHNAN (hébreu : ’Étnân, « récompense » ; Septante : ’Ssvvwv ; Codex Alexandrinus : ’E0vxc(), descendant de Juda, un des fils qu’Assur, père de Thécua, eut de Halaa, une de ses femmes. I Par., iv, 5-7.

    1. ETHNARQUE##

ETHNARQUE, titre grec de dignité, èOvàp^Ç. qu’on donnait à celui qui était à la tête d’un peuple, mais qui n’avait pas les insignes et l’autorité d’un roi. C’est le nom qui est donné dans le texte grec à Simon Machabée, I Mach., xiv, 47 ; xv, 1, 2 ; cf. Josèphe, Ant.jud., XIII, vi, 6, et à celui qui gouvernait Damas, du temps de saint Paul, pour le roi Arétas. Il Cor., xi, 32. Dans I Mach., xiv, 47, et xv, 1, la Vulgate rend iOvàp^’» ) ? par princeps gentis ; I Mach., xv, 2, elle ne l’a pas traduit ; II Cor., xi, 32, elle l’explique par prsepositus gentis. — Archélaùs, fils d’Hérode le Grand, qui hérita d’une partie de ses États, en particulier de la Judée, Matth., ii, 22, ne reçut de l’empereur Auguste que le titre d’ethnarque, Josèphe, Bell, jud., II, vi, 3, et c’est celui qu’il porte sur ses monnaies. Voir Archélaùs, t. i, fig. 247, col. 927.

1. ETIENNE (ÏTÉcpavoç, « couronne ; » Vulgate : Stephanus ; probablement l’équivalent d’un nom hébreu ou araméen, d’après la tradition Keliel), premier diacre et premier martyr.

I. Son ministère comme diacre. — On croit communément que c’était un Juif helléniste. Il apparaît pour la première fois dans l’histoire de l’institution des diacres. Act., vi, 6. Les Juifs hellénistes fixés à Jérusalem formaient souvent des communautés distinctes de celles des Juifs parlant araméen. Ceux d’entre eux qui s’étaient convertis se plaignirent que leurs veuves étaient négligées dans les aumônes des fidèles. Il ne s’agit pas d’aumônes particulières, autrement le mal n’aurait pas été si facilement constaté. Sans accuser les Apôtres de négligence, on constate qu’il y avait, non un vice d’organisation, mais un service à créer, dans une administration nouvelle. Les Apôtres y pourvoient en nommant des diacres. L’imposition des mains qui leur est conférée à la suite d’une prière montre qu’ils reçoivent en même temps un pouvoir et une grâce. I Tim., iv, 14. L’antiquité chrétienne a considéré comme les premiers diacres les sept qui furent alors choisis, et cet office s’est perpétué dans chaque Église. Etienne était à leur tête, soit qu’il ait eu une véritable prééminence, soit qu’il paraisse le premier à cause du rôle qu’il allait jouer. Il était « plein de foi et de l’Esprit-Saint », Act., vi, 5, et se montra bientôt le coopérateur des Apôtres même dans la prédication. Son ministère s’exerça surtout au milieu des Juifs hellénistes, parmi lesquels les Apôtres avaient probablement moins d’accès ; ils semblent avoir appartenu à deux synagogues, dont l’une comprenait, outre les affranchis, les gens de Cyrène et d’Alexandrie ; l’autre,

ceux de Cilicie et d’Asie. Ces Juifs furent impuissants à lutter contre un homme également versé dans l’Écriture et la tradition judaïque, animé d’une conviction ardente, orné du don des miracles. Ils le dénoncèrent. Etienne fut conduit devant le sanhédrin, qui siégeait probablement alors dans la salle Gazith, située, d’après la Mischna, dans les grands édifices qui entouraient le Temple proprement dit, actuellement au sud-ouest de la mosquée d’Omar.

IL Son discours. — On a proposé les opinions les plus contradictoires au sujet du discours d’Etienne, chacun s’efforçant d’y trouver un sens unique, un thème qui en expliquât toutes les variations. Mais il est naturel de penser qu’Etienne a dû s’occuper des deux chefs d’accusation dirigés contre lui, savoir qu’il avait proféré des blasphèmes contre la Loi et contre le Temple, Act. r vi, 11, ’13-14, d’autant que c’étaient, d’après les témoins, les deux motifs ordinaires de sa prédication ; et on devait attendre de son tempérament, ardent à la lutte, qu’il ne se tiendrait pas sur la défensive, mais profiterait de cette circonstance solennelle pour faire une profession de foi en Jésus. Les Juifs croyaient le Temple indispensable au culte de Dieu, parce qu’on ne pouvait l’adorer que là, de telle sorte que l’action de Dieu y était, pour ainsi dire, liée. Etienne reprend toute l’histoire sainte depuis Abraham pour montrer comment Dieu a exercé ses miséricordes les plus choisies en tous lieux, en Chaldée, en Egypte, dans le pays de Madian comme dans le pays de Chanaan, et quand Dieu eut permit à David de lui élever un temple par les mains de son fils Salomon, Salomon lui-même, dans sa prière, a constaté qu’il ne pouvait renfermer Dieu. C’est incontestablement l’idée principale du discours. Mais Etienne y a greffé une autre pensée. En chemin il rencontre Moïse, qu’il était accusé de blasphémer. Il renchérit sur l’éloge qu’en faisaient les Saints Livres, il montre que ce sont les Juifs qui l’ont négligé, méconnu, comme tous les hommes de Dieu, et tandis que Moïse avait annoncé le Prophète, ils ont trahi et mis à mort le Juste promis par les prophètes. Est-il étonnant que cette pensée douloureuse ait donné alors une énergie véhémente à son apostrophe ? Act., vii, 51-53.

— Mais s’il y a comme un double sujet traité dans le discours, l’unité de la contexture est si parfaite, qu’il est impossible d’y trouver deux discours parallèles. — On a depuis longtemps dressé la liste des divergences qui se rencontrent entre le discours d’Etienne et l’Ancien Testament représenté par la Vulgate. On a même renoncé à les expliquer par des subtilités, depuis que Melchior Cano a fait remarquer qu’en somme saint Etienne a pu se tromper, puisqu’il n’a pas écrit son discours sous la motion de l’inspiration scripturaire, et que saint Luc ne se trompait pas en le rapportant tel quel. En réalité, il n’y a qu’une erreur caractérisée qu’on puisse rapporter à un défaut de mémoire, c’est l’achat par Abraham du tombeau de Sichem, Act., vii, 16 ; il fallait dire Jacob. Le mode des autres divergences caractérise bien la méthode d’Etienne. Tantôt il suit les Septante, lorsqu’il conduit en Egypte soixante-quinze personnes, et lorsqu’il considère l’idolâtrie reprochée par Amos, v, 25, comme pratiquée dans le désert, avec la mention de Remphan ; tantôt il suit une tradition juive dont nous pouvons constater l’existence par Philon, Josèphe ou les midraschhn, lorsqu’il place la vocation d’Abraham en Mésopotamie, Act., vii, 2 ; son départ pour Chanaan après la mort de son père, y. 4 ; le tombeau des patriarches à Sichem, y. 16 ; lorsqu’il énuinère deux périodes de quarante ans dans la vie de Moïse, y y. 23, 30. D’autres fois enfin, il cite librement le texte sacré, s’attachant à l’esprit beaucoup plus qu’a la lettre, lorsque (yy. 6 et 7), citant Gen., XV, 13, il ajoute quelque chose qui allait à son thème d’après Exod., iii, 12 ; lorsqu’il mentionne que Moïse était un enfant agréable <c à Dieu », y. 20, que son éducation dans la sagesse des Égyptiens avait rendu