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EXPIATION (FÊTE DE L’)
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pour ceux du peuple. Or ce rite n’est indiqué que pour le jour de l’Expiation. Lev., xvi, 5, 17, 24. Le y.afl’r, |iipav du texte devrait donc être traduit plus probablement par in die, « au jour. » ) Les cérémonies qui devaient ! s’accomplir au jour de l’Expiation sont indiquées en dé- i tail Lcv., xvi, 1-34 ; xxiir, 26-32 ; Num., xxix, 7-11. "Voir’aussi Exod., xxx, 10 ; Lev., xxv, 9. Les docteurs juifs ont consigné dans leurs écrits, principalement dans le livre : Yonia du Talmud, les usages qui s.’observaient à l’occasion I du grand jour de l’Expiation.
1o L’obligation. — Ce jour-là, il était rigoureusement ! défendu de se livrer à aucun ouvrage, et cette défense atteignait même l’étranger qui vivait dans le pays ou y passait. Lev., xvi, 29 ; xxiii, 28 ; Num., xxix, 7. — Les Israélites devaient « humilier leurs âmes » dès le soir du neuvième jour jusqu’au soir du jour suivant, c’est-à-dire d’un coucher du soleil à l’autre, selon la manière habituelle de compter les jours chez les Hébreux. Lev., xvi, 29 ; xxiii, 32. L’expression « humilier son âme » ou « affliger son âme » supposait un sentiment intérieur de pénitence sans lequel il n’y a ni vraie expiation ni pardon du péché. Mais les Juifs l’ont toujours comprise dans le sens d’une pénitence extérieure et corporelle ajoutée au sentiment intérieur. Voilà pourquoi ils donnaient au jour de l’Expiation le nom de « jeune ». Act., xxvii, 9 ; Josèphe, Ant. jud., III, x, 3. — Tout Israélite qui enfreignait ce jour-là l’obligation du repos et de la pénitence devait être retranché et détruit du milieu du peuple. Lev., xxm, 29. Voir Excommunication, col. 2132.
2o La préparation. — Les Israélites attachaient une sérieuse importance à la fête de l’Expiation, sur laquelle ils comptaient pour obtenir le pardon de leurs péchés. Ils s’y disposaient dès le lendemain du 1er tischri, fête des Trompettes. Les premiers jours du mois étaient appelés « jours de conversion », et les deux derniers, durant lesquels on prenait le cilice, « jours terribles. » Gem. Rosch hasschana, 18, 1 ; Gem. hier. Rosch hassch., 57, 1,
— Le grand prêtre se soumettait à une préparation plus compliquée, décrite dans le Yoma. Sept jours avant la fête, il se retirait dans les appartements secrets du Temple et s’y exerçait aux cérémonies qu’il aurait à accomplir. Le troisième et le septième jour, on l’aspergeait avec la cendre de la vache rousse. Voir Cendre, col. 407. On lui lisait le détail du rite expiatoire et on l’adjurait de s’en tenir rigoureusement aux règles prescrites, adjuration qui eut surtout sa raison d’être quand les grands prêtres furent choisis dans la secte des sadducéens. Par crainte du peuple, le grand prêtre qui appartenait à cette secte devait en passer par les règles qu’avaient formulées et que maintenaient les pharisiens. Josèphe, Ant. jud., XVIII, i, 4. Enfin, la veille de la fête, le grand prêtre ne prenait qu’un repas léger, pour éviter de céder au sommeil pendant la nuit et de contracter quelque souillure légale. Des prêtres se tenaient d’ailleurs auprès de lui, afin de l’aider à rester éveillé. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 4. — À partir de minuit, il se livrait à des ablutions multipliées du corps, des mains et des pieds, ablutions également imposées à tous les prêtres qui devaient prendre part aux cérémonies. Yoma, iii, 3 ; iv, 5. Le texte du Lévitique, XVI, 4, 24, ne parle que de deux ablutions du corps pour le grand prêtre, l’une au commencement, l’autre à la fin du rite sacré.
3o Les vêtements. — Le grand prêtre devait porter pendant la cérémonie la tunique, les caleçons, la ceinture et la tiare de lin. Lev., xvi, 4.
4o Les victimes. — Outre les victimes du sacrifice quotidien, offertes ce jour-là comme tous les autres jours de l’année, la liturgie de la fête de l’Expiation en exigeait de différentes sortes. Ces victimes étaient deux boucs pour le sacrifice d’expiation, un bélier pour l’holocauste, un taureau offert pour le compte du grand prêtre et de sa maison, et sept agneaux d’un an. On joignait une offrande de fleur de farine pétrie dans l’huile, dont trois
parts avec le taureau, deux parts avec le bélier et une part avec chacun des sept agneaux. Lev., xvi, 5-7 ; Num., xxix, 8-11. — Le grand prêtre commençait par tirer au sort celui des deux boucs qui serait immolé. Puis il sacrifiait le taureau qui servait de victime expiatoire pour lui et pour sa maison. Lev., xvi, 11. Il convenait, en effet, que le pontife fût purifié de ses propres fautes, avant de s’employer à la purification des autres. Hebr., vii, 27.
5o L’entrée dans le Saint des saints. — Après ce premier sacrifice, le grand prêtre, muni de charbons ardents et de parfums, pénétrait à l’intérieur du voile qui fermait le Saint des saints, et faisait brûler le parfum de manière que la fumée s’élevât au-dessus du kapporét, ou propitiatoire qui recouvrait l’arche d’alliance. Voir 1. 1, col. 913. Le pontife ne pénétrait dans le Saint des saints que ce jour-là. Hebr., vii, 7 ; Josèphe, Bell, jud., V, v, 7. Le texte sacré lui donnait l’assurance que, malgré le voisinage de la majesté de Jéhovah, il ne mourrait pas. Lev., xvi, 13. Le parfum symbolisait l’adoration et la prière, sans lesquelles on ne peut s’approcher du Très-Haut ni se le rendre propice. L’entrée du grand prêtre dans le Saint des saints, en cette seule fête au cours de toute l’année, caractérisait la solennité de l’Expiation. II est remarquable que, dans l’Ancien Testament, Dieu tenait l’homme à distance, même quand celui-ci venait lui présenter ses adorations et ses actions de grâces. Il ne lui permettait d’approcher davantage que quand l’homme venait implorer sa miséricorde. C’était comme un prélude aux épanchements du Rédempteur futur en faveur des pauvres pécheurs. — Allant prendre ensuite du sang du taureau immolé pour ses propres péchés, te pontife revenait en asperger avec son doigt le propitiatoire, à sept reprises. Ce sang, versé à cause de ses propres péchés et répandu sur le propitiatoire, était comme le garant de l’expiation offerte par le pontife, pécheur comme les autres hommes, et du pardon accordé par le Seigneur. — Retournant au sanctuaire, il égorgeait le bouc désigné par le sort, et revenait avec son sang faire une nouvelle aspersion du propitiatoire, « à cause des impuretés des enfants d’Israël, et de toutes les transgressions par lesquelles ils ont péché. » Lev., xvi, 16. — Dans le sanctuaire, où ne devait se trouver personne, sans doute pour empêcher qu’on n’aperçût l’intérieur du Saint des saints quand le voile était soulevé, le grand prêtre poursuivait les cérémonies : aspersion du sanctuaire d’abord avec le sang du taureau^ pour le compte du grand prêtre ; puis avec le sang du bouc, pour le compte du peuple ; purification des cornes de l’autel avec le sang des deux victimes ; aspersion sept fois répétée autour de l’autel avec le même sang. Lev., xvi, 17-19.
6o Le bouc émissaire. Voir t. i, col. 1871-1876. — Le grand prêtre, faisant approcher le bouc qui n’avait pas été immolé, lui posait les deux mains sur la tête et confessait tous les péchés d’Israël. Le Talmud, Yoma, vi, ’2, nous a conservé une formule de confession qui servait en cette circonstance : « Seigneur, votre peuple, la maison d’Israël, vous a offensé, s’est révolté, a péché contre vous. Je vous en prie, Seigneur, pardonnez maintenant les fautes, les révoltes, les péchés dont ils se sont rendus coupables, et par lesquels votre peuple, la maison d’Israël, s’est levé contre vous et vous a offensé, ainsi qu’il est écrit dans la loi de Moïse, votre serviteur : En ce jour l’expiation sera sur vous, afin de vous purifier de tous vos péchés devant le Seigneur, et vous redeviendrez purs.
— Et les prêtres et le peuple qui se tenaient dans les parvis, en entendant le premier mot sortir de la bouche du grand prêtre, s’inclinaient, adoraient, se prosternaient à terre sur leurs faces et disaient : Béni soit le nom glorieux de son règne dans les siècles des siècles ! » — Après que le grand prêtre avait ainsi déchargé sur la tête du bouc émissaire le fardeau des iniquités d’Israël, on conduisait l’animal dans le désert. Lev., xvi, 21, 22. Voir 1. 1, col. 1872.