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FARDEAU — FASCINATION


tant plus intolérable, qu’eux-mêmes ne mettent même pas un doigt à l’ouvrage. Matth., xxiii, 4 ; Luc, xi, 46. Notre -Seigneur appelle à lui ceux qui sont écrasés sous le poids de ce fardeau, et les invite à prendre le sien, qui est léger. Matth., xi, 28, 30. Et, en effet, ses commandements ne sont pas pesants. I Joa., V, 3.

H. Lesêtre.
    1. FARINE##

FARINE (hébreu : qémali ; Septante : a/.sypov, o-ôfii£a>. ! - :  ; Vulgate : farina, farinula), partie nutritive du grain de certaines céréales, réduite en poudre. Le mot hébreu vient d’une racine qàmah, « broyer, moudre ; » en assyrien, farine se dit également qému, et en égyptien qamah. C’est ordinairement la farine de froment qui est désignée par ce mot ; quand on veut désigner la farine d’orge, on ajoute le mot se’ôrîm. Num., v, 15.

1° Dans chaque famille habituellement on broyait le grain avec le moulin à bras : travail assez pénible et souvent réservé aux esclaves. Is., xlvii, 2. Voir Meule. On gardait ainsi à la maison une provision de farine et onfaisaitlepain au fur et à mesure des besoins du jour. La femme ou l’esclave, quelquefois aussi l’homme lui-même, pétrissait et faisait cuire la quantité de farine nécessaire. Ainsi en est-il pour Gédéon, Jud., vi, 19 ; pour la pythonisse que consulte Saùl, I Reg., xxviii, 24 ; pour Thamar allant visiter Amnon son frère. II Reg., xiii, 8. — Quand les guerriers des diverses tribus vinrent à Hébron pour établir David roi d’Israël, les habitants des tribus limitrophes de Juda et même du nord de la Palestine vinrent apporter des vivres et en particulier de la farine. I Par., xii, 40.

— De même, quand David vint à Mahanaïm ( Vulgate : au camp), II Reg., xviii, 28, les habitants l’accueillent avec empressement, et entre autres présents lui offrent de la farine. — Chaque jour il fallait pour la maison de Salomon soixante mesures (cors) de farine. III Reg., IV, 22.

— Le pain formant en Palestine le fond de l’alimentation, menacer que le grain ne donnera pas de farine, c’était annoncer une famine. Ose., viii, 7. Ainsi au temps de la disette la veuve de Sarepta n’avait plus qu’une poignée de farine (Vulgate : farinula), quand Élie descendit chez elle. Comme elle la donna généreusement au prophète, en récompense la farine ne diminua pas dans le vase qui la contenait, jusqu’à la fin de la sécheresse. III Reg., xvii, 12-16. — La farine servit à Elisée pour un effet miraculeux : une poignée de farine adoucit l’amertume des coloquintes sauvages que les enfants des prophètes avaient fait cuire pour des concombres. IV Reg., iv, 41. Voir Coloquinte, col. 859. — La farine pétrie et cuite au four ou sous la cendre, III Reg., xviii, 13, était préparée avec ou sans levain. Le levain qu’une femme met dans trois mesures de farine exprime, dans une parabole de l’Évangile, Matth., xiii, 33 ; Luc, xiii, 21, la force intime du royaume de Dieu ou de l’Église, pénétrant et gagnant peu à peu l’humanité. Voir Levain. — La farine était du nombre des choses qu’on pouvait offrir en sacrifice. Ainsi dans le sacrifice de jalousie on offrait la dixième partie d’une mesure (se’âh) de farine d’orge. Num., v, 15. Elcana, père de Samuel, vint offrir au Seigneur un éphi ou trois mesures de farine. I Reg., i, 24. Mais c’est la fleur de farine qui ordinairement devait être la matière de ce sacrifice. — La Vulgate parle de farine dans deux endroits où, dans le texte original, il s’agit ou d’une sorte de pain ou petit gâteau blanc, hôrï, G-en., XL, 16, ou bien de la pâte, bâsêq. Exod., xii, 34, 39.

2° La farine qui entrait dans les sacrifices était la plus pure farine, la fleur de farine. Cette fleur de farine se nomme qémaJ.i sôlét, Gen., xviii, 6, ou sôlét l, iittim : Exod., xxix, 2 ; mais plus ordinairement sôlét tout court, que les Septante rendent par as^iSaXi ; , et la Vulgate par simila. La fleur de farine de froment avec l’huile d’olive constitue généralement l’offrande ou minhâh. Lev., ii, 1, 2, 4, 5, 7 ; II Mach., i, 8. Elle s’offre de deux façons, ou bien simplement en répandant dessus de l’huile et de l’encens, Lev., ii, 2 ; Num., xv, 4-9, 12 ; xxviii, 7, 29 ; I

ou bien en faisant une espèce de gâteau pétri avec l’huile sans levain, ou arrosé avec l’huile et cuit au four. Lev., ii, 4-7 ; vii, 12. Cette offrande, faite de l’une ou l’autre façon, était brûlée sur l’autel. Lev., vi, 15, 20-22. L’oblation de fleur de farine, et en proportions déterminées, accompagnait certains sacrifices sanglants. Exod., xxix, 2, 40 ; Lev., xiv, 10, 21 ; xxiii, 13 ; Num., viii, 8 ; xv, 4, 6, 9 ; xxviii, 5, 9, 12, 13, 20, 28 ; xxix, 3, 9, 14 ; Ezecli., xlvi, 11, 14. Pour les plus pauvres, l’offrande de fleur de farine remplaçait le sacrifice d’une brebis ou de deux tourterelles. Lev., v, 11. — Le jour de la dédicace de l’autel, les tribus d’Israël vinrent en la personne de leurs chefs offrir au Seigneur des présents, parmi lesquels figure la fleur de farine. Num., vii, 13, 19, 25, 31, 37, 43, 49, 55, 61, 67, 73, 79. — On la conservait dans les dépendances du Temple pour les sacrifices, et des lévites étaient chargés de veiller à la garde de la fleur de farine comme des autres offrandes mises en réserve. I Par., ix, 29 ; xxiii, 39. C’est avec cette fleur de farine que se faisaient les pains de proposition ou d’offrande. Lev., xxiv, 5. Ce qui restait de fleur de farine après les sacrifices devait être abandonné aux prêtres et à leurs enfants mâles, pour en faire des pains sans levain qui devaient être mangés dans l’enceinte du Temple. Lev., vi, 16. — En dehors des sacrifices, la fleur de farine servait à peu près aux mêmes usages que la farine ordinaire. Ainsi dans les repas : ou voit Abraham, pour honorer sans doute ses trois mystérieux visiteurs, leur préparer des pains de fleur de farine. Gen., xviii, 6. En même temps qu’il fallait chaque jour pour la maison de Salomon soixante mesures de farine, on en apportait trente de fleur de farine. III Reg., IV, 22 (hébreu, v, 11). Ainsi la nourriture que le Seigneur donnait à Jérusalem, comparée à sou épouse, était excellente et délicate : on lui servait la plus pure farine ; mais l’infidèle offrait aux idoles cette fleur de farine. Ezech., xvi, 13, 19. À Babylone, l’idole Bel recevait chaque jour douze artabes de fleur de farine, environ six cent soixante-dix livres. Dan., xiv, 2. — La fleur de farine était un des objets de trafic de la grande Babylone de l’Apocalypse, xviii, 13. Sa rareté indiquait la disette ; et pour annoncer la fin de la famine, Elisée prédit qu’une mesure (se’âh) de pure farine se vendra un sicle, à la porte de Samarie. IV Reg., vii, 1, 16. — L’auteur de l’Ecclésiastique énumère parmi les choses nécessaires à la vie la farine de froment, Œ[i£6a)>iç itupoO ; la Vulgate met le « pain » de farine de froment, panis similagineus. Eccli., xxxiv, 31. Il invite à offrir au Seigneur l’oblation de fleur de farine, xxxviii, 11 ; cependant pour lui la pratique de la vertu vaut mieux que le sacrifice : car « celui qui rend grâce offre de la fleur de farine, la farine la plus pure ». — La Vulgate rend par frixam oleo similam le mot hébreu’âsîsâh, « gâteau de raisin. » I Par., xvi, 3. E. Levesque.

    1. FASCINATION##

FASCINATION, action de fasciner, c’est-à-dire, au propre, pouvoir attribué à certains animaux de paralyser ou de maîtriser les mouvements d’un autre en le regardant fixement, et, par extension, action de faire voir les choses autrement qu’elles ne sont, comme par une sorte de charme ou de puissance de séduction. Voir Charme, Charmeur, col. 594, 955. Les mots « fasciner, fascination », s’emploient surtout au figuré pour signifier l’action d’aveugler, de tromper quelqu’un par l’influence ou l’espèce d’éblouissement qu’une personne ou une chose exerce sur lui. L’Écriture emploie une fois le substantif et une fois le verbe dans ce sens : « La fascination (J3° <7xavîa ; Vulgate : fascinatio) du mal (ça’jXÔTriTo ;  ; Vulgate : nugacitates, des Tutilités) obscurcit le bien. » Sap., iv, 12. Saint Paul écrit aux Galates, iii, 1 : « O Galates insensés, qui vous a fascinés (èSiuy.avî, fascinavit) pour vous empêcher de suivre la vérité, lorsque vous n’aviez qu’à regarder Jésus-Christ qui a été crucifié pour vous ? » — Le verbe (Ja^xaivu est aussi employé dans le texte grec de l’Ecclésiastique, XIV, 8 : novi, p<> ; ô pao-xai’vuv ôç8° ).[aç>.