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FEMME — FEMME ADULTERE


Zarès, femme d’Aman. Esth., v, 10, etc. Zébida, mère du roi Joakim. IV Reg., xxra, 36. Zelpha, servante de Lia, quatrième femme de Jacob. Gen., xxix, 24, etc.

Voir Ms r.G. Darboy, Les femmes de la Bible, 40 livraisons, 2 in-4°, Paris, 1846-1850 ; 2e édit., 2 in-8°, Paris (1858) (avec gravures) ; H. Zschokke, Die biblischen Frauen des Allen Testamentes, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1882 ; Id., Bas Weib in Allen Testamente, in-8°, Vienne, 1883. F. Vigoup.oux.

    1. FEMME ADULTÈRE##

FEMME ADULTÈRE, femme surprise en adultère par les scribes et les pharisiens, et déférée par eux au jugement de Notre-Seigneur, qui refuse de la condamner. Joa., vil, 53-vm, 11.

I. Authenticité du passage. — L’authenticité de ce passage a été révoquée en doute par une grande partie des exégètes non catholiques. Cf. Keil, Comment, ùber das Evang. des Johannes, Leipzig, 1881, p. 318. D’autres supposent que ce passage, tout en relatant un fait véritable, n’a été ajouté qu’après coup au récit de saint Jean par un écrivain différent de l’évangéliste. La question doit être examinée au point de vue des autorités anciennes, du style même de ce passage et de son contenu. — 1° Les manuscrits. — Quatre manuscrits des plus anciens, B, N, A, C, quatre onciaux, L, T, X, A, un très grand nombre de petits manuscrits, ne lisent pas ce passage, d’autres le notent d’obèles ou d’astérisques comme suspect, plusieurs le rejettent à la fin de saint Jean, quelques-uns même après saint Luc, xxi. — Par contre, on le trouve dans les grands manuscrits D, G, ii, IC, M, U, et dans près de trois cents petits. — 2° Les évangéliaires. — La plupart des évangéliaires n’ont pas ce passage ; on le trouve cependant dans quelques-uns, et des évangéliaires même slavons contiennent l’histoire de la femme adultère et l’assignent à la messe de certaines saintes pénitentes et à d’autres messes spéciales. —’à- Les versions. — Le passage manque dans les plus anciens manuscrits de VItala et dans un très grand nombre de manuscrits des versions syriaque, copte, arménienne, sahidique et gothique. On le trouve au contraire dans un certain nombre d’autres manuscrits de ces versions, et dans tous ceux de la Vulgate et des versions éthiopienne, arabe et slavonne. — 4° Les Pères. — Les Pères grecs, Origène, Théodore de Mopsueste, saint Cyrille d’Alexandrie, saint Jean Chrysostome, saint Basile, etc., et quelques Pères latins, Tertullien, saint Cyprien, ne citent pas le récit de la femme adultère. Mais le silence des principaux d’entre eux est douteux. Dans les commentaires d’Origène nous n’avons plus l’explication de v, 1-vin, 19, de saint Jean. Saint Jean Chrysostome n’explique pas l’Évangile d’une manière absolument suivie, et laisse souvent de côté de notables passages, par exemple Matth., xxiii, 16-24, Homil. in Matth., lxxiii, 2, t. lviii, col. 675, sans qu’où puisse en conclure qu’il regarde ces passages comme apocryphes. Les commentaires de saint Cyrille ne nous sont pas parvenus dans leur intégrité. Quant à Terlullien et à saint Cyprien, ils n’ont pas traité le texte sacré d’une manière assez continue pour qu’on puisse tirer un argument de leur silence. — Les autres Pères latins expliquent ce passage de saint Jean dans les mêmes conditions que le reste de son Evangile. — 5° Le style. — On remarque dans ces versets des expressions qui ne se représentent plus dans le reste de l’Évangile de saint Jean : opBpoy, ttï ; 6).aoç, -/aÔLcaç èô : Saax=v aÙTO-jç, ol ypa^fiaTEΠ; y.ai o çapicraîot, ètujjlêvê’.v, àvïjjLàpTTjTOç, x : tTa).EÉTïE<7Ôai, v.aTaxpiveiv, 71), T|V, et enfin la particule Ss, à la place de o-jv, que saint Jean emploie avec prédilection. — Il faut observer pourtant qu’on peut signaler dans chacun des récits de saint Jean des termes qui ne se lisent pas dans les autres parties de son Évangile, sans que cette singularité tire à conséquence. La particule 8 ; se trouve assez souvent

sous sa plume. Quant aux autres expressions, ou bien elles sont appelées naturellement par le sujet, comme k5 ; ô).aoc, tout le peuple venu à la fête, et non plus seulement o’x).o ; itol-j ; , comme dans les circonstances ordinaires ; im^lv-.iv, marquant l’insistance indiscrète des interrogateurs, etc. ; ou bien elles sont composées de mots qui se retrouvent couramment dans d’autres parties du texte de saint Jean. Cf. Corluy, Comment, in Joa., Louvain, 1878, p. 194-199. — 6° Le contenu. — Le récit de saint Jean se termine par ces mots que Notre -Seigneur adresse à la femme adultère : « Moi non plus je ne vous condamnerai pas. » Joa., viii, 11. C’est cette conclusion qui a paru choquante et qui a déterminé la suppression de tout le passage dans beaucoup de manuscrits et surtout d’évangéliaires. Saint Ambroise, Apol. ait. proph. David, i, 1, t. xiv, col. 887, remarque que ce récit de l’Évangile « a pu causer grand scrupule aux esprits peu instruits », et que, « à l’écouter avec des oreilles distraites, on court le risque de se tromper. » Saint Augustin, De conjug. adultérin., II, vii, 6, t. xl, col. 474, dit en parlant de ce passage : « Il est des hommes de peu de foi, ou plutôt des ennemis de la vraie foi, qui, redoutant que l’impunité soit accordée aux péchés de leurs femmes, retrancheraient de leurs exemplaires ce que le Seigneur a fait en pardonnant à l’adultère. » Ce que soupçonne saint Augustin, un écrivain du Xe siècle, saint Nicon, reproche formellement aux Arméniens de l’avoir fait, en éliminant des saints Évangiles le récit qui a trait à la femme adultère comme « nuisible à beaucoup ». Cf. Constit. apostol., ii, 24, note tirée de Cotelier, Patres apostol., t. i, p. 238, De impia prinwrum Armeniorum religione, t. i, col. 657. — De tout ceci il suit que les autorités pour ou contre l’authenticité du passage se balancent, avec avantage marqué cependant du côté des autorités favorables. Le silence des autorités défavorables s’explique par une raison qui laisse intacte l’authenticité du passage : on a simplement mis de côté un récit qu’on jugeait de nature à scandaliser certains lecteurs. Autant cette suppression se comprend, autant serait inexplicable l’introduction d’un pareil récit dans l’Évangile, s’il venait du dehors. Cf. Griesbach, Nov. Testam. grœc, Londres, 1796, t. i, p. 477-479 ; YVestcott et Hort, The New Testament in the original Greek, Cambridge, 1881, t. ii, Appendix, p. 84-88 ; J. C. Martin, Introduction à la critique textuelle du Nouveau Testament, partie pratique, Paris, 1886, t. iv, p. 178-545 ; Fillion, Évangile selon saint Jean, Paris, 1887, p. 163-165 ; Cornely, Introd. spécial, in sing. N. T. libr., Paris, 1886, t. iii, p. 232-235.

II. Caractère évangéi.ique du récit. — Tous les détails qui composent cette histoire de la femme adultère sont en harmonie avec les autres textes sacrés. Sans doute, on peut retrancher ce récit sans que la trame de l’Évangile de saint Jean soit rompue. Cependant, 1° saint Jean, vii, 14, note que Jésus ne vint à Jérusalem qu’au milieu de la fête des Tabernacles, et que les Juifs l’avaient cherché en vain les premiers jours, vii, 11. Quand le Sauveur se présenta, les scribes et les pharisiens ne l’attendaient sans doute plus et n’avaient pas sous la main la coupable sur laquelle ils voulaient lui faire porter un jugement. Or le passage en question introduit, entre l’apparition du Sauveur et la tentative de ses ennemis, une nuit tout entière. Joa., viii, 1, 2. Le récit revêt dès lors une tournure plus naturelle. Les scribes et les pharisiens, pris au dépourvu la veille, après un retard de Jésus qui avait dérangé leurs plans, ont mieux le temps de préparer leur mise en scène. — 2° Les ennemis du Sauveur cherchent à l’embarrasser par une question captieuse, Joa., viii, 6, tout à fait analogue à d’autres que nous voyons poser par eux avec une grande habileté. Matth., xxii, 15, 28, etc. — 3° La loi de Moïse punissait de mort l’adultère. Lev., xx, 10 ; Deut., xxii, 22. Elle n’indiquait pas quel genre de mort on