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FILET — FILEUSE


dâh paraît être un engin destiné à prendre le poisson à portée de la main, une sorte de truble triangulaire composée d’un filet fixé à deux bâtons qui se coupent à angle aigu, tel qu’on le voit figuré dans les monuments égyptiens (fig. 660). Le mikmorét, qu’on étend sur les eaux et qui ramasse le poisson, est sans doute l’épervier. Le hêrém ressemblerait plutôt à la seine (fig. 661). La seine égyptienne était un long filet soutenu sur l’eau à son bord supérieur par des flotteurs debois et tendu verticalement par des balles de plomb fixées au bord inférieur. On jetait la seine soit du haut des bateaux, soit en entrant soi - même à l’eau, et plusieurs hommes, attelés à des cordes aux deux extrémités, la tiraient au rivage en entraînant le poisson qu’elle emprisonnait. Voir dans de Rougé, Rituel funéraire des anciens Égyptiens, Paris, 1864, pi. iv, 4, des cynocéphales tirant dans une seine les âmes ignorantes sous forme de poissons.

IV. Les filets des Apôtres. — Les Évangiles parlent à plusieurs reprises des filets dont se servaient les Apôtres, presque tous pêcheurs sur le lac de Génésareth. Saint Matthieu, iv, 18, et saint Marc, i, 6, disent que, quand Notre -Seigneur vint au bord du lac pour les appeler à sa suite, Pierre et André jetaient à la mer l’àu.çîé^crrpov, rete. L’iiLfiSlt)axpoi, « ce qu’on jette autour, » est un épervier, que deux hommes peuvent très bien manœuvrer dans une barque. Hérodote, ii, 95, dit que les Egyptiens employaient l’à(ji, çc6), 711tpov pour prendre du poisson pendant le jour et pour se garantir des moustiques durant la nuit. L’épervier est, de toutes les espèces de filets, celui qui convient le mieux à ce dernier usage. — Dans les autres passages où il est question de filets disposés en ordre sur le bateau, Marc, i, 19, jetés à la mer, Luc, v, 4, 5 ; Joa., xxi, 6, traînés, Joa., xxi, 8, se rompant, Luc, v, 6, ou ne se rompant pas, Joa., xxi, 11, réparés, Matth., iv, 21, lavés, Luc, v, 2, ou abandonnés, Matth., iv, 20, 22 ; Marc, I, 18, les Évangélistes se servent uniformément du mot Stxtuct, relia. Le ôîxtuov est un terme générique qui convient à toutes les espèces de filets. Il est fort probable que, dans la première pêche miraculeuse, Luc, v, 4-7, on se servait des éperviers, car c’est dans les barques mêmes qu’on verse la multitude des poissons pris au large. Il en faut dire autant de la seconde pêche, Joa., xxi, 3-11, malgré certains détails qui pourraient convenir à une pêche à la seine. On jette le filet à la droite du bateau, et ce bateau est unique. Joa., xxi, 3, 6, 8. Dans ces conditions, la pêche n’a pu se faire qu’à l’épervier. — Enfin, dans l’une de ses paraboles, Matth., xiii, 47-48, Notre-Seigneur parle d’un autre filet bien connu des Apôtres, la seine, lav^v/), sagena. On la met à l’eau, elle ramasse tout ce qui se présente, bon et mauvais, on la tire sur la grève, les pêcheurs s’asseoient auprès du filet, parce que la prise est considérable et demande du temps pour être triée, et, choisissant les bons poissons, ils les mettent dans des paniers, tandis que les mauvais sont rejetés. C’est l’image des prédicateurs de l’Évangile qui font entrer dans le « royaume des cieux », c’est-à-dire l’Eglise, toutes les âmes que saisit leur parole. Mais, parmi ces âmes, les unes profitent de la grâce divine et les autres en abusent. Aussi, à la fin du temps, « les anges sortiront, sépareront les mauvais du milieu des justes et les jetteront dans la fournaise de feu. » Matth., xiii,

49-50.

H. Lesêtre.

FILEUSE. Femme fabriquant du fil à l’aide d’une quenouille et d’un fuseau. Les femmes juives connaissaient l’art de filer la laine, le lin et le poil de chèvre. Lorsque Dieu ordonna la construction du Tabernacle, toutes les femmes qui étaient habiles à ce genre de travail filèrent de leurs mains, et elles apportèrent leur ouvrage, des fils teints en bleu, en pourpre, en cramoisi, et du fin lin. D’autres filèrent du poil de chèvre. Exod., xxxv, 25-26. — Dans le portrait de la femme forte, parmi

ses occupations est indiqué le filage. Elle met la main à la quenouille et ses doigts tiennent le fuseau. Prov. T xxxi, 19. — Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur fait allusion au métier de fileuse. « Les lis, dit-il, ne filent point,-et cependant Salomon dans toute sa gloire n’a jamais été vêtu comme l’un d’eux. » Matth., vi, 28-29 ; Luc, xii, 27. Il n’y a pas en hébreu de substantif pour

C62. — Fileuses égyptiennes.

Tombeau de Béni -Hassan, xii » dynastie.

D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. ii, Bl. 126.

désigner la fileuse ; l’action de filer est indiquée par le verbe tâvâh, Septante : vij6w, vlw ; Vulgate : neo. Le rouet était absolument inconnu des Hébreux, comme d3 tous les peuples anciens. Pour filer, les femmes se servaient du fuseau (pélék). Prov., xxxi, 19. Voir Fuseau. Les femmes juives devaient pour ce travail se servir d’instruments et de procédés analogues à ceux qu’employaient les Égyptiens et les autres peuples anciens, et qui sont encore usités de nos jours. On ne connaît pas de quenouilles

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663. — Fileuse grecque.

Scène peinte sur le fond d’une coupe d’Orvieto. D’après VArchàologisclie Zeltung, 1877, Taꝟ. 6, p.

51.

égyptiennes. Le fuseau était un poids destiné à maintenir le fil tendu. La fileuse tirait les fibres en les tordant. Elle formait ainsi le fil, qui était enroulé autour du fuseau à mesure qu’il était fabriqué, puis déposé dans une corbeille. Les peintures des tombeaux de Beni-Hassan représentent des fileuses se livrant à leur travail (fig. 662). G. Wilkinson, The Manners and Customs of the ancient Egyptians, 2e édit., 1878, t. ii, p. 171-172, 317 ; F. L. Griffith, Archseological Survey of Egypt, Béni Hassan,