affirmation, claire et formelle, appuyée d’ailleurs par ses œuvres, portait sur sa divinité personnelle et sur sa qualité de Fils par rapport au Père.
2° Dans les Actes, le nom de Fils de Dieu est attribué à Jésus-Christ par saint Pierre, iii, 13, 26 ; iv, 27, 30 ; par l’eunuque de la reine Candace, viii, 37, et par saint Paul dès sa conversion, ix, 20.
3° Dans les Épitres. — 1. Saint Paul parle du Fils que Dieu a envoyé au monde et auquel le chrétien doit ressembler, Rom., i, 3, 4 ; v, 10 ; viii, 3, 29, 32 ; par le moyen duquel il nous assure la foi, la grâce et le bonheur futur. I Cor., i, 9 ; II Cor., i, 19 ; Gal., ii, 20 ; iv, 4 ; Eph., i, 6 ; iv, 13 ; Col., i, 13 ; I Thess., i, 10. L’Épître aux Hébreux insiste sur la divinité, i, 2-8, les souifrances, v, 8 ; vi, 6, le sacerdoce, vii, 3, la gloire, iv, 14 ; x, 29, du Fils de Dieu. — 2. Dans sa première Épître, saint Jean donne vingt fois à Jésus-Christ le nom de Fils de Dieu. Enfin, dans l’Apocalypse, ii, 18, il n’emploie ce nom qu’une
seule fois.
2. FILS DE DIEU (hébreu : benê-hâ-’Ëlohim ou benê-’Ëlohim ; Septante : uio’t xo0 ©eoO ; Vulgate : fllii Dei), nom donné dans la Sainte Écriture aux anges et à certaines classes d’hommes. En pareil cas, ce nom n’est pas pris dans le sens propre ; il indique seulement le rapport plus étroit que Dieu a bien voulu établir entre lui et des créatures privilégiées.
I. Les anges. — Ils sont appelés « fils de Dieu » dans Job, i, 6 ; ii, 1. Les Septante, pour éviter l’anthropomorphisme, traduisent alors par ol oiyytXoi-coû ©eoù, « les anges de Dieu. » La Vulgate traduit littéralement. — Au Psaume xxviii (xxix), 1, on lit en hébreu :
Offrez à Jéhovah, fils de Dieu,
Offrez à Jéhovah la gloire et l’honneur.
Septante : ulo’i ©ôoO ; Vulgate : Filii Dei. Ces versions ajoutent ensuite ces paroles intercalées entre les deux vers de l’hébreu : « Olfrez à Dieu les fils des béliers, » ce qui donnerait à penser qu’il s’agit de sacrifices à offrir et que par conséquent les « fils de Dieu » sont les lévites. Mais ce vers intercalaire n’est qu’une réplique du précédent, et les fils des béliers, benê-’êlim, proviennent d’une lecture fautive de benê-’èlôhîm ou d’une fausse interprétation de benê-’êlim, qui veut dfre aussi « fils de Dieu ». Ces fils de Dieu sont les anges, comme dans les passages analogues. La paraphrase chaldaïque traduit : kitê mal’âkayyâ’, « chœur des anges. » — Au Psaume lxxxix (lxxxviii), 7, on lit encore :
Qui dans le ciel est comparable à Jéhovah, Qui ressemble à Jéhovah parmi les fils de Dieu ?
Le parallélisme indique ici qu’il est question des anges.
— Dans Daniel, iii, 92 (25), l’ange qui assiste les trois jeunes hommes dans la fournaise apparaît à Nabuchodonosor semblable à un « fils de Dieu », bar-’ëlâhin, vS> ©eo0, filio Dei. Il est probable que dans la pensée du roi ce fils de Dieu ressemble à l’une des divinités babyloniennes. — L’Epître aux Hébreux, i, 5, n’empêche pas d’admettre que les anges soient appelés des « fils de Dieu ». Les paroles : ce Auquel des anges a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils ? » ne rejettent que la filiation dans le sens propre.
II. Les hommes. — 1° Les descendants de Seth. — La Genèse, vi, 2, raconte que « les fils d’'Êlohîm virent que les filles de l’homme étaient belles et se choisirent des épouses parmi elles ». — 1. La plupart des anciens interprètes ont donné aux bêne-’Ëlohim de la Genèse la même signification qu’à ceux de Job et des Psaumes. Septante : oiyyeXol toO QeoO, bien que quelques exemplaires aient eu : y’.oi toù QeoO ( S. Augustin, De Civit. Dei, XV, XXIII, 3, t. xli, col. 470) ; Josèphe, Ant. jud., i, iii, 1 : ayye/.oi ©eo-j ; version perse : « anges de Dieu. » C’est surtout Je Livre d’Enoch, apocryphe du second siècle avant Jé sus-Christ, voir t. i, col. 758, qui développe longuement ce thème des anges, fils du ciel, s’unissant aux filles des hommes, donnant ainsi naissance à des géants et enseignant aux créatures humaines toutes sortes d’arts utiles ou dangereux. Ces récits occupent dans le livre les chapitres vi, 1-x, 17. Les Homélies clémentines, viii, 12, t. ii, col. 232, reproduisent les mêmes idées. L’exégèse des Pères subit très sensiblement l’influence des Septante et du Livre d’Enoch dans l’interprétation de ce passage. Les plus anciens croient presque tous à l’union des anges avec les filles des hommes. S. Justin, Apol., ii, 5, t. vi, col. 452 ; Athénagore, Légat., 24, t. vi, col. 915 ; Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 7, t. viii, col. 1161 ; Tertullien, De idol., 9, t. i, col. 671 ; De cuit, fœm., i, 2, t. i, col. 1305 ; S. Irénée, Adv. hœres., IV, xvi, 2, t. vii, col. 1016 ; S. Cyprien, De habit, virg., 14, t. iv, col. 453 S. Ambroise, De Noe et arca, 4, t. xiv, col. 366 ; In Psalm. cxrin, viii, 58, t. xv, col. 1319 ; etc. D’autres Pères hésitent, tant la chose leur paraît singulière. Origène, Cont. Cels., v, 55, t. xi, col. 1268 ; Qusest. in Replat., i, 3, t. xxxiv, col. 549 ; etc. Quant à saint Jérôme, il se tient sur la réserve et se contente d’enregistrer, sans y contredire, la traduction de Symmaque : vïo twv SyvaaTEvôvxwv, « fils des puissants, » et d’Aquila : j50 tmv 6ewv, « fils des dieux. » Rébr. qusest. in Gènes. r vi, 2, t. xxiii, col. 747. Chez quelques Pères, la réprobation est formelle contre cette idée d’union entre les anges et les filles des hommes. Ainsi s’en expliquent saint Jean Chrysostome, Rom. xxii in Gen., 2, t. lui, col. 187 ; saint Cyrille d’Alexandrie, Cont. Julian., ix, t. lxxvi, col. 953 ; Glaphyr. Gen., ii, 2, t. lxix, col. 53 ; Théodoret, In Gen., q. 47, t. lxxx, col. 148 ; S. Augustin, De Civit. Dei, xv, 23, t. xli, col. 468-471. Les Targum, comme Symmaque et Aquila, prennent le mot’Ëlohim dans le sens de « grands ». Cette traduction est manifestement inacceptable ; les mariages entre des « grands », des hommes riches et puissants, avec des filles des hommes, n’auraient eu en soi rien de blâmable, et l’on ne peut voir en quoi de pareilles unions auraient mérité un châtiment aussi terrible que le déluge. — 2. De ce que dans Job et^ dans deux passages des Psaumes l’expression benê-’Ëlohim désigne incontestablement les anges, il ne s’ensuit pas nécessairement qu’elle ait le même sens dans la Genèse, et que l’écrivain sacré se soit fait l’écho d’un mythe populaire, en supposant possibles des unions entre les anges et les filles des hommes. Sans doute, au début de toutes les mythologies, on mentionnait des dieux et des déesses s’unissant aux créatures humaines. Mais à supposer que de semblables légendes aient eu cours chez les Hébreux primitifs, l’auteur du chapitre vi de la Genèse n’avait pas à ménager sur cette question les erreurs populaires, il devait au contraire les rectifier, comme il l’avait fait au sujet de la création. Quant à l’hypothèse d’une altération qui aurait eu pour effet d’introduire dans le texte la mention des anges s’unissant avec les filles des hommes, on peut se dispenser d’y recourir tant qu’il ne sera pas démontré que les benê-’Ëlohim ne peuvent être autres que des anges. — 3. Sans insister sur l’impossibilité de pareilles unions entre des esprits et des êtres corporels, cf. Matth., xxii, 30, il suffit de serrer de près le texte sacré pour conclure qu’il n’y saurait être question des anges. Dans la sentence divine qui frappe les coupables, il n’est fait aucune mention des anges, Gen., vi, 3, alors qu’au paradis terrestre l’esprit mauvais avait été nommément désigné pour le châtiment. Gen., iii, 14. Il ne s’agit donc que des hommes. Dieu leur reproche de n’être que chair, c’est-à-dire de n’avoir que des pensées charnelles ; ils auraient du avoir des pensées supérieures, par conséquent justifier le nom de « fils de Dieu » qui avait été attribué à certains d’entre eux. Ces derniers ont failli à leur devoir et méconnu leur vocation, en s’unissant aux « filles de l’homme », c’est-à-dire à des êtres qui n’a-