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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1172

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FIN DU MONDE


itupl ç>ofô ; , II Thess., i, 8, et, d’après la ponctuation de la Vulgate, cette flamme vengeresse s’attaquera à ceux qui n’ont pas connu Dieu et qui n’ont pas obéi à l’Évangile. Si ce passage peut encore à la rigueur s’entendre dans le même sens que les théophanies de l’Ancien Testament, il en est un autre dans lequel le même Apôtre dit formellement que « le jour du Seigneur manifestera les œuvres de chacun par le feu qui les éprouvera ». I Cor., m, 13. Le « jour du Seigneur » désigne le second avènement du Sauveur. Or le feu,-instrument de la justice divine, éprouvera alors tout ce qui se trouvera sur la terre et en distinguera la valeur. Ce n’est pas un feu métaphorique, mais bien un feu matériel, celui que les théologiens nomment le feu de la conflagration générale, et dont l’action, selon saint Thomas, Summ. theol., Suppl., q. 86, a. 8, se diversifiera suivant les sujets qu’elle atteindra. Il punira les méchants et purifiera les bons. R. Cornely, Comment, in S. Pauli priorem Epistolam ad Corinthios, Paris, 1890, p. 86-89 ; Simar, Die Théologie des heiligen Paulus, Fribourg-en-Brisgau, 1883, p. 276. Saint Pierre, II Petr., iii, 7-l’2, est plus précis encore. Il affirme que « les cieux qui existent maintenant et la terre sont réservés au feu pour le jour du jugement et de la perle des impies… Au jour du Seigneur, qui viendra comme un voleur, les cieux passeront avec un grand fracas ; leurs éléments seront dissociés par la chaleur ; la terre sera brûlée avec tout ce qu’elle contient ». Il s’agit assurément des derniers temps. Le feu, un feu matériel, produit par des causes physiques qui seront mises en jeu par la justice divine, n’atteindra pas seulement les hommes, mais aussi le ciel et la terre. L’embrasement sera universel. Toutes les œuvres de la nature et tous les ouvrages des hommes seront détruits par lui comme ils l’ont été par l’eau lors du déluge. De plus, les éléments des cieux, < ?toi-/sïoc (voir Éléments, col. 1657), seront dissous, désagrégés et réduits à l’impuissance. Il en résultera un désordre, une désorganisation et un effondrement de la nature entière. S. Thomas, Summ. contra gentes, 1. IV, c. xcvn ; Drach, Épitres catlioliques, Paris, 1879, p. 144145 ; Maunoury, Commentaire sur les Epîtres catholiques, Paris, 1888, p. 313 et 310 ; L. Atzberger, Die christliche Eschatologie in den Stadien ihrer Offenbarung im Alten und Neuen Testamente, Fribourg-en-Brisgau, 1890, p. 374-377 ; Mazzella, De Deo créante, "Woodstock, 1877, p. 933-934 ; Stentrup, Prœlectiones dogmaticse. de Verbo incarnato, Soteriologia, t. ii, Inspruck, 1889, p. 1094-1113.

Les savants confirment à leur façon les données scripturaires sur la fin du monde. Ils reconnaissent que le monde peut périr par le feu ; mais si ce phénomène se produit, ce sera par suite d’une catastrophe extraordinaire, ce sera l’effet d’une cause accidentelle. S’ils n’en tiennent pas toujours compte dans leurs études, c’est que, fidèles à la méthode scientifique, ils ne recherchent que les causes naturelles de la tin des choses. Or lorsque par fin du monde ils entendent seulement la disparition de tous les êtres vivants que le monde renferme, ils l’attribuent à trois causes diverses, et ils disent que la vie cessera par manque d’eau, ou par l’invasion des mers sur les continents (A. de Lapparent, La destinée de la terre ferme et la durée des temps géologiques, dans le Compte rendu du Congrès scientifique international des catholiques, Ie section, sciences mathématiques et naturelles, Paris, 1891, p. 275-293), ou par le froid, résultant de l’extinction et de la solidification du soleil (A. de Lapparent, Traité de géologie, Paris, 1883, p. 1259 ; II. Faye, Sur l’origine du monde, 2e édit., Paris, 1885, p. 308-308). La terre ferme elle-même doit périr, et si les conditions requises pour que le choc d’une comète embrase instantanément notre globe doivent se réaliser difficilement et rendent ainsi cet événement peu redoutable, la terre n’en sera pas moins entraînée dans la ruine de l’univers entier. Sans doute les plus grands géomètres

de notre siècle, à la suite de Laplace, ont cherché à démontrer que le monde planétaire est indéfiniment stable au point de vue mécanique. Mais, en réalité, l’univers n’est pas tel que le conçoivent les géomètres ; les planètes ne sont pas les astres fictifs et rigides qu’étudie la mécanique ; elles sont, de fait, le siège d’actions qui auront pour résultat, en accumulant à la longue leurs effets, d’abord d’allonger la durée de la rotation des planètes sur elles-mêmes jusqu’à la rendre égale à celle de leur révolution. Quand ce premier résultat aura été produit, la résistance du milieu dans lequel se meuvent les planètes aura pour conséquence de les précipiter finalement toutes dans le soleil, d’où elles sont émanées. Si le soleil n’est lui-même que le satellite d’une étoile plus puissante que lui, il subira le même sort ; et en suivant ainsi la destinée de tous les astres de l’univers, on les voit se confondre finalement en un seul et unique corps. Ce sera dès lors la destruction de la terre, des planètes et du soleil lui-même. H. Poincaré, Sur la stabilité du système solaire, dans Y Annuaire pour l’an 1898, publié par le Bureau des longitudes, B, 1-16. Ainsi il est scientifiquement démontré que l’univers n’est pas éternel, mais qu’il aura nécessairement une fin. X. Stainier, La fin du monde, dans la Revue des questions scientifiques, 2e série, t. xiv, 1898, p. 379-413. Le système solaire et l’univers tout entier perdront donc leur structure actuelle. Si rien ne nous donne une idée certaine de l’état dans lequel se trouvera la matière, lorsqu’elle aura perdu la répartition que nous lui connaissons aujourd’hui, cependant les savants qui ont étudié les lois de l’univers physique admettent que les astres, en se jetant tour à tour sur le soleil, alimenteront sa chaleur en s’y consumant. Ils périront ainsi par le feu, et l’univers finira par devenir un amas de matière nébuleuse et dissociée, d’où auront complètement disparu tout mouvement et toute beauté. Folie, Du commencement et de la fin du monde d’après la théorie mécanique de la chaleur (mémoire lu à l’Académie royale de Belgique, le 15 décembre 1873). Cf. Moigno, Les splendeurs de la foi, t. iii, p. 1286 ; Les Livres Saints et la science, Paris, 1884, p. 353-358.

2° Rénovation du monde ancien. — D’après l’Écriture, la fin du monde sera le commencement de l’éternelle consommation de toutes choses. Dans cet état permanent, le monde physique ne sera pas anéanti ni détruit totalement ; sous l’action des causes secondes, du feu, instrument de la justice divine, il sera purifié, transformé et renouvelé. Déjà le prophète Isaïe, lxv, 17, et lxvi, 22, avait annoncé de la part de Dieu la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre, qui feraient oublier les précédents et qui dureraient perpétuellement. On a pu ne voir dans ces expressions que de brillantes images décrivant le nouvel état de l’humanité glorifiée dans le ciel et le dernier stade définitif du règne du Messie. Mais la conformité de cette annonce prophétique avec la doctrine du Nouveau Testament permet d’y reconnaître davantage et d’y voir le monde matériel lui-même renouvelé et participant à la gloire méritée par le Christ rédempteur et communiquée à toute la création. Knabenbauer, Comment, in Isaiam, t. ii, Paris, 1887, p. 490-492. Notre -Seigneur semble avoir fait allusion à ce rajeunissement de la nature entière, qui sera contemporain du jugement général. La itaXiyyeveixca, dont il parle, Matth., xix, 28, désigne peut-être seulement la résurrection des morts, qui sera le commencement du nouvel état de l’humanité et de la création. Fiflion, Évangile selon saint Matthieu, Paris, 1878, p. 382-383 ; Knabenbauer, Comment, in Evang. sec. Matthseum, t. ii, Paris, 1893, p. 164-165. Saint Pierre, dans un discours au Temple de Jérusalem, a fixé l’époque du second avènement du Sauveur « aux temps de la restauration de toutes choses, que Dieu a prédits depuis longtemps par la bouche de ses saints prophètes ». Act., iii, 21. Ces -/povoi àTioxaTâuTasôco ; itâvtciiv sont les temps du renouvellement physique et moral,