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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1180

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FIRMAMENT — FLAGELLATION


<7TEplù)[ia, voir S. Basile, Hexæm., Hom. iii, 4, t. xxix, col. 60-61. Le mot râqîa’, désignant le ciel ou firmament, se lit Gen., i, 6, 7, 8, 14, 15, "l7, 20 ; Ps. xix, 2 ; CL, 1 ; Dan., xii, 3. — Dans sa vision des chérubins, Ézéchiel, I, 22-26 ; x, 1, voit au-dessus de ces êtres symboliques un râqîa’en qéraft, c’est-à-dire en « glace » ou en « cristal » (voir col. 1119), supportant le trône de saphir sur lequel Dieu est assis. Cf. Apoc, iv, 6. — 2° Le firmament est établi par Dieu entre les eaux, de manière à séparer les eaux qui étaient au-dessous du firmament d’avec celles qui étaient au-dessus. Gen., i, 6, 7. Cf. col. 1047 ; III Reg., viii, 43, 49. Aussi est-il considéré comme un grand réservoir dont les écluses peuvent s’ouvrir pour inonder la terre. Gen., vii, 11 ; viii, 2 ; IV Reg., vii, 19 ; Is., xxiv, 18 ; Mal., iii, 10. Cf. Prov., vm, 24, 27, 28, et Cataractes du ciel, col. 348. — 3° En parlant quelquefois comme si le firmament était une voûte solide, l’Écriture n’a point prétendu donner un enseignement scientifique. En cet endroit, comme en beaucoup d’autres de la Sainte Ecriture, l’auteur sacré s’est exprimé de manière à être compris de ses lecteurs, par conséquent comme on faisait de son temps, quand il s’agissait de phénomènes physiques dont la nature était indifférente au but de la révélation. Dans d’autres passages, Is., xl, 22, la voûte du ciel est comparée à une étoffe légère que l’on étend et à une tente que l’on déploie. Ps. cm (civ), 2, le poète sacré dit que Dieu « a étendu les cieux comme un yerî’âh, » c’est-à-dire comme une tenture ou un rideau. Ces locutions reproduisent simplement le langage courant et usuel. — 4° Conformément à la manière de parler de son époque, Moïse place les astres dans le firmament, Gen., i, 14-17, sans donner à entendre pourtant qu’ils y soient attachés, comme le concevaient les Égyptiens. Mais il a bien soin ensuite de mettre les oiseaux « sous le firmament », Gen., i, 20, c’est-à-dire dans l’atmosphère, distincte du firmament. — Le firmament, orné de ses astres, chante la gloire de Dieu. Ps. xviii (xix), 2 ; Eccli., Xliii, 1, 9 ; Dan., xii, 3. — Cf. Rosenmûller, Schol. in Gènes., Leipzig, 1795, p. 27 ; de Hummelauer, In Gènes., Paris, 1895, p. 96-97 ; S. Thomas, I, lxvhi, 1-4 ; Petau,

De sex dier. opific, I, x-xi.

H. Lesêtre.
    1. FLAGELLATION##

FLAGELLATION (tfpa.yzi », naan-fôù), « je flagelle ; » flagella). — 1° Ce fut sous l’influence des Grecs et plus encore sous l’influence des Romains que le supplice de la flagellation remplaça chez les Juifs celui de la bastonnade. Voir Bastonnade, t. i, col. 1500. Dans les passages relatifs aux temps plus anciens il s’agit donc de ce dernier châtiment, lorsque les Septante emploient le substantif [laaxi’E ou le verbe (laa-avM, et la Vulgate les mots flagellum et flagellare. Exod., v, 14. La loi de Moïse, Lev., xix, 20, d’après la Mischna, Kerith., ii, 4, condamnait la femme esclave qui avait manqué à la chasteté, si elle n’était pas affranchie, à recevoir la bastonnade avec son complice (Vulgate : vapulabant). Il est question de fouets dans I (III) Reg., xii, 11, 14 ; II Par., x, 11, 14. Roboam menace les Juifs de les châtier avec des scorpions au lieu du fouet dont se servait son père. Mais il ne s’agit pas d’un supplice légal. Quelques interprètes pensent que le scorpion est un bâton noueux ou armé de pointes. S. Isidore de Séville, Etymol., V, xxvii, 18, t. lxxxii, col. 212. Mais il est beaucoup plus probable que le scorpion était un fouet armé de pointes de fer. Voir Fouet. — 2° Le supplice de la flagellation est mentionné pour la première fois dans II Mach., vii, 1 ; il est infligé aux sept frères par ordre du roi Antiochus, pour les forcer à sacrifier aux idoles. On les frappe à l’aide de fouets et de nerfs de bœuf. Quand, à une époque qu’il est’impossible de déterminer, la flagellation fut infligée aux transgresseurs de la Loi, à la place de la bastonnade, le nombre des eoups fut diminué. La Loi, en effet, fixait un maximum de quarante coups, que les pharisiens par scrupule avaient réduit à trente-neuf. Le

fouet ayant trois lanières, on n’en donnait que treize coups. Josèphe, Ant. jud., IV, viii, 21 (note de Éd. Bernard, édit. Havercamp, in-f°, Amsterdam, 1720, p. 237). D’après le Talmud de Jérusalem, la flagellation était le premier degré des châtiments infligés pour les infractions à la Loi. Talmud, trad. Schwab, in-8°, Paris, 18771890, t. i, p. 58 ; t. ii, p. 300 ; t. iii, p. 72-73 ; t. viii, p. 161, 179 ; t. ix, p. 65, 75-78, 91-94. On l’appliquait aussi aussi en punition des faux serments. Ibid., t. XI, p. 127. Avant de l’appliquer, on devait examiner si le patient pouvait la supporter. Ibid., t. xi, p. 93. — 3° NotreSeigneur prédit à ses disciples qu’ils seront flagellés par les Juifs. Matth., x, 17 ; xxiii, 34. Il annonce par avance qu’il le sera lui-même avant d’être crucifié. Matth., xx, 19 ; Marc, x, 34 ; Luc, xviii, 32, 33. Le Sauveur fut, en effet, soumis à ce douloureux supplice par ordre de Ponce Pilate. Les évangélistes n’entrent dans aucun détail. Matth., xxvii, 26 ; Marc, xv, 15 ; Joa., xix, 1. Aussi les interprètes discutentils la question de savoir avec quel genre de fouet le Sauveur fut frappé. Voir Fouet. Il est en tous cas certain qu’il fut frappé avec des fouets et non avec des verges. En effet, le fouet était réservé aux esclaves comme le supplice de la croix, tandis que les citoyens romains étaient battus de verges. La flagellation était un supplice dégradant. Pollux, Onomast., m, 79 ; Aristophane, Equit., 1228 ; Plaute, Captiv., iii, 4, 68 ; Térence, Adelph., v, 2, 6 ; Digeste, XLVIII, xix, 10 ; xxviii, 2. Notre-Seigneur a donc vraiment revêtu la forme de l’esclave en se soumettant à la flagellation. Le patient était dépouillé de ses vêtements et souvent attaché par les mains à un anneau fixé à une colonne basse, de façon à tendre le dos aux bourreaux. Act., xvi, 22 ; Denjs d’Halicarnasse, ix, p. 596 ; Aulu-Gelle, Noct. att., x, 3 ;

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667. — Colonne de la Flagellation, conservée à l’église

de SaintePraxède, à Rome.

D’après Kohault de Flenry, Mémoire sur les instruments

de la Passion, pi. xxii.

Plaute, Bacch., IV, vii, 25. Les évangélistes ne parlent pas de la colonne, mais il en est question dans la tradition dès les temps les plus reculés. Le pèlerin de Bordeaux de 333 dit qu’on la conserve dans la maison de Caïphe, à Sion. Anonymi itinerarium, Patr. lat-, t. viii, col. 791. La Peregrinatio Sylvix, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, p. 95, la mentionne au même endroit. Au temps de saint Jérôme, Epist. cviii, 9, t. xxii, col. 884, on la montra à sainte Paule, dans le portique de l’église de Sion. Cassiodore. Overa, t. lxx, col. 021, la cite parmi