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FONTAINE — FOREIRO


du ciel, s’infiltrant dans les couches légères du sol ou à travers les fissures des roches calcaires, puis tombant sur un terrain imperméable, ne formaient ces réservoirs qui abreuvent les hommes et les animaux, nourrissent la végétation, donnent naissance aux rivières et aux fleuves. Plus nombreuses et plus abondantes autrefois qu’aujourd’hui, elles faisaient de la Terre Promise une contrée délicieuse, que Moïse appelle justement « une honne terre, une terre pleine de ruisseaux et de fontaines, où les sources des fleuves répandent leurs eaux en abondance dans les plaines et le long des montagnes ». Deut., vin, 7. Ce trait caractéristique devait d’autant plus frapper les Hébreux, qu’il contrastait davantage avec l’aspect du désert où ils avaient longtemps erré et qui ne leur avait offert que de rares oasis. Les sources étaient d’autant plus précieuses, que les rivières en ce pays ne sont pour la plupart que temporaires : les ouadis qui descendent de la montagne, impétueux en hiver, se dessèchent pendant l’été et ne ressemblent plus qu’au lit d’un antique cours d’eau depuis longtemps disparu. Les habitants n’avaient donc pas, comme dans nos régions, le loisir de bâtir leurs villes et leurs villages près d’un fleuve ou d’un ruisseau qui leur assurerait toujours une provision nécessaire. Voilà pourquoi ils choisirent le voisinage des fontaines, suppléant à leur insuffisance par les puits et les citernes. Les sources, les plus riches surtout, sont donc un des indices les plus certains de l’antiquité d’une localité. Nous avons vii, du reste, comment elles ont contribué à la dénomination d’un certain nombre d’endroits. Plusieurs villes, comme Béthulie, « taient alimentées d’eau par diverses sources à portée des murs, et par une source principale mise en communication avec la place par un aqueduc. Judith, vii, 6, 7. En temps de guerre, les assiégés avaient soin de soustraire à l’ennemi l’usage de ces fontaines, comme, de leur côté, les assaillants s’empressaient de les garder et d’en défendre l’accès, puis de couper le canal qui les reliait à la ville. II Par., xxxii, 3, 4, 30 ; Judith, vii, 6-10. On alla souvent capter des sources assez éloignées pour en amener l’eau dans les cités qui, bâties à une certaine altitude, manquaient plus ou moins d’eau potable. Ce fut le cas pour Jérusalem, qui, ne possédant que les fontaines de Gihon et de Rogel, recevait les eaux de Aïn Ourtas, Ain Moghâret, Aïn Aroub, sur la route d’Hébron. Voir Aqueduc, t. i, col. 797.

Les sources sont encore nombreuses en Palestine, surtout au pied des collines et dans certaines vallées ; elles le sont plus dans le nord que dans le sud. On en trouve tout un groupe auprès de l’ancienne Mageddo ( El-Ledjdjoun), qui alimente le Cison. Celles qui donnent naissance au Jourdain, près d’Hasbéya, à Banias, à Tell el-Qadi, sont ce qu’on peut voir de plus remarquable. Voir Césarée de Philippe, col. 450 ; Dan 3, col. 1240. La fontaine d’Harad (Aïn Djaloud), Jud., vii, 1, mérite aussi d’être mentionnée. VoirHARAD.Un très grand nombre de localités ont comme premier élément de leur nom le mot’Aïn, Aïn Karim (Carem), ’Aïn Qadis (Cadès), etc., et sont, en effet, caractérisées par des sources plus ou moins abondantes. Ce n’est cependant pas toujours un indice certain ; plusieurs, comme Aïn Scltems, l’ancienne Bethsamès, n’ont pas de fontaine. Voir dans Robinson, Physical Geography of the Holy Land, in-8°, Londres, 1865, p. 221-240, l’énumération des principales fontaines de la Palestine, à l’ouest et à l’est du Jourdain. Malgré cela, la Terre Sainte paraît à presque tous les voyageurs un pays aride et desséché. Saint Jérôme lui-même, In AmoSj iv, 17, t. xxv, col. 1029, disait que, « dans les lieux où il habitait, il n’y avait, à part de petites fontaines, que de l’eau de citerne, et que, si la colère divine suspendait les pluies, il y aurait plus danger de souffrir de la soif que de la faim. » Le saint docteur pouvait éprouver cet étonnement et parler ainsi en venant de nos contrées occidentales, si bien arrosées. D’un autre coté, les voya DICT. DE LA BIELE.

geurs n’ont souvent traversé ce pays que pendant l’été, où les petites sources tarissent facilement. Enfin l’état d’abandon dans lequel cette contrée est tombée depuis longtemps, et qui a fait négliger l’entretien des fontaines et des canaux ; le déboisement surtout, qui a influé sur le régime des eaux, telles sont les causes qui peuvent expliquer la pauvreté du pays sous ce rapport. Voir Forêts. Et pourtant, il est plus d’un coin qui montre encore combien était juste la description de Moïse.

IV. Sources thermales. — Dans les contrées volcaniques de la Palestine, à l’est de la mer Morte, sur les bords du lac de Tibériade, on rencontre des sources thermales. Les plus célèbres sont celles de Callirrhoé et d’El-Hammâm. Voir Cali.irhoé, col. 69 ; Éiiath 3, col. 1720. — Les fontaines sont quelquefois recouvertes d’une construction plus ou moins antique ; l’eau s’écoule sous une arcade ogivale et tombe dans un bassin où l’on vient la puiser. C’est là que les femmes, portant gracieusement la cruche sur leur tête, s’en vont faire la provision du ménage ; là qu’on peut contempler des groupes qui rappellent les scènes les plus poétiques de la Bible, comme celle de Rébecca et d’Eliézer. Gen., xxiv. Voir lig. 78, La Fontaine de la Vierge, à Aïn Karim, col. 267 ; fig. 575, La Fontaine des Apôtres, col. 1816. — Sur la source d’eaux chaudes trouvée dans le désert par Ana, voir Ana 2, t. i, col. 532-533, — Porte de la Fontaine, voir t. iii, col. 1365. A. Legekdre.

2. FONTAINE Nicolas, littérateur français, janséniste, né à Paris en 1625, mort àMelun le 28 janvier 1709. Vers l’âge de vingt ans, il se plaça sous la direction des solitaires de Port-Royal et devint le secrétaire d’Arnauld et de Le Maistre de Sacy. Avec ce dernier, il fut, le 13 mai 1666, enfermé à la Bastille, d’où il ne sortit qu’à la fin d’octobre 1668. À partir de ce moment, il se tint dans une prudente réserve, et presque tous ses écrits parurent sans nom d’auteur ou sous des pseudonymes. Parmi ces écrits : Psautier de David traduit en français, avec des notes courtes tirées de saint Augustin et des autres Pères, in-12, Paris, 1674 ; dans la première édition, les notes sont en latin ; dans les suivantes, elles furent publiées en français ; Explication de saint Augustin et des autres Pères latins sur le Nouveau Testament, 2 in-8°, Paris, 1675 : 2e édition augmentée, 2 in-4°, Parij, 1682 ; Abrégé de saint Jean Chrysostome sur l’Ancien Testament, in -.12, Paris, 1688. Nicolas Fontaine eut en outre une grande part, sinon la part principale, dans la composition de YHistoire du Vieux et du Nouveau Testament représentée avec des figures et des explications tirées des saints Pères. Il travailla à cet ouvrage bien connu sous le nom de Bible de Royaumont avec Le Maistre de Sacy, pendant leur captivité à la Bastille. Nicolas Fontaine traduisit beaucoup d’écrits des Pères de l’Église, parmi lesquels les Homélies de saint Jean Chrysostome sur le Nouveau Testament. Cette dernière traduction souleva de violents orages, et son auteur fut accusé d’avoir fait de saint Jean Chrysostome un nestorien et un janséniste : aussi futil condamné d’abord par l’archevêque de Paris, puis par le Souverain Pontife, le 7 mai 1687. Nicolas Fontaine reconnut ses erreurs et se soumit à ces condamnations le 4 septembre 1693. — Voir Dictionnaire des livres jansénistes, t. ii, p. 236 ; t. iii, p. 328 ; t. iv, p. 7 ; Quérard, La France littéraire, t. iii, p. 149.

B. Heurtebize.

FONTE DES MÉTAUX. Voir Métaux.

    1. FOREIRO##

FOREIRO (FORERIUS) François, théologien portugais de l’ordre des FrèresPrêcheurs, né à Lisbonne en 1523, mort à Almada, près de Lisbonne, le 10 janvier 1587. Il appartenait à une famille noble du Portugal et, son noviciat terminé, fut envoyé étudier à Paris. De retour dans son pays vers 1540, il fut chargé de l’éducation de l’infant don Antonio et, en 1561, fut

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