Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

233c

FOULON

FOUR

2336

Enfin on les pliait et on les mettait sous presse. La plupart de ces opérations sont représentées sur deux basreliefs du Musée de Sens (fig. 687 et 688), et sur les peintures de la maison du foulon à Pompéi. A. Baumeister, Denkmâler des classischen Altertums, in-4°, Munich, 1888, p. 2084, fig. 2327-2331. E. Beurlier.

2. FOULON (CHAMP DU), à Jérusalem. Voir Champ 3, col. 529.

3. FOULON (HERBE DU). Voir Borith, t. i, col. 1853.

FOUR (hébreu : kibsdn, kûr, kir, tannûr ; chaldéen : ’attùn ; Septante : v.â|xivoç, xXîgavoç ; Vulgate : fornax, caminus, clibanus), appareil dans lequel on concentre une chaleur suffisante pour fondre les métaux, calciner la pierre, cuire l’argile et le pain, etc. La Sainte Ecriture mentionne plusieurs espèces de fours ou fournaises.

I. Le four à pain. — Il porte toujours le nom de tannûr, xXioavoç. — 1° Le four du boulanger égyptien consistait en un grand vase conique ouvert à la base et au sommet, et posé à terre sur sa base la plus large. On allumait du feu à l’intérieur, et, quand le vase était chaud, on appliquait à l’extérieur les pains tout plats, qui cuisaient ainsi très vile. Une peinture du tombeau de Ramsès III (fig. 689) nous fait comprendre cette manière de procéder. Rosellini, Monumenti civili, pi. lxxxvi, 8.

688. — Four égyptien. Tlièbes. D’après Wilkinson, Alanners, t. ii, p. 34.

Cf. Ebers, Aegypten und die Bûcher Moses, Leipzig, 1868, p. 332. Dans d’autres fours, après avoir chauffé, on mettait les pains à l’intérieur, par l’orifice d’en haut, sur des plaques de terre cuite, sur des pierres chauffées ou même directement sur les cendres encore brûlantes. On comprend alors la plainte du boulanger : « Le boulanger pétrit, met les pains au feu ; tandis que sa tête est dans l’intérieur du four, son fils le tient par les jambes ; s’il échappe aux mains de son fils, il tombe dans les flammes. » Papyrus Anastasi, n° II, pi. vu. Pendant la deuxième plaie d’Egypte, les grenouilles se répandirent jusque dans les fours et les pétrins, rendant ainsi presque impossibles la fabrication et la cuisson du pain. Exod., viii, 3. — 2’Le four à pain des Hébreux avait la même forme que celui des Égyptiens, avec des dimensions plus ou moins grandes. Ce genre de fours est encore en usage en Palestine et en Arabie. On l’utilise de différentes manières. C’est parfois une simple cruche qu’on chauffe à l’intérieur, et à l’extérieur de laquelle on applique ensuite la pâte dont on fait le pain et les gâteaux généralement très plats. D’autres fois, le four est plus grand et atteint de quatre-vingts centimètres à un mètre de hauteur. Il peut être muni d’un couvercle qui empêche la déperdition de la chaleur. Quand il est bien chauffé, o-n met la pâte soit sur des cailloux disposés dans le fond, soit sur les parois intérieures du four. Assez ordinairement, on’commence par allumer le feu, et c’est seulement quand il est à l’état de brasier ardent qu’on place le four pardessus. « En Galilée, le four est une cloche de terre cuite, large de quatre-vingts centimètres, haute de quarante, dont le sommet s’ouvre en soulevant un gros tampon d’argile. Il se chauffe par le dehors ; la braise et les cendres chaudes qui le recouvrent ne s’éteignent jamais. A l’intérieur est un lit de gravier, sur lequel on dépose le pain en introduisant dans l’ouverture la main entourée d’un linge mouillé. Dans les villages, chaque maison a son four sous une cahute de branchages et de boue. » Jullien, L’Egypte, Lille, 1891, p. 264. Cf. de la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 192-195 ; Niebuhr, Beschreibung von Arabien, Copenhague, 1772, t. i, p. 74 ; Pierotli, La Palestine actuelle dans ses rapports avec l’ancienne, Paris, 1865, p. 211. — Les Hébreux chauffaient le four avec du bois, Is., xliv, 15 ; des bouses d’animaux, Ezech., iv, 15, et des herbes desséchées. Matth., vi, 30 ; Luc, xii, 28. — Jérémie dit que, par l’ardeur de la faim, la peau « est brûlante comme un four », Lam., v, 10, c’est-à-dire comme cette surface extérieure du four sur laquelle on appliquait le pain à cuire. Osée, vu, 4, 6, 7, compare les impies d’Israël à un four que chauffe le boulanger : « Il cesse d’attiser le feu depuis qu’il a pétri la pâte jusqu’à ce qu’elle lève… Toute la nuit le boulanger dort, et au matin le four brûle comme un brasier ardent. » Ainsi les méchants ont un cœur dans lequel couve sans cesse le feu des passions prêtes à tout dévorer. Le four servait pour cuire le pain et les gâteaux. Lev., ii, 4 ; vii, 9. Aussi, quand le four, tannûr, et le foyer, kiraylm, étaient souillés par le contact d’un animal mort, il fallait les détruire l’un et l’autre. Lev., xi, 35. Chaque famille possédait son four. Pour faire comprendre ce que le peuple aura à souffrir de la famine, en punition de son infidélité, Moïse prédit que « dix femmes cuiront leur pain dans un seul four », Lev., xxvi, 26, le pain étant si rare qu’un seul four suffira pour dix familles. — Isaïe, xxxi, 9, dit que Jéhovah « a son feu dans Sion et son (annûr dans Jérusalem », pour signifier qu’il est là chez lui, dans sa demeure particulière, et qu’il saura la défendre contre l’Assyrien.

II. Le four à chaux. — C’est une construction cylindrique ou conique, ouverte par le haut, dans laquelle on entasse du combustible et de la pierre calcaire. Celle-ci, sous l’action de la chaleur, donne de la chaux qui servira à faire des enduits, à cimenter des matériaux, etc. Voir col. 642. Isaïe, xxxiii, 12, dit que les peuples ennemis seront comme des « fournaises de chaux », c’est-à-dire consumés par la colère divine semblable au feu du four à chaux. — Les auteurs sacrés prennent plusieurs fois comme terme de comparaison le feu des grandes fournaises, sans qu’on puisse déterminer s’ils ont en vue le four à chaux ou les fours à métaux et à briques. Dans l’un et l’autre cas, la signification est la même. Ils comparent donc au feu et à la fumée qui s’échappent de la fournaise le feu céleste qui apparut entre les victimes offertes par Abraham, Gen., xv, 17 ; les flammes qui s’élevèrent au-dessus des villes maudites, Gen., xix, 28 ; les nuées ardentes qui couvrirent le Sinaï, Exod., xix, 18 ; la vengeance divine qui doit consumer les méchants, Ps. xx (xxi), 10 ; Mal., iv, 1 ; le lieu du supplice éternel, Matth., xiii, 42, et le puits de l’abîme. Apoc, ix, 2.

III. Le four à métaux. — On y réduit par la chaleur les oxydes métalliques pour en dégager le métal, ou l’on y fond le métal précieux afin de l’épurer. Quand l’opération se fait en petit, on se sert du creuset. Voir Creuset, col. 1117. — 1° Dans le four, on opère sur de plus grandes quantités. On fond l’or et l’argent. Prov., xll, 3 ; xxvii, 21 ; Sap., iii, 6 ; Ezech., xxii, 18, 20, 22. On prépare le bronze, Apoc, r, 15, et le fer. Ezech., xxii, 18. L’auteur de l’Ecclésiastique, xxxviii, 29, dit du forgeron : « Assis près de son enclume, il examine le fer qu’il