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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1220

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FRANÇAISES (VERSIONS) DE LA BIBLE


loppée et allongée. La copie est pleine de fautes grossières. Le Psautier, qui représente un texte très corrompu et plusieurs fois retouché, se place parmi les dérivés de la Bible du xm a siècle. Le texte de la version est nouveau et indépendant de la tradition courante. Il est impossible d’en déterminer l’âge et la provenance. — 2° Un autre fragment de Bible picarde existe dans le manuscrit n° 29 de la bibliothèque communale d’Amiens, qui est du xve siècle ; il contient les Actes, les Épitres et l’Apocalypse. LeNouveau Testament tout entier se retrouve dans le petit manuscrit G 175 de Zurich ; mais le texte est moins pur. Il n’est peut-être pas antérieur au xve siècle. L’Apocalypse, dont toutes les notes sont empruntées à la Glose ordinaire et à la Glose interlinéaire, pourrait bien être en rapport avec l’ancienne version normande telle qu’elle se trouve dans le manuscrit, de Trinity Collège.

— 3° Le Psautier lorrain. — Il est. représenté par quatre manuscrits : le premier, qui est incomplet, porte le n° 798 à la bibliothèque Mazarine ; le deuxième, Harléien 4327, date de 1365 et présente quelques différences de langage ; le troisième, fr. 9572, du xive siècle, contient un texte plus bref et sensiblement divergent ; le quatrième, n° 189 de la bibliothèque d’Épinal, du xve siècle, n’a que les Psaumes de la pénitence, et son dialecte est beaucoup plus populaire et se rapproche davantage du patois lorrain. Même dans sa forme la plus simple, ce Psautier est une œuvre composite, qui se rattache tour à tour à un texte ou à un autre et souvent en juxtapose plusieurs sans choisir. En général, il ressemble fort au Psautier de Raoul de Presles, et, comme celui-ci, il se place à côté de la souche commune de la plus grande famille des Psautiers français. Aucun des manuscrits connus ne représente la forme primitive de cette compilation. Celle-ci, qui n’est pas déterminée, est à chercher en dehors de la Lorraine et semble n’avoir rien de commun avec le Psautier messin du xii « siècle. La ressemblance frappante avec le Psautier de Raoul de Presles permet de chercher en France la source du Psautier lorrain, dont l’auteur n’aurait fait que changer le dialecte. Ce Psautier, avec les cantiques et les prières qui le suivent, a été édité deux fois, par F. Apfelstedt, Lothringischer Psalter, dansW. Fœrster, Altfranzôsische Bibliothek, t. iv, in-12, Heilbronn, 1881, et par F. Bonnardot, Le Psautier de Metz, t. i, in-12, Paris, 1885. — 4° Une version du Nouveau Testament, faite au xve siècle, nous a été conservée par un manuscrit de Louis de Bruges, fr. 907. C’est à peine un texte nouveau, car on constate à toutes les pages l’inlluence de la version du xm 8 siècle, qui s’entrevoit, pour ainsi dire, par transparence à travers le style du rédacteur. — 5° Une traduction des Épitres de saint Paul, de la même époque, nous est parvenue dans un petit manuscrit de la fin du xve siècle, provenant de Mons et gardé à la bibliothèque royale de Bruxelles, n°4619. Elle n’a rien de commun avec les anciens textes. — 6° Une dernière version picarde a peu d’intérêt ; elle s’étend de la Genèse à la fin des livres des Rois et date de 1462. Elle existait en deux volumes à la bibliothèque du collège de Navarre, R. Simon, Critique de la Bibliothèque de Du Pin, t. i, 1730, p. 392-397, maintenant à la bibliothèque Mazarine, n os 630 et 631. Sur tout ce qui précède, voir S. Berger, La Bible française au moyen âge, in-8°, Paris, 1884.

V. Versions du xvi « siècle. — 1° Traduction de Le Faire d’Étaples. — En 1523, l’imprimeur parisien Simon de Colines publia, d’abord par parties, puis en un volume petit in-8°, une traduction anonyme du Nouveau Testament. On ne peut douter que Jacques Le Fèvre d’Étaples n’en soit l’auteur. Il l’avait entreprise à l’instigation de deux princesses de France, Louise de Savoie et Marguerite d’Angoulême, et pour leur édification. Il ne s’était proposé que de revoir et de conférer avec le texte latin la Bible de Jean de Rély. De fait, il a traduit cependant quelques passages directement sur le texte grec. Néan moins il reste, en somme, fidèle à la Vulgate. La faculté de théologie de Paris avait censuré dès le 26 août 1523 la traduction des Évangiles, qui avait été imprimée le 8 juin précédent. Mais, grâce à la protection de François I er, la version des autres livres du Nouveau Testament put être publiée avant la fin de la même année. Elle fut réimprimée souvent, et de 1524 à 1543 il en parut douze rééditions, tant à Bâle et à Anvers qu’à Paris même. En 1525, Le Fèvre d’Étaples travaillait à traduire les Psaumes, et malgré bien des traverses il terminait en 1528 sa version de tout l’Ancien Testament. Elle parut à Anvers en sept parties successives, de 1528 à 1530, et en un volume in-folio, en 1530. Le Fèvre d’Étaples a traduit directement sur la Vulgate les livres historiques de l’Ancien Testament, qui n’avaient encore été imprimés que d’après la Bible historiée ; mais pour le Psautier et les autres livres, il dépend dans une certaine mesure de la Bible de Jean de Rély, qu’il n’a fait que revoir. Ainsi donc Le Fèvre a fait disparaître le premier les gloses qui étaient restées jusqu’alors dans le texte des versions françaises de la Bible ; il a cherché à éclaircir le sens de beaucoup de passages, et à la fidélité de l’interprétation il a joint une certaine élégance de style. Une troisième et une quatrième éditions parurent en 1534 et en 1541, avec d’importantes corrections. Le texte y était revisé en plusieurs passages sur les originaux ; quelques phrases propres à la Vulgate étaient supprimées ou mises entre crochets. Comme certaines notes favorisaient le protestantisme, ces deux éditions furent mises à l’Index en 1546, et recherchées par ordre du duc d’Albe pour être détruites avec tant de soin, qu’il en reste à peine quelques exemplaires. Le Nouveau Testament fut plusieurs fois imprimé à part. R. Simon, Lettres choisies, 2e édit., in-12, Amsterdam, 1730, t. iv, p. 95-101 ; Id., Histoire critique du Vieux Testament, Rotterdam, 1685, p. 332-333, et Histoire critique des versions du Nouveau Testament, Rotterdam, 1690, p. 325-329 ; Id., Critique de la Bibliothèque de Du Pin, Paris, 1730, t. i, p. 570-576, 726-729 ; E. Pétavel, Là Bible en France, Paris, 1864, p. C6-83, 119-123 ; S. Berger, La Bible au xvi* siècle, Paris, 1879, p. 35-37 ; A. Laune, La traduction de l’Ancien Testament de Le Fèvre d’Étaples, Paris, 1895 ; P. Quiévreux, La traduction du Nouveau Testament de Le Fèvre d’Étaples, Paris, 1894 ; H. Graf, Jacobus Faber Stapulensis. Fin Beitrag fur Geschichte der Beformation in Frankreich, dans Niedner’s Zeitschrift fur hist. Théologie, t. xxii, 1852.

Deux théologiens de Louvain, Nicolas de Leuze et François van Larben, corrigèrent la version de Le Fèvre, la mirent d’accord avec la Vulgate et l’éditèrent in-folio, à Louvain, en 1550. Cependant quelques-unes de leurs corrections étaient empruntées à la Bible protestante d’Olivetan. La deuxième édition, faite en 1572, reproduit la première, sauf quelques améliorations de style et de nouveaux emprunts à Olivetan. Une troisième édition parut en 1578, avec une épître dédicatoire de Jacques de Bay, dans laquelle il déclare avoir mis le plus grand soin à donner une version fidèle de la Vulgate. La Bible de Louvain fut réimprimée très souvent, à Anvers, à Louvain même, à Paris, à Rouen et à Lyon, et elle a eu de la vogue pendant plus d’un siècle dans tous les pays de langue française. Comme la Bible protestante de Genève, dont nous allons parler, dépend de la version de Le Fèvre d’Étaples, on a cru longtemps que les docteurs de Louvain n’avaient fait que la reviser. On ne connaissait pas alors les relations qui existent entre la Bible de Louvain et la version de Le Fèvre. La Bible éditée à Paris, en 1C08, par Pierre de Besse (voir t. i, col. 1642), et dédiée à Henri IV ; celle de Jean-Claude Deville, publiée en 1613, et celle de 1620, faile par Pierre Frizon, chanoine de Reims, aussi bien que le Nouveau Testament, édité par François Véron, Paris, 1647, ne sont que des revisions de la Bible de Louvain. R. Simon, Histoire critique des