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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/1247

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FUMEE — FUNÉRAILLES


dile, Job, xli, 12 ; les bêtes au moyen desquelles Dieu effrayait les Égyptiens idolâtres, Sap., xi, 19 ; les chevaux malfaisants de l’Apocalypse, ix, 17, 18. Cette vapeur que les animaux lancent ainsi, cf. Martial, vi, 24, 8, étant un signe de colère, la comparaison est étendue jusqu’à Dieu. La colère de Dieu « fume » contre ceux qui transgressent sa loi. Deut, xxix, 20. Quand Dieu irrité apparaît pour châtier les ennemis du juste,

La fumée s’élève dans ses narines

Et le feu dévorant sort de sa bouche.

Ps. xvii (xviii), 9. De même, pour décrire la colère de Dieu contre son peuple, le Psalmiste dit encore : « Ton nez fume contre le troupeau de ton pâturage. » Ps. lxxiii (lxxiv), 1. — Sur le mot’âsân devenu nom propre, voir

Àsan, t. i, col. 1055.

H. Lesêtre.
    1. FUMIER##

FUMIER (hébreu : domén, madmênâh, ’aspôt ; chaldeen : nevàli ; Septante : xoitpfa ; "Vulgate : slercus, sterquilinium ), amas de détritus principalement formés de paille pourrie et de déjections des animaux. — 1° Le fumier est étendu à la surface des champs pour les fertiliser. Le sel affadi ne serait pas même bon à être mêlé au fumier. Luc, xiv, 35. À côté du tas de fumier se trouvait quelquefois une mare à fumier ou fosse à purin, dans laquelle se déversait le liquide provenant du fumier. Parfois la paille trempait dans cette mare ety était macérée par les pieds des animaux qui y passaient et par l’action du liquide. Isaïe, xxv, 10, dit que Moab sera trituré comme dans une mare à fumier, dans laquelle il cherchera en vain à nager pour se sauver. Le fumier s’appelle ici madmênâh, mot qui n’est employé qu’en cet endroit, et que Symmaque et la paraphrase chaldaïque traduisent par « boue », it7|Xôc, tînâ’. Au lieu de n : aia, les Septante et

la "Vulgate ont lu nasna, mérkâbâh, « |xal|a, plaustrum,

lourd chariot à porter des fardeaux. Saint Jérôme, In Isaiam, viii, 26, t. xxiv, col. 292, explique que le prophète fait ici allusion à un usage oriental. « À cause de la rareté des prairies et du foin, on fait subir une préparation à la paille pour la nourriture des animaux. On a des chariots ferrés qui font tourner des roues centrales armées de dents pour broyer le chaume et le réduire en menue paille. » Mais ce sens ne paraît pas être celui du texte primitif. Tout d’abord, en hébreu le chariot se nomme’âgâlâh, voir Char, col. 590, et, dans les endroits où il est employé, le mot mérkâbâh ne désigne jamais le chariot, mais soit le char de parade, Gen., xli, 43 ; xlvi, 29 ; I Reg., viii, 11 ; Il Reg., xv, 1, etc., soit surtout le char de guerre. Exod., xv, 4 ; Joël, ii, 5 ; Mich., v, 9, etc. Ensuite la traduction des Septante et de saint Jérôme laisse de côté le mot maïm, « eau, » qui se lit en hébreu avant madmênâh. Enfin, l’idée de natation, qui suit immédiatement, appelle beaucoup plus naturellement celle de mare que celle de chariot. — 2° Le roi de Babylone menace de réduire en fumier, nevâlî, la maison de ceux qui résisteront à sa volonté. Dan., ii, 5 ; iii, 29. Les maisons chaldéennes étaient ordinairement construites en briques crues, formées d’argile et de paille, dont les différentes assises étaient assez souvent séparées par un lit de paille ou de joncs. Voir t. i, eol. 1930 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 624, 625. Quand on renversait ces maisons, les décombres formaient un mélange que la pluie délayait, entraînant une partie de l’argile à l’état de boue, pourrissant la paille et les joncs, et ne laissant bientôt plus sur le sol qu’un tas de fumier. — 3° Les fumiers, accumulés auprès des endroits habités, ont donné leur nom à une porte de Jérusalem, sa’ar hâ-aSpôf, porta sterquilinii, II Esdr., ii, 13, et à différentes villes, Damna (dimnâh), Jos., xxi, 35 ; Medemena (madmannâh), Jos., xv, 31 ; (madmênâh), Is., x, 31, et Madmèn, nommée seulement en hébreu. Jer., XLvm, 2. Voir ces mots. Sur le fumier de Job, ii, 8, voir

Cendre, col. 407, 3°. — 4° Le fumier est une chose basse et vile. « Embrasser le fumier, » Lam., iv, 5, s’y attacher comme à son dernier refuge, cf. Job, xxiv, 8, c’est être réduit à la plus extrême misère. « Élever du fumier un pauvre, » I Reg., ii, 8 ; Ps. cxm (cxiv), 7, c’est le tirer de la plus infime condition. — 5° On dit d’un cadavre abandonné sans sépulture qu’il est « comme un fumier à la surface du champ ». Ps. lxxxih (lxxxii), 11 ; IV Reg., ix, 37 ; Jer., viii, 2 ; ix, 22 ; xvi, 4 ; xxv, 33.

H. Lesêtre.
    1. FUNÉRAILLES##

FUNÉRAILLES, ensemble des rites et cérémonies qui s’observent aux obsèques. Le terme latin funus, qui désigne la cérémonie des funérailles et, dans un sens large, l’ensemble des rites observés depuis le décès jusqu’à l’inhumation, ne se rencontre que deux fois dans la Vulgate, Gen., xxiii, 3, et Num., vi, 7 (plus une fois res funebris, Deut., xxvi, 14), et encore répond-il au mot « mort » du texte hébreu. On se sert habituellement du terme sepelire et du grec Oâitxeiv, traduction de l’hébreu qâbar, pour exprimer d’une façon générale l’ensemble des cérémonies des funérailles. Gen., xxiii, 4, 6, 8, 11, 13, 19 ; xxv, 9 ; xxxv, 8, 29, etc.

I. En Egypte. — Les jours de l’embaumement ont pris lin, et la momie est rentrée dans sa maison ; durant tout ce temps et quelques jours encore, jusqu’au moment fixé pour les funérailles, la famille du défunt est demeurée dans le deuil. Voir Embaumement et Deuil. La momie est exposée sur le lit funèbre, sous lequel sont disposés les vases canopes renfermant les entrailles ; les parents et les amis convoqués se sont réunis tout autour ; la famille par des lamentations et des scènes déchirantes semble vouloir retenir le défunt ; mais l’heure est venue pour lui de quitter sa demeure terrestre, pour aller rejoindre « la demeure éternelle » qu’il s’est préparée avec tant de sollicitude durant sa vie mortelle. C’est « le matin d’aller cacher sa tête dans la vallée funéraire », comme s’expriment les textes (Papyrus de Boulaq, n° IV, pi. xvii, 13-15) ; le cortège se met en marche. En têle, une longue file de serviteurs, simplement vêtus, portent le mobilier funéraire et les offrandes. Les peintures des hypogées nous représentent sous des formes variées le transport de ces objets, qui doivent meubler la dernière demeure et rester à l’usage du kha ou double qui y séjourne. Vient ensuite le cortège funèbre proprement dit. C’est d’abord un groupe de pleureuses donnant des signes apparents d’une violente douleur ou chantant les louanges du mort, comme les prseficse dans les convois des personnes riches, à Rome. Les peintures funèbres les représentent dans des costumes et des attitudes variés. Le catafalque, sorte de grand coffre ornementé cachant la momie aux regards et placé sur une barque, la barque d’Osiris aux deux pleureuses, Isis et Nephthys, s’avance lentement sur un traîneau tiré par des bœufs, aux côtés desquels marchent leurs conducteurs. En avant du catafalque, un esclave répand sur le sol des gouttes de lait, et un prêtre vêtu de la peau de panthère offre l’encens ou asperge la foule d’eau parfumée. Derrière le traîneau, on voit dans certaines peintures la femme du défunt dans l’attitude de la douleur ; près d’elle s’avance un groupe de pleureuses, et le groupe des parents et amis en costume d’apparat ferme la marche.

Le convoi, traversant les rues de la cité, arrivait au tombeau, ou bien comme à Thèbes descendait au bord du lleuve et le traversait sur une flottille de barques peintes. Cette traversée était le symbole du voyage vers Abydos, que certains avaient la dévotion de faire en réalité. Arrivé en face de la dernière demeure, on dressait la momie sur ses pieds. Un prêtre, un sam, la peau de panthère sur l’épaule, offre de l’encens, un autre des libations. Un troisième, armé de l’instrument symbolique appelé nou (fig. 647, col. 2207), commence la cérémonie mystique de l’ouverture de la bouche ; le lierheb, un rouleau à la main, récite plusieurs formules, qu’on peut lire