Aller au contenu

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
337
338
CASSE AROMATIQUE — GASSIODORE


construction irrégulière et la mesure du vers donnent à penser que qesi’ôt était une explication du mot âhâlôt inconnu, et qu’elle s’est glissée par erreur de la note marginale dans le texte. Qesî’âh serait le nom plutôt chaldéen de la casse, et qiddâh le nom hébreu : qiddâh est toujours rendu dans les Targums par qesiâtà’.

Quelques auteurs, entre autres J. F. Royle, dans Kitto, Cyclopœdia, 1864, t. ii, p. 729, voient dans le qesi’ôt du Ps. xlv, 9, YAucklandia coslus, le xôcjto ; des Grecs, le costus des Latins. Mais il n’y a là qu’une ressemblance de son et encore assez éloignée. L’accord des Septante, de la Vulgate et du chaldéen rend le sens de « casse » beaucoup plus probable, sinon certain. E. Levesque.

    1. CASSIA##

CASSIA (hébreu : Qesiah, « casse [aromatique] ; » Septante : Kao-îa), seconde fille de Job, qui lui naquit après la fin de ses épreuves. Job, xlii, 14. En Orient, on donne volontiers aux jeunes filles des noms de parfums.

1. CASSIODORE (Flavius Magnus Aurelius Cassiodorus Senator) appartenait à une famille d’origine vraisemblablement syrienne, établie à Squillace, dans le Bruttium, au moins dès le milieu du Ve siècle, et qui donna de hauts fonctionnaires à l’administration des derniers empereurs : son père administrait la Sicile en 489, au moment où Théodoric s’empara de l’Italie, et il fut fait par le roi. barbare corrector du Bruttium et de la Lucanie, puis préfet du prétoire, dignité qu’il conserva jusqu’en 507. Cassiodore, qui dut naître vers 490 au plus tard, fut d’abord conseiller du préfet du prétoire, son père, puis successivement questeur, consul en 514, patrice, maître des offices, préfet du prétoire, charges qu’il remplit sous Théodoric († 526) et sous les successeurs de ce prince, Athalaric, Théodahat, Witigès. À cette période politique de sa vie se rattache la composition de son Chronicon, histoire universelle abrégée depuis la création jusqu’en 519 ; son Historia gothica en douze livres, dont nous ne possédons que l’adaptation qu’en a faite Jordanès (Jornandès ) en 551, et qui dut être publiée par Cassiodore entre 526 et 533 ; ses Ëpislolae varias, en douze livres, ou correspondance officielle des princes goths, dont Cassiodore fut le rédacteur élégant et maniéré, correspondance qui s’arrête à l’année 537. C’est vers 537 que Cassiodore se démit de toutes ses charges publiques et se retira à Squillace, près d’un monastère par lui fondé, le Monasterium Vivariense ; il termina là sa vie dans l’étude et la prière. Il publia son De anima après 540, son De institutione divinarum litterarum sous le pontificat du pape Vigile (537-555), enfin son De orthographia, où il témoigne être âgé de quatre-vingt-treize ans, ce qui le fait vivre jusque vers 583. Voir, pour la biographie de Cassiodore, la préface de Th. Mommsen à l’édition des Varise, dans les Monumenta Germanise, Auclor. antiquiss., t. xii, Berlin, 1894, p. v-xi.

Les écrits de Cassiodore relatifs à la Sainte Ecriture appartiennent à l’époque de sa retraite à Squillace. Il nous en a laissé la liste chronologique dans son De orthographia. — 1° In Psalterium expositio, Patr. lat., t. lxx, col. 9-1056. C’est une exposition très développée sur chaque verset de chacun des cent cinquante psaumes du psautier. Le texte commenté par Cassiodore est le texte de la version romaine de saint Jérôme. — 2° De institutione divinarum litterarum, t. lxx, col. 1105-1150. Dans la préface, l’auteur nous apprend qu’alors qu’il était à Rome, voyant « fleurir l’étude des lettres du siècle », il avait « ressenti une vive douleur de ce que les Écritures divines n’eussent point de maîtres publics », et qu’il avait « fait effort avec le bienheureux Agapit, évéque de la ville de Rome (535-536), pour réunir des ressources, afin que dans Rome des professeurs de science chrétienne fussent établis ». Les guerres et les troubles du royaume d’Italie avaient mis à néant ce projet. Il entreprend maintenant d’écrire, « à la façon d’un maître » qui enseigne, « un livre

d’introduction, » introductorios libros, pour ouvrir par un exposé compendieux la série des Ecritures divines : « en quoi, dit-il, je ne donne point mon enseignement personnel ; mais je recommande les opinions des anciens, des latins surtout, puisque, écrivant pour les gens d’Italie, les auteurs romains sont les plus commodes à indiquer. » C’est donc une sorte de manuel biblique que Cassiodore a entendu faire, manuel où il donne quantité de renseignements précieux sur le texte et les éditions de la Bible, ainsi que l’énumération des principaux commentateurs ; il y joint des indications succinctes sur les divers sens du texte sacré, sur la méthode de le comprendre, sur le soin à le copier. Des notions de littérature ecclésiastique, histoire et patrologie, complètent ce manuel, mêlées à des conseils sur la vie religieuse, à des prières : le tout divisé en trente-trois chapitres, en conformité avec les trente-trois années de la vie de Notre -Seigneur : livre attachant et curieux, autant qu’il est précieux pour l’histoire littéraire. — 3° Le commentaire sur l’épître aux Romains est mentionné dans le De orthographia après le De institutione ; pourtant, dans le De institutione, il est énuméré parmi les commentaires déjà publiés : cette contradiction est sans importance. Cassiodore donne ce commentaire comme n’étant pas de lui ; il s’agit d’  « annotations sur les treize épîtres de saint Paul, annotations très répandues et que l’on trouvait dans toutes les mains : on disait qu’elles étaient l’œuvre do saint Gélase, pape de la ville de Rome, homme très docte ». Mais Cassiodore en les lisant a vu qu’elles étaient « empoisonnées par le venin de l’erreur pélagienne ». J’ai, poursuit-il, « expurgé aussi diligemment que j’ai pu le commentaire de l’Épître aux Romains, vous laissant le manuscrit des autres à expurger vous-mêmes. » De instit. , 8, col. 1119. Ce commentaire sur « les treize épîtres » de saint Paul était, en effet, l’œuvre de Pelage lui-même : le texte intégral et non expurgé est dans Migne, t. xxx, col. 645-902. L’édition expurgée de Cassiodore n’a pas été retrouvée, que nous sachions. — 4° Le Liber titulorum de divina Scriptura collectus, ou, comme l’appelle encore Cassiodore, Memorialis, devait être la réunion des sommaires analytiques qu’il avait mis en tête de chacun des livres de son édition de la Bible, comme nous le dirons plus loin. Voir la préface du De orthographia, t. lxx, col. 1241. Cet opuscule, à notre connaissance, n’a pas encore été signalé. — 5° Les Complexiones, dont au siècle dernier Maffei a publié le texte d’après le manuscrit 39 du Chapitre de Vérone, manuscrit du vil" siècle, sont réimprimées dans Migne, t. lxx, , col. 1319-1418. Ce sont de courtes notes sans suite sur les titres et les plus importants versets des Épitres, des Actes et de l’Apocalypse, une façon d’abrégé de commentaire. — 6° V Expositio in Cantica canticorum, t. lxx, col. 1056-1106, attribuée par Migne à Cassiodore, est en réalité une œuvre grecque mise en latin et attribuée par le traducteur ancien à saint Épiphane ; elle a été publiée sous ce nom par Foggini, en 1750, d’après le Vaticanus lat. 5704, manuscrit du vu’siècle.

Cassiodore possédait dans son monastère de Vivarium une bibliothèque importante, y ayant réuni les manuscrits qu’il possédait déjà à Rome, et ayant fait venir de divers côtés, d’Afrique notamment, autant de manuscrits qu’il pouvait. De institut., 8, col. 1120. Cassiodore énumère ainsi diverses éditions de la Bible qu’il a eues dans sa collection. — 1° Une Bible grecque, mentionnée par l’auteur à la suite des Bibles latines ci-dessous, De institut. , 14, col. 1126 : c’était un exemplaire complet ou pandectes, comptant 90 cahiers, soit 720 feuillets, et divisé en 75 livres. — 2° Une Bible latine, exemplaire complet ou pandectes, comptant 53 cahiers, soit 421 feuillets, écrits en caractères assez fins, minutiore manu, et donnant le texte de la Vulgate hiéronymienne. L’Ancien Testament y était divisé en 22 livres, le Nouveau en 27 livres, dans l’ordre suivant : la Loi, les Prophètes, les Hagio-