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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/180

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CASTALION — CASTORS


Il se brouilla avec Calvin à cause des opinions extrêmes de celui-ci sur la prédestination, et aussi à cause du Cantique des cantiques, que Castalion voulait exclure du canon des Écritures, tandis que Calvin voulait le garder. Ce désaccord amena sa disgrâce ; il fut destitué de sa charge et réduit à la misère, jusqu’à ce qu’il se rendît à Bàle, où il fut reçu chez un imprimeur, Jean Oporin, en attendant qu’il devînt maître es arts et lecteur de grec à l’université de cette ville, de 1553 à, 1563, date de sa mort. Ses ouvrages sur la Bible sont : 1° Biblia Veteris et Novi Testamenii ex versione Sebast. Castalionis, Bàle, 1551, version latine d’après l’hébreu et le grec. Castalion la commença à Genève et la finit à Bàle. Il en publia une version française, en 1555. Cette traduction, qui a de grands défauts, fut l’objet de nombreuses et très vives critiques. Elle est remplie d’expressions singulières et hardies, par exemple, genius au lieu de angélus, lotio au lieu de baptismus, respublica au lieu de ecclesia, ce qui constitue parfois de véritables contresens. Il y a aussi dans cette version des tournures recherchées, des phrases surchargées d’ornements et sentant le langage oratoire. La noble simplicité et la force de langage des originaux disparaissent complètement. Castalion corrigea notablement ces défauts dans les éditions suivantes. Cette version est accompagnée de notes critiques qui manifestent chez l’auteur une connaissance étendue du grec, assez médiocre de l’hébreu. La version française de 1555 mérite aussi de sérieux reproches, car, en voulant faire passer dans la traduction toute la force de l’hébreu et du grec, l’auteur en est venu à employer des expressions ridicules : rogné pour circoncis ; la miséricorde fait la figue au jugement pour surpasse la justice, etc. — 2° Delineatio reipublicse judaicx ex Josepho. — 3° Defensio suarum translaiionum Bibliorum et maxime Novi Fœderis contra Th. Bezam. — 4° Nota prolixior in cap. ix Epistolse ad Romanos. Ces trois opuscules ont été ajoutés à la version latine de la Bible éditée à Leipzig, en 1697. — 5°Psalterium reliquaque sacrarum litterarum carmina et precationes, in-8°, Bàle, 1547, avec des notes.— G Jonas propheta heroico carminé descriptus, in-4°, Bàle, 1545. — 7° Dialogorum sacrorum ad linguam et mores puerorum formandos libri iv, Bàle, 1543. Ces trois derniers ouvrages, comme l’indiquent leurs titres, n’ont rien à voir avec l’exégèse. Les Dialogues sacrés ne sont qu’un abrégé de la Sainte Écriture avec une forme dialoguée, et destiné à devenirvun manuel scolaire pour les maisons d’éducation protestantes. M. Buisson, l’historien de Castalion, a compté cent trente éditions de ces Dialogues de 1543 à 1791. Pendant deux siècles ils furent le livre classique de la latinité en Allemagne, ce qui a valu à Castalion le surnom de Lhomond allemand. Le ton y est souvent trop familier ; les noms propres sont parfois défigurés ; enfin on y remarque quelques traces de socinianisme. On a aussi un poème grec de Castalion sur la vie de saint Jean-Baptiste. — Voir Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre, 1515-1563, 2 in-8°, Paris, 1891. On trouve dansl’appendicedecetouvrage, p. 751-772, uneétudesur la Bible française de Castalion, pour le pasteur 0. Douen.

P. Renard.

    1. CASTILLANES##

CASTILLANES (VERSIONS) DE LA BIBLE.

Voir Espagnoles (versions) de la Bible.

    1. CASTILLO##

CASTILLO (Martin del), Frère Mineur, natif de Burgos, lecteur émérite, consulteur de l’Inquisition, provincial de son ordre au Mexique, dans la seconde moitié du xvii 8 siècle, a donné au public : 1° Super Abdiam prophetam, in-4°, Anvers, 1657 ; 2° Super Susannam, et in caput 13 Danielis, imprimés en un même volume, in-f°, Madrid, 1658. Cet ouvrage, tout à la louange de la sainte Vierge, n’est que très indirectement exégétique, ainsi que le suivant : 3° In Debboram de Maria figurata, in-f », Séville, 1678 ; Lyon, 1690. 4° Ars biblica, in-4°, Mexico, 1675. P. Apollinaire.

    1. CASTORS##

CASTORS (Aiosv.o-Jpoi ; Vulgate : Castores). On appelait Dioscures (de Aid ; , « de Jupiter, » et xoûpqi ou xdpot, « fils, » les deux frères jumeaux Castor et Pollux, qui, selon la mythologie, étaient nés de Jupiter et de Léda. On les faisait figurer dans le ciel comme la constellation des Gémeaux. Dans le Nouveau Testament, Dioscures ou Castors est le nom du navire d’Alexandrie sur lequel saint Paul, après avoir été jeté par le naufrage dans l’île de Malte, s’embarqua pour aller en Italie. « Au bout de trois mois, nous nous embarquâmes sur un vaisseau d’Alexandrie, qui avait hiverné dans l’île, et qui avait pour enseigne les Castors. » Act., xxviii, 11. L’enseigne du navire, c’eslà-dire la figure ou emblème qui servait à le distinguer des autres, se plaçait sur la proue et plus précisément sur l’acrostole ou partie proéminente et ornée de la proue. Là aussi se mettait la tutela navis ou image de la divinité sous la protection de laquelle le navire était placé. « À la proue est une partie proéminente qu’on appelle acrostole (àxpo(rt<5Xiov), ou repli (jctu^i’c), ou écubier (ôç6aX(jiô ; ), sur laquelle est inscrit le nom du navire. » J. Pollux, Onomast., i, ix, 3, 2 in-f°, Amsterdam, 1706, t. i, p. 58. Ainsi les navires d’Énée, représentés dans le Virgile du Vatican, portent à la proue l’image sculptée répondant à leur nom. De même sur un très beau bas-relief découvert il y a quelques années parmi les ruines de Porto, près de Rome, les deux navires, qu’on y voyait toucher la terre, avaient sur la pointe de la proue les figures de deux divinités : l’un, l’enseigne de Bacchus ; l’autre, un buste qui semblait être celui du Soleil. Cf. Atti dell’Accademia pontificia romana d’archeologia, 1881, ser. ii, t. i, p. 25. Sur une birème votive trouvée à Palestrina, et aujourd’hui au musée du Vatican, laquelle représente probablement un navire alexandrin, la proue est ornée des deux emblèmes du crocodile et du buste d’Isis. Une peinture de Pompéi (fig. 106) nous montre plusieurs bateaux avec figures à la proue. Enfin, sans parler de beaucoup d’autres exemples qui pourraient être cités, une peinture trouvée dans les fouilles d’Ostie montre un navire marchand qui près de la proue porte écrit son nom : ISIS GEMINIANA. — Le vaisseau alexandrin sur lequel saint Paul fit le voyage de Malte à Syracuse devait donc porter l’image de Castor et de Pollux (fig. 107), sculptée sur la proue, et leur nom écrit en grec : ÀIOSKOTPOI. Quant à la version de la Vulgate, Castores, il est à noter que cette dénomination, commune à ces deux divinités, était adoptée parles anciens, qui avaient coutume d’appeler temple des Castors l’édifice consacré aux deux dieux jumeaux sur le Forum romain, édifice dont il reste encore sur pied trois colonnes d’un style élégant à l’extrémité du Forum, devant la moderne église de Sainte -Marie-Libératrice. Voulant indiquer ce temple, Martial, lib. i, Epigramm. 71, vers. 3, 4, écrivait :

Vicinum Castora canae

Transibis Vestæ virgineamque domum.

Si Castor et Pollux étaient ainsi représentés à la proue des navires, c’est surtout parce qu’ils étaient honorés comme divinités maritimes, puissantes pour préserver du naufrage et protéger les voyageurs. De là de fréquentes allusions dans les poètes aux Dioscures considérés sous ce rapport. Hymn. homer., xxxiv, 6 ; Théocrite, Idyl., xii, 1 ; Horace, Carmina, i, 3, 2 ; iv, 8, 31, etc. Des ex-voto témoignent de la reconnaissance de navigateurs échappés au naufrage par leur protection. M. Albert, Le culte de Castor et Pollux en Italie, in-8°, Paris, 1883, p. 59-60. Dans tous les ports de l’Italie méridionale, Castor et Pollux étaient honorés comme divinités maritimes. A Rhégium en particulier, ou touche saint Paul dans son voyage avant d’arriver à Pouzzoles, Act., xxviii, 13, les monnaies témoignent de ce culte. À Pouzzoles, où aborde l’Apôtre, sur le vaisseau Castor et Pollux, qui venait

! d’Alexandrie, on associait le culte des Dioscures à celui