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CENTURION — CÉPHIRA


III. Bibliographie. — J. Marquardt, De l’organisation i militaire chez les Romains (Manuel des antiquités romaines de Th. Mommsen et J. Marquardt, trad. franc., t. xi), Paris, 1891, p. 65-77 ; A. Millier, Die Rangordnung und das Avancement der Centurionen in der rômischen Légion, dans le Philologus, 1879, p. 126-149 ; Th. Mommsen, Nomina et gradus centurionum, dans YEphemeris epigraphica, t. iv (1879), p. 226-245 ; H. Karbe, De centurionibus romanorum qusestiones epigraphicse, dans les Dissert, philolog. Halenses, t. IV (1880), p. 387-434 ; E. Desjardins, Les centurions, dans les Mélanges Graux, 1884, p. 676-679 ; Gellens Wilford, Observations sur les prinxipiles, ibid., p. 683, 687 ; A. Bouché -Leclercq, Manuel des antiquités romaines, Paris, 1886, p. 327. E. Beurlier.

    1. CÉPHAS##

CÉPHAS (Krjçôéî, de l’araméen NS>3, kêfà’, qui

signifie « pierre » ). Surnom donné par Notre -Seigneur à Simon, prince des Apôtres, comme nous l’apprend saint Jean, i, 42 (texte grec, 43) : « Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas (ce qui est interprété : Pierre). » Ce nom de Céphas ne se lit sous cette forme araméenne dans aucun autre évangéliste. Il est partout ailleurs, dans les quatre Évangiles, appelé « Pierre » (flÉ-rpo ; ) ou « Simon Pierre », « Simon surnommé Pierre. » Matin., iv, 18 ; x, 2, etc. Saint Matthieu, xvi, 18, nous explique pourquoi le Sauveur changea le nom du chef de ses disciples, en nous rapportant ces paroles de Jésus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. » Voir Pierre. Dans tout le reste du Nouveau Testament, saint Paul est le seul écrivain sacré qui désigne saint Pierre par le nom de Céphas. I Cor., i, 12 ; iii, 22 ; IX, 5 ; xv, 5 ; Gal., ii, 9. (Dans le texte reçu [grec et Vulgate], il le nomme Pierre, Gal., i, 18 ; ii, 8 ; [dans le grec seul, la Vulgate portant Céphas] ; Gal., ii, 9, 11, 14. Les éditions critiques de Lachmann, de Tischendorf et d’Oscar de Gebhart, etc., substituent Kviçâç au lléxpot du texlus receptus, Gal., i, 18 ; n, Il et 14.)

L’histoire de l’apôtre saint Pierre sera traitée à l’article Pierre ; nous avons seulement à examiner ici s’il y a deux Céphas ou un seul dans le Nouveau Testament. -^1° Un certain nombre d’interprètes admettent que, dans l’Épître aux Galates, le Céphas dont parle saint Paul, ii, 11-14, n’est pas Simon Pierre, mais un disciple des Apôtres. Saint Jérôme mentionne déjà cette opinion pour la combattre. In Gal., ii, 11, t. xxvi, col. 340-341. Elle avait été soutenue par Clément d’Alexandrie, d’après Eusèbe, H. E., i, 12, t. xx, col. 117. Le Pseudo-Dorothée lui donna de la consistance en écrivant dans son catalogue apocryphe des disciples de Jésus : « Céphas, surnommé Pierre, avec qui discuta saint Paul sur le judaïsme. » Migne, Patr. gr., t. xcii, col. 521. Ce Céphas occupe le troisième rang parmi les soixante-douze disciples. L’opinion de Clément d’Alexandrie et du PseudoDorothée ne rencontra aucun partisan jusqu’à la naissance du protestantisme. À partir de cette époque, plusieurs catholiques, afin de répondre aux arguments que les sectateurs de Luther voulaient tirer, contre l’autorité du Pape, de l’Épître aux Galates, distinguèrent Céphas l’apôtre et Céphas le disciple. Paul, disaient les protestants, « a résisté en face » à Pierre, « parce qu’il était îépréheusible, » Gal., ii, 11 ; par conséquent, concluaientils, le pape, successeur de Pierre, peut se tromper, et nous ne sommes pas tenus de lui obéir. — Cet exemple ne prouve rien, répondirent quelques apologistes catholiques, parce que celui à qui saint Paul résista était un homme sans importance, et non le chef de l’Église. — Le nombre des défenseurs de ce sentiment a augmenté de nos jours ; on ne peut cependant historiquement le soutenir.

2° Le Céphas de l’Épître aux Galates est le chef des Apôtres : 1° Parce que saint Paul, dans le texte original de ses Épitres, appelle régulièrement de ce nom Simon

Pierre. (Un seul passage fait exception, Gal., ii, 7-8. Le textus receptus a substitué lli-zo ; à Kr, ç5 ; dans les passages en litige, Gal., ii, Il et 14, de même que i, 18 ; mais il faut lire « Céphas », comme le portent les éditions critiques, et comme nous le lisons dans la Vulgate, Gal., ii, Il et 14.) Puisque saint Paul appelle le chef de l’Église Céphas, il ne peut désigner que lui, dans le passage où il raconte le conflit d’Antioche, puisqu’il n’ajoute aucun mot pour distinguer le Céphas dont il parle de celui qu’il a nommé un peu plus haut, Gal., i, 18 ; ii, 9, et qui est certainement saint Pierre. — 2° L’importance que l’auteur de l’Épître aux Galates attache à cet épisode montre que le Céphas à qui il a résisté était un personnage de grande autorité ; car, s’il s’était agi d’un simple disciple, il n’aurait pas cité sa résistance comme un acte de courage. — La discussion des deux Apôtres, loin de fournir une preuve contre la primauté de saint Pierre, est, au contraire, un argument en faveur du pouvoir qui est reconnu par le fait même à saint Pierre : c’est un inférieur qui fait des remontrances à un supérieur. — La question qui est en jeu n’est pas d’ailleurs une question de doctrine, où l’infaillibilité du Souverain Pontife soit intéressée ; le débat portait seulement sur la conduite à tenir à propos des observances mosaïques. Le chef des Apôtres, en arrivant à Antioche, y avait vécu avec les chrétiens incirconcis, contrairement aux usages judaïques. Des judéo-chrétiens de Palestine étant survenus, saint Pierre, pour ne pas les offenser, cessa ses rapports avec les Gentils convertis et observa de nouveau les rites légaux. Il en avait incontestablement le droit ; aucun point de foi n’était en cause ; mais saint Paul jugea qu’il n’avait pas pris le parti le meilleur et, sans méconnaître en aucune façon son autorité, il lui reprocha son changement de conduite, parce qu’il pouvait par là induire à penser que les cérémonies légales demeuraient obligatoires pour les Juifs et n’étaient pas simplement facultatives. L’Apôtre des Gentils voulut prévenir le mal qu’il prévoyait. L’influence qu’il attribue à la conduite de Céphas montre bien que ce n’était pas un disciple inconnu, mais un personnage dont l’exemple faisait loi. Le chef de l’Église reconnut la justesse de la réclamation de saint Paul, et ainsi fut terminé le conflit. — 3° C’est là l’interprétation à peu près unanime de la tradition jusqu’au xvie siècle. Tous les Pères, à l’exception de Clément d’Alexandrie et du Pseudo-Dorothée, ont admis l’identité de Céphas et de saint Pierre. Il y eut, au sujet de ce passage de l’Épître aux Galates, une discussion célèbre entre saint Augustin et saint Jérôme ; mais elle porta sur l’explication du fait, non sur le personnage même de Céphas, qui, de l’aveu des deux illustres docteurs, est le chef des Apôtres. Les scolastiques admirent tous aussi, sans exception, l’identité de saint Pierre et du Céphas de l’Épître aux Galates ! Suarez traite « d’expédient frivole » (frivola evasio), De leg., 1. ix, c. xv, n° 7, la distinction entre les deux Céphas imaginée pour éluder les difficultés que les hérétiques ont essayé de tirer du conflit d’Antioche. — Les principaux témoignages de la tradition relatifs à la question sont cités dans F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. v, p. 456-476. Voir aussi Calmet, Dissertation où l’on examine si Céphas repris par saint Paul à Antioche est le même que saint Pierre, dans son Commentaire littéral, Epitres de saint Paul, t. ii, 1716, p. v-xxv ; Pesch, Ueber die Person des Kephas, dans la Zeilschrift fur katholische Théologie, t. vii, 1883, p. 456-490. — Pour la distinction des deux Céphas, voir A. F. James, Dissertation où il est irréfragablement prouvé que Céphas, repris par saint Paul, n’est pas le même que le prince des Apôtres, Paris, 1846 ; Th. H. Mande ! , Kephas der Evangelist, in-8°, Leipzig, 1889.

F. Vigourolx.

CEPHIRA. Nom, dans la Vulgate, I Esdr., ii, 25 ; II Esdr., vii, 29, de la ville appelée Caphira, Jos. ix, 17, et Caphara, Jos., xviii, 26. Voir Caphara.