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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/245

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CÉTHIM

CETURA

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Enfin dans le livre des Machabées il est dit qu’Alexandre, roi de Macédoine, vient de la terre de Chettiim. I Mach., I, 1. (Grec : ex t ?, ; y^ ; X—tiîî’u ; Vulgate : de terra Cethim. ) Le mot Chettiim désigne ici la Grèce et plus spécialement la Macédoine. Cf. Épiphane, Adv. hœr., ii, 2, hær. 25, t. xli, col. 443. Quelques interprètes ont pensé qu’il s’agissait de la Cilicie par laquelle passa Alexandre, parce que Ptolémée, v, 8, 6, désigne sous le nom de Cétis une région de la Cilicie. Cf. Numismatic chronicle, t. viii, p. 5. Mais cette supposition n’est pas vraisemblable. C’est dans le même sens que Persée est appelé roi des Cétéens I Mach/, viii, 5. (Grec : Kittieïç ; Vulgate : Cetei.) Quelques commentateurs ont pensé que dans ces deux endroits il était fait allusion à la ville macédonienne de Citium, près de laquelle, selon Tite Live, xliii, 51, Persée passa en revue son armée avant d’entrer en Thessalie ; mais il paraît plus probable qu’il s’agit ici, comme dans les autres passages cités plus haut, tout simplement de l’occident pris en général.

Bibliographie. — A. Knobel, Die Vôlkertafeln der Genesis, in-8°, Giessen, 1850, p. 95-104 ; W. H. Engel, Kypros, in-8°, Berlin, 1841, t. i, 1. I, ch. i, p. 11-13 et 165-179 ; F. Lenormant, Les origines de l’histoire, in-8°, Paris, 1880-1884, t. ii, 2 « part., p. 48-86 ; L. Heuzey, Catalogue des figurines antiques de terre cuite du musée du Louvre, in-18, Paris, 1882, t. i, p. 113-117 ; G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1885, t. iii, p. 490-506 ; P. Berger, Histoire de l’écriture dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1891, p. 84-90 et 111-113.

E. Beurlier.

    1. CETHLIS##

CETHLIS ( hébreu : Kitlis ; Septante : Maoc/w ;  ; Codex Alexandrinus : Xa8).û ; ), ville de la tribu de Juda, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., xv, 40. Elle fait partie du second groupe des cités « de la plaine » ou de la Séphéla, dans lequel on distingue Magdalgad (El-Medjdel), Lachis (Oumm Lâqis) et Églon (Khirbet’Adjlân). C’est dans ces parages qu’il faudrait la chercher ; mais elle est restée jusqu’ici inconnue.

A. Legendre.
    1. CÉTRON##

CÉTRON (hébreu : Qitrôn ; Septante : Kéôowv ; Codex Alexandrinus : Xeêptiv), ville de la tribu de Zabulon, dont les Israélites ne détruisirent pas les habitants. Jud., 1, 30. Comme elle n’est pas mentionnée dans la liste de Josué, xix, 10-16, et qu’elle est citée ici avec Xaalol, dont le nom se trouve, Jos., xix, 15, précédé de celui de Cathed {Cateth dans certaines éditions de la Vulgate), on a voulu l’assimiler à cette dernière localité, le changement pouvant d’ailleurs s’expliquer entre les deux mots hébreux, Qitrôn et Qattât. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 153 ; F. de Hummelauer, Commentarius in libros Judicum et Ruth, Paris, 1888, p. 53. C’est une simple conjecture, et l’argument ne paraît pas suffisant. Il peut en être de Cétron comme d’Accho (SiintJean-d’Acre), dont il est question au verset suivant, 31, et dont Josué ne parle pas dans l’énumération des villes d’Aser. Jos., xix, 24-31.

— R. J. Sehvvarz, Das heilige Land, Francfort-sur-le-Main, 1852, p. 137, croit, d’après un passage du Talmud, que Cétron est Sippori, aujourd’hui Seffouriyéh, au nord de Nazareth. « Mais, dit A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 191, contre cette identification on élève l’objection suivante (Talmud de Babylone, Meguillah, 6 et) : La tradition rapporte que Zabulon se plaignait de n’avoir reçu en partage que des montagnes et des côtes, tandis que Nephthali possédait des vignes et des champs fertiles. Si Qitrôn était Sippori, et par conséquent une ville des possessions de Zabulon, quel sujet de récriminations celui-ci aurait-il eu ? les environs de Sippori sont très fertiles à une distance de seize milles carrés, et il y coule du lait et du miel. Qitrôn est, en effet, mentionné sous ce dernier nom dans le Midrasch (Bereschith rabba, ch. 8) comme ville natale d’un certain Siméon. » — Inutile aussi de penser à Tell Kurthani ou Kourdanéh pour Cétron comme pour Cathed (cf. Van

de Velde, Reise durch Syrien und Palâstina, Leipzig, 1855, t. i, p. 218) ; ce tell, situé au sud de Saint-Jeand’Acre, appartient à la tribu d’Aser. A. Legexdre.

    1. CETURA##

CETURA (hébreu : Qelûrâh ; Septante : X—zoûpa), femme d’Abraham. Gen., xxv, 1. Le chaldéen a écrit Agar au lieu de Cétura, et quelques auteurs ont cru, à la suite des rabbins, qu’il s’agit, Gen., xxv, 1, d’Agar, qu’Abraham aurait rappelée après la mort de Sara. Mais cette opinion ne saurait prévaloir contre le texte biblique, qui nomme expressément Agar et Cétura comme deux personnes parfaitement distinctes. De plus, il parle au pluriel des « autres épouses secondaires » d’Abraham, Gen., xxv, 6, ce qui montre que, outre Agar, le patriarche avait eu une autre femme de second rang comme elle ; cette femme était Cétura, dont les six fils, les mêmes que ceux de Gen., xxv, 2, sont énumérés I Par., i, 32, comme distincts de la postérité d’Ismaël, le fils d’Agar. Cétura devait être une Chananéenne.

Il n’est guère possible de déterminer si elle entra dans la famille d’Abraham avant ou après la mort de Sara. Cette mort arriva vers la cent trente-septième année d’Abraham, Gen., xxiii, 1 ; cf. Gen., xvii, 17 ; il faudrait donc, si le mariage avec Cétura a eu lieu après, dire, comme saint Augustin serait disposé à l’admettre, Cont. Julian., iii, 85, t. xiv, col. 1283, que Dieu avait conservé jusqu’alors au vieux patriarche une fécondité déjà regardée comme merveilleuse alors qu’il était encore à peine centenaire. Gen., xvii, 17 ; Rom., iv, 19 ; Hebr., xi, 12. Plusieurs ont révoqué en doute une telle prolongation de cette sorte de rajeunissement, et ils veulent par conséquent qu’Abraham ait épousé Cétura du vivant de Sara. Ils font valoir à l’appui de leur sentiment une difficulté assez sérieuse que présente l’opinion contraire. Si l’on veut, disent-ils, que les événements se soient succédé en réalité dans l’ordre même où ils sont racontés, il faudra dire qu’à l’époque où Abraham épousa Cétura, il avait cent quarante ans, puisque son mariage est raconté après celui d’Isaac, qui se maria à quarante ans et qui était né lorsque son père était âgé de cent ans. Gen., xvii, 17, comparé avec Gen., xxv, 20. Abraham n’aurait vécu ensuite que trente-cinq ans, car il mourut à cent soixante-quinze ans. Dans ce court espace de temps, les six enfants de Cétura se seraient tous établis et auraient tous été capables de se suffire en pays étranger. Gen., xxv, 0. Dans un temps où les hommes se mariaient assez tard, Gen., xxv, 20, cela paraît difficile à admettre, surtout en ce qui regarde les plus jeunes de ces fils. La difficulté ne serait guère diminuée si l’on plaçait le dernier mariage d’Abraham trois ans plus tôt, c’est-à-dire immédiatement après la mort de Sara. Gen., xxiii, 1. Le seul motif pour reculer l’union d’Abraham et de Cétura si loin dans la vie du patriarche, c’est la place qu’elle occupe dans le récit sacré. Mais on sait que souvent la Bible ne s’astreint pas à raconter les événements dans l’ordre rigoureusement chronologique. Nous pouvons donc croire qu’il en a été ainsi dans cette partie de la Genèse.

Cétura donna à son mari six fils : Zamram, Jacsan, Madan, Madian, Jesboc et Sué (voir ces noms), qui devinrent la souche de divers peuples, dont les Madianites sont les plus connus. Avant de mourir, Abraham accomplit un acte de sage prévoyance en éloignant les fils de Cétura de la terre de Chanaan, où Isaac, l’héritier des promesses divines, devait seul rester. Les enfants de Cétura et Ismaël reçurent de leur père « des présents », et allèrent, d’après ses ordres, demeurer vers l’orient, Gen., xxv, 6, c’est-à-dire dans la direction de l’Arabie, à l’est et au sudest de Gérare et de Bersabée ; car c’est dans ces régions qu’il passa la dernière partie de sa vie. Voir Calmet, Comment, littéral, Gen., xxv, 6, Paris, 1707, t. i, p. 515. Il assurait par là à la race choisie un isolement salutaire et mettait sa foi et ses mœurs à l’abri d’une corruption inévitable. Établis en dehors de Chanaan, les des-