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CHAOS — CHAPITRES DE LA BIBLE

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nous et vous, un grand chaos a été établi, de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici à vous ne le pourraient, pas plus que traverser de là-bas jusqu’ici. » Luc, xvi, 26. Ce que la Vulgate appelle chaos est nommé en grec -/i<Tfi.a, « abîme, gouffre, grand espace béant. » Cet abîme « a été établi », èoT^pixTai, a été creusé irrévocablement par Dieu, et il est infranchissable. Par conséquent, le damné ne pourra jamais passer de l’enfer au ciel.

CHAPITEAU DES COLONNES DU TEMPLE.

Voir Colonnes du temple.

CHAPITRES DE LA BIBLE. Ce sont des divisions plus ou moins étendues, qui ont été établies au cours des siècles dans les textes manuscrits ou imprimés de la Bible pour en faciliter la lecture. Différents systèmes de sectionnement ont précédé la « capitulation » universellement employée aujourd’hui. Nous distinguerons donc les chapitres anciens des chapitres modernes.

I. Chapitres anciens. — Autres sont ceux des textes originaux, autres ceux des anciennes versions. Leur histoire détaillée présente plus qu’un intérêt de curiosité ; elle a une importance critique et sert à classer les manuscrits et à fixer le texte lui-même.

I. Chapitres des textes orioin aux. — On ignore si les plus anciens manuscrits hébraïques étaient partagés en sections. Plusieurs critiques pensent que le texte était transcrit d’une façon continue, sans séparation de paragraphes et d’alinéas. Les premières divisions connues sont les sections, appelées sedarîm (pluriel de sedér, « ordre, série, section » ), que les massorètes adoptèrent pour leurs études grammaticales et critiques. Le Pentateuque en comprenait 156 (la Genèse 42, l’Exode 29, le Lévitique 23, les Nombres 32, le Deutéronome 27), Josué 14, les Juges 14, les deux livres de Samuel 34, les deux livres des Rois 35, Isaïe 26, Jérémie 31, Ezéchiel29, les petits prophètes 21, les Proverbes 8, les Psaumes 19, Job 8, l’Ecclésiaste 4, Esther 5, Daniel 7, Esdras et NéhémielO, les Chroniques 25 ; au total, 443. Ruth, le Cantique et les Lamentations n’en avaient pas. Cf. de Voisin, Observationes ad proœmium Pugionis fidei, Leipzig, 1687, p. 102-103 et 137-140. — On ignore aussi quand, comment et par qui le texte grec du Nouveau Testament fut sectionné pour la première fois. Clément d’Alexandrie, Stromat., vii, 14 ; t. ix, col. 517, appelle ^ii(jxr t i mptxotit, - ; une partie de I Cor., vj. Tertullien, Ad uxorem, il, 2, t. i, col. 1290, désigne I Cor., vii, 12-14, comme un capitulum particulier. Ailleurs, de Pudicitia, 16, t. ii, col. 1012, il blâme les hérétiques qui condamnent tout un livre sacré à cause d’un capitulum douteux. Denys d’Alexandrie, cité par Eusèbe, H. E., vii, 25, t. xx, col. 697, nous apprend que quelques anciens discutaient l’Apocalypse chapitre par chapitre, xa6’é’xaaTov xe ?a-Xjiov. Il y a là un indice certain d’un sectionnement déterminé ; mais, dans l’état actuel de nos connaissances, il est impossible de dire s’il s’agit de sections liturgiques ou simplement de passages cités ou commentés par ces Pères. — Les sectionnements connus des livres du Nouveau Testament se ramènent à quatre groupes, ceux des Évangiles, des Actes des Apôtres et des Épîtres catholiques, des Épîtres de saint Paul et de l’Apocalypse.

1° Chapitres des Évangiles. — 1° Le plus ancien sectionnement des Évangiles se trouve dans les deux manuscrits onciaux B (Vaticanus 1209) et S (Zacynthius). Il comprend : Matth. 170 sections, Marc. 62, Luc. 152, Joa. 80. Ces sections sont d’inégale longueur ; ainsi la 136e de saint Matthieu correspond à xxiv, 1 et 2 ; la 137e à xxiv, 3-35 ; la 138e à xxiv, 36-41, et la 139e à xxiv, 45-51. — 2° Une autre division, presque aussi ancienne, compte : Matth. 68 chapitres, Marc. 48, Luc. 83, Joa. 18° On la trouve dans les onciaux ACXRZ. Elle est souvent d’accord avec la précédente. Chaque chapitre, xeçâXxtov, a un titre, ti’tXo ; , qui résume son contenu ; le 1 er cha pitre de saint Matthieu est intitulé ne.p tôv ^iy<av, « des mages ; » le 2°, rcepi x&v àvatpcôévxùv 71aiSîwv, « des enfants occis. » Dans ANZ, les titres sont placés à la partie supérieure ou inférieure des pages, à coté de la section correspondante ; dans ACR, leur liste est écrite en têle de chaque Évangile. Leur étendue varie notablement ; ainsi le chapitre 55° de saint Matthieu correspond à xxii, 41-46, ’et le 56e à xxiii, 1-xxiv, 2. Le début de chaque Évangile n’a pas de titre. La l re section de saint Matthieu commence donc à ii, 1 ; celle de saint Marc à i, 23 ; celle de saint Luc à ii, 1, et celle de saint Jean aussi à ii, 1. Mill attribuait cette absence de titre à une omission des premiers copistes ; Griesbach pensait que le titre général de l’Évangile servait à désigner le début ; Gregory considère ce commencement comme une section préliminaire, un avant-propos, qui n’était pas numéroté. On a attribué, mais sans raison suffisante, cette division à Tatien ; l’abbé Paulin Martin la rapportait à Ammonius d’Alexandrie. Ces titres ont passé dans toutes les anciennes versions ; ils ont subi des retouches. Les Arméniens et les Copies ont remanié complètement ceux de l’Évangile de saint Jean. Cf. R. Simon, Histoire critique du Nouveau Testament, 1689, p. 424-427 ; Mill, Novum Testamentum grs, ce, édit. Kuster, 1710, p. 39 ; Griesbach, Commentarius criticus in textum grsecum N. T., pars 2 a, léna, 1811, p. 50 ; Gregory, N. T. græce, prolegomena, t. iii, p. 141-142 ; J. P. P. Martin, Introduction à la critique textuelle du N. T., partie théorique, 1882-1883, p. 554-569. Sur les titres latins, voir Patr. lat., t. clxv, col. 63-70. — Si on veut désigner les Tf-rXot sous le nom de xeçâXaia, il faut les appeler xEçâXaia majeurs, pour les distinguer des xsipâXaia proprement dits ou sections ammoniennes (voir ce mot, t. i, col. 493-494), que l’on dénommera alors xEçiXaia mineurs. Ceux-ci sont moins étendus et plus nombreux que les précédents : 355 en saint Matthieu, 235 en saint Marc, 343 en saint Luc et 232 en saint Jean. Cf. R. Simon, op. cit., p. 427-429 ; J. P. P. Martin, ouvr. cit., p. 569-614 ; Gregory, loc. cit., p. 143-153 ; G william, The Ammonian Sections, Eusebian Canons and Harmonizing Tables in the Syriac Tetrævangelium, dans les Studia biblica et ecclesiastica, t. ii, Oxford, 1890, p. 241-272.

2° Chapitres des Actes et des Épîtres catholiques. — La plus ancienne division connue de ces livres est reproduite dans le Vaticanus À et comprend : Act. 36 chapitres, Jac. 9, I Petr. 8, I Joa. 11, Il Joa. 1, III Joa. 1, Jud. 2 ; la seconde épître de saint Pierre n’a pas de sections. 31 chapitres des Actes correspondent à l’exOsutç -/Eçakîiov d’Euthalius. Ce diacre d’Alexandrie, sur la demande du prêtre Athanase, publia, vers 458, une édition stichométrique des Actes et des Épîtres catholiques et y introduisit un double sectionnement, le premier de 57 leçons ou lectures, àvjyvcîxrEi ; , qui paraissent avoir été destinées à l’usage liturgique, et le second de chapitres, xE ?aXai « : Act. 40, Jac. 6, I Petr. 8, II Petr. 4, I Joa. 7,

II Joa. 1, III Joa. 1, Jud. 4 ; au total, 71. Beaucoup de ces chapitres avaient des subdivisions, (ispixat ircoSiapéiTEt : , dont la première n’est pas comptée. Leur nombre est : Act. 48, Jac. 9, I Petr. 5, II Petr. 1, I Joa. 8, II Joa. 1,

III Joa. 1, Jud. 1. Cf. Zacagni, Collectanea monumentorum veterum Ecclesix grxcx ac latinse, Rome, 1698, et Patr. gr., t. lxxxv, col. 627-790. Les critiques ne sont pas d’accord sur l’auteur de cette division. Sur la foi du Codex Coislianus, n » 25 (Moutfaucon, Bibliolheca Coisliniana, Paris, 1715, p. 75), on l’a atlribuée au martyr saint Pamphile. Mais les mots toj rian^o-j semblent avoir été ajoutés à tort par le copiste ; Euthalius affirme seulement qu’il a eollationné le texte sacré sur les exemplaires les plus corrects de la bibliothèque d’Eusèbe Pamphile de Césarée. D’autres en font honneur à Euthalius. Mais Albert Ehrhard, Codex H ad EpUtulas Pauli und Euthalios diaconos, dans le Centralblalt fur Biblioteckswesen, t. viii, Leipzig, 1891, p. 385-411, a prétendu