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CHASSE

CHASTETE

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point d’autre ressource que la fuite pour ne pas tomber au pouvoir de puissants ennemis. Ps. x, 2-4 (hébreu, xi, 1-3). Plus heureuse que l’animal environné de toutes parts de pièges et de filets, l’âme dont les regards sont habituellement dirigés vers Jéhovah peut aisément échapper aux mille perplexités d’ici-bas. Ps. xxiv (hébreu, xxv), 15 ; cf. Ps. xxx (hébreu, xxxi), 9 ; xc (hébreu, xci), 3. L’oiseau qui se précipite vers le piège sans soupçonner le danger est une figure expressive de l’âme qui se précipite sans trop s’en douter vers sa ruine. Prov., vii, 23. De même que la gazelle qui a été prise au filet et a réussi à s’en dégager s’enfuit pour toujours, ainsi l’amitié d’un homme qu’on a blessé au vif ne saurait être regagnée. Eccli., xxvii, 22 ; cf. xxii, 25. Qui n’a souvent admiré la comparaison gracieuse du Ps. cxxm (hébreu, cxxiv), 7 ? Israël, délivré de la captivité, ressent la même joie que le passereau qui voit soudain se briser le filet qui le retenait captif. Les efforts si courageux que fait la gazelle pour se délivrer, ou l’oiseau pour s’échapper, sont une image pittoresque des efforts énergiques qu’un homme doit faire pour se soustraire aux difficultés qu’il rencontrera s’il continue à être caution même pour un ami. Prov., vi, 1-5.

4° Métaphores tirées des engins^ de chasse et des manières de s’en servir. -~ Elles sont les plus nombreuses. La trappe, c’est-à-dire la fosse soigneusement recouverte de branchages et d’un peu de terre, dans laquelle on espère faire tomber les bêtes fauves, est la figure de pièges tendus à un ennemi dont on médite la perte. Ps. lvi, 7 ; lxvhi, 23 ; cxxxix, 6, etc. ; Jer., xviii, 20, 22 ; Eccli., xii, 15 ; Prov., xxii, 14 ; Rom., xi, 9 ; I Cor., vii, 35. L’emploi de la trappe a aussi fourni le proverbe souvent répété dans la Bible : « Celui qui creuse une fosse y tombera, » pour exprimer la manière dont la justice divine s’exerce envers les méchants. Prov., xxvi, 27 ; Ps. vii, 16, etc. — Pour capturer les bêtes sauvages, on se servait également du piège, que l’on cachait sur leur passage. Prov., i, 15-16 ; xxii, 5, il désigne par métaphore les dangers invisibles, mais réels, que l’on court dans la fréquentation des pervers. Cf. Eccli., ix, 3, 20. Le piège se composait de deux parties maintenues séparées par un morceau de bois, et qui, se refermant au moindre contact, retenaient leur captif par la patte : de là les expressions figurées qu’on lit dans Job, xviii, 9, 10. — Sous la plume d’Isaïe, xxiv, 17-18, et de Jérémie, xlviii, 43-44, nous trouvons combinées ces deux méthodes de s’emparer des animaux savages. Elles forment un proverbe qu’Isaïe formule ainsi : « Habitant de la terre, l’effroi, la fosse et le piège te sont réservés. Celui qui à la voix de la crainte aura fui tombera dans la fosse ; celui qui se sera tiré de la fosse sera pris au piège. » Nous avons ici une manière pittoresque de décrire une ruine complète et assurée. De plus, il est probable que dans les expressions « l’effroi t’est réservé ; celui qui à la voix de la crainte aura fui », il faut voir des métaphores empruntées aux grands cris poussés par les chasseurs quand ils faisaient une battue, et au bruit desquels les animaux s’enfuyaient remplis de crainte. — L’emploi du filet pour prendre bétes sauvages et oiseaux a donné lieu à de nombreuses métaphores. C’est ainsi qu’il sert à désigner les machinations des impies, Ps. ix, 9, 10 ; xxiv, 15, etc., aussi bien que les effets terribles et certains de la vengeance divine. Ezech., xii, 13 ; xvii, 20 ; xix, 3, 4, 8, etc. On retrouve même dans le Psaume ix, 9, 10, une allusion à la manière dont les Égyptiens se servaient du filet pour la chasse aux oiseaux. Dans une peinture égyptienne (tombeau à Béni-Hassan, Lenormant, Histoire ancienne, t. ii, p. 121), on voit les chasseurs baissés, blottis derrière un buisson et tirant à eux un filet rempli d’oiseaux ; en un mot^ les chasseurs sont représentés tels que le Psaume suppose les méchants.

— Mentionnons en terminant que plusieurs auteurs voient dans les expressions d’Ézéchiel, xix, 3, une allusion à la coutume égyptienne de dresser à la chasse des lions

apprivoisés ; et que l’on trouve dans Eccli., XI, 31-33, une allusion à un usage souvent représenté dans les peintures égyptiennes, à savoir celui de se servir d’animaux comme appeaux, image trop fidèle des attraits trompeurs qui se trouvent dans la compagnie des impies. F. GiGOT.

CHASSEUR. Il en est plusieurs fois question dans l’Écriture. La Genèse, x, 9, dit que Nemrod était un robuste chasseur (hébreu : gibbôr sayid ; Septante : y’Y « î -cjmt]y4 ;  ; Vulgate : robustus venator). — L’Ecclésiaste, vu, 27, compare une mauvaise femme « au piège des chasseurs » ; mais le mot venalores, qu’on lit dans la Vulgate, n’est exprimé ni dans l’hébreu, Eccle., vii, 26, ni dans le grec, quoiqu’il soit impliqué dans les expressions mesôdîm et e^psujjia, « pièges de chasse. » — Le Seigneur, dans Jérémie, XVI, 16, dit aux Juifs qu’il enverra des chasseurs, sayyâdîm, c’est-à-dire les Chaldéens, qui, pour les punir de leurs infidélités, les chasseront sur les montagnes, et sur les collines, et dans les trous des rochers. — Saint Jérôme a probablement lu aussi sayijâdim dans Ezech., xxxii, 30, car il a traduit venatores dans ce passage, comme dans Jer., xvi, 16 ; mais le texte hébreu porte Sidônî, « le Sidonien, » de même que la Peschito, Symmaque, Aquila, etc. Les Septante ont aussi lu inexactement ffTparviYoi’Aaaoip, « les généraux d’Assyrie. » Voir Chasse.

    1. CHASSIEUX##

CHASSIEUX (YEUX). La Genèse, xxix, 17, dit en

parlant des yeux de Lia, la sœur de Rachel, qu’elle avait les yeux rakkôt ; la Vulgate a rendu cette épithète par lippi, « chassieux ; » mais elle est la seule des versions anciennes qui ait ainsi interprété le mot hébreu. Rak (pluriel : rakkôt) signifie » tendre, délicat, faible ; » c’est ce dernier sens qui paraît le mieux convenir ici : àa-zsv £Ï ; , comme ont traduit les Septante. Le Targum d’Onkélos, suivi par la version arabe, l’a entendu dans le sens de « beaux », ijà’âijân, signification qui est en désaccord avec le sens du mot hébreu original et aussi avec le contexte, qui met en opposition un défaut de Lia avec la beauté de Rachel. Cf. aussi I Sam., xvi, 12, où il est dit que David était yefêh’ênayîm, « aux beaux yeux » (Vulgate : pulcker aspectu).

CHASTETÉ. Cette vertu, qui consiste essentiellement dans l’abstention des relations sexuelles illicites, et à un degré supérieur dans l’éloignement de toute pensée et désir impurs, n’est désignée dans l’Ancien Testament par aucun terme spécifique. Judith, xv, 11 ; xvi, 26, est louée pour avoir aimé la chasteté ; mais le premier de ces passages ne se trouve pas dans les Septante, et au lieu du second on y lit : Kat îtoMoi È7U£60[i.T)aav ocJtïjv, « Elle eut beaucoup de prétendants, » ce qui sans doute, avec le reste du verset, signifie l’amour de Judith pour la chasteté, mais sans exprimer le nom de cette vertu. Il en est de même Sap., iv, 1, où, selon la Vulgate, se trouve l’éloge de la race des hommes chastes, tandis que les Septante expriment un aphorisme où la chasteté est impliquée sans être exprimée : « Mieux vaut la privation d’enfants avec la vertu. » Le mot hébreu que la Vulgate rend par castilas, castus, est tehôrôt, Ps. xi, 7, qui dans ce passage signifie « exemption d’erreur », cf. Ps. xviii, W (hébreu, xix, 10), bien qu’ailleurs il désigne la pureté ou l’éclat, soit d’un lieu, Lev., iv, 12 ; vi, 4 ; x, 14, soit d’un vêtement, Zach., iii, 5, soit d’un métal, Exod., xxv, 11-Job, xxviii, 19, ou encore la pureté légale, Lev., vii, 19 ; x, 10 ; xi, 36, 37 ; xiii, 13, etc., enfin la pureté morale ou l’exemption de péché. Job, xiv, 4 ; Ps. ii, 12. Jamais il ne signifie la chasteté proprement dite. Dans les Septante et dans le Nouveau Testament, les mots grecs employés pour désigner la chasteté et l’homme chaste sont èYï-paTEÏa, Act., xxiv, 25 ; CTx.pxrf l ç, Eccli., xxvi, 20 ; Tit., i, 8, qui signifient « modération, répression », et, par suite, « continence, » bien que Sap., viii, 21, et Eccli., vi, 28, .