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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/395

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CILICIE


tion différente de ce. même passage, ii, 12, 13. « Lorsqu’il eut franchi les frontières de l’Assyrie, il vint à la grande montagne d’Ange [Voir Ange], qui est à gauche de la Cilicie, et il s’empara de toutes leurs places fortes et de tous leurs approvisionnements. Il prit aussi de force la ville très riche de Mélothi, et il pilla tous les habitants de Tharsis et les fils d’Ismaël, etc. » Cette campagne amena la soumission de la Cilicie avec celle des autres peuples, iii, 1. — Dès le règne de Sargon, les inscriptions

L.Thuilh£r, dd’281. — Cllicio à l’époque assyrienne.

cunéiformes parlent des relations de la Cilicie avec l’Assyrie. Ce prince pilla les trésors des rois de Tabal et de Kilakkou. J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 159. Puis il reprit le pays de Qoui. Ibid., p. 165. La neuvième année de son règne, il envoya une expédition contre Ambaride ou Ambris, fils de Kyliya ou Hulli, roi de Tabal, c’est- à- dire du pays situé sur le versant méridional du Taurus. Hulli avait reçu du même Sargon la Cilicie en dot de Marouk, fille du roi assyrien, qu’il avait épousée. Ambris s’était uni aux ennemis de son grand - père. Celui-ci le châtia d’une manière exemplaire. La ville principale, Bit-Burutas ou Buritis, fut saccagée. Ambris fut emmené prisonnier à Ninive ; des colons et un gouverneur assyriens furent envoyés en Cilicie. J. Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 167 ; G. Rawlinson, The fivegreat monarchies, t. ii, p. 150 ; Herodolus, 2e édit., Londres, 1862, t. i, p. 169 ; F. Lenormant etE. Babelon, Histoire ancienne, 9e édit., t. iv, p. 257. Sous le règne de Sennachérib, vers 701, la Cilicie de nouveau révoltée fut encore vaincue et ses habitants, les Qoui et les Kilakkou, transportés à Babylone, travaillèrent à la construction du palais de Koyundjik. J. Menant, Annales, p. 298 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 175-177, Herodotus, t. i, p. 169 ; F. Lenormant, op. L, p. 314. Vers 685, Assaraddon, attaqua à son tour la Cilicie, prit et pilla vingt et une villes importantes. J. Menant, Annales, p. 242 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 188 ; Herodotus, ibid. ; F. Lenormant, op. I., p. 325. Vers 675, Assurbanipal battit Mugal, roi de Tabal, qui fut obligé d’envoyer une de ses filles au palais du roi d’Assyrie et de lui payer un tribut en chevaux. Sudasarmi ou Sandasarme, roi de Cilicie, qui n’avait jamais été soumis au joug assyrien, conserva la couronne au prix du sacrifice d’une de ses filles. Cylindre A, col. h ; G. Smith, History of Assurbanipal, in-8, Londres, 1871, p. 61-62 ; J. Menant, Annales, p. 258 ; G. Rawlinson, The five great monarchies, t. ii, p. 188 ; F. Lenormant, op. L, t. iv, p. 314 ; cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iv, p. 108. La révolte de la Cilicie dont parle le livre de Judith, et la campagne d’Holopherne, se placent après la soumission de Sandasarme. La seule ville de Cilicie qui soit nommée ici est la ville de Tharsis ou Tarse [Voir Tarse]. — Au temps des Assyriens, la Cilicie était habitée par plusieurs peuples,

ainsi que nous venons de le voir. Les Khilakkou occupaient la Cilicie Trachée et le haut des vallées du Sarus et du Pyramus ; les Qoui, la basse vallée de ces deux fleuves. Le Tabal était le pays situé au nord des Kilakkou. La ville de Tarse ou Tarzou était dans le pays des Qoui. Les rois ciliciens sont appelés, par Hérodote, Syennesis ; il est probable que ce mot n’est pas un nom propre, mais un titre. Un Syennesis s’unit à un roi de Babylonie en 610 avant J.-C. pour faire signer la paix entre Crœsus, roi de Lydie, et les Mèdes. Hérodote, i, 74. Un autre donna sa fille en mariage à Pindare, fils de Mausole. Hérodote, v, 118. Un troisième commanda une flotte dans l’expédition de Xerxès, Hérodote, vii, 91, 98. Un quatrième accompagne Cyrus le Jeune dans son expédition contre son frère Artaxerxès. Xénophon, Anab., i, ii, 26. — La quatrième des satrapies formées par Darius portait le nom de Cilicie, mais elle s’étendait au delà de la Cilicie proprement dite. Elle comprenait une partie de l’Isaurie et de la Cappadoce, - jusqu’à l’Halys au nord et jusqu’à l’Euphrate à l’est. Hérodote, v, 52. Le pays continua à être gouverné par des chefs locaux qui payaient tribut au roi de Perse. Hérodote, i, 74 ; iii, 90.

2° La Cilicie au temps des Séleucides. — La Bible cite deux fois la Cilicie comme une des provinces soumises à l’empire des Séleucides. Alexandre Balas était occupé à réprimer une révolte dans ce pays quand Ptolémée VI Philométor entra à Anlioche et réunit la couronne d’Asie à celle d’Egypte. I Mach. xi, 14 (voir Alexandre Balas et Asie). — Alexandre le Grand, dans sa marche contre l’Asie, avait traversé la Cilicie, et c’est dans ce pays que fut livrée la bataille d’Issus. Arrien, Anab., ii, iv, 4 ; xii, 3 ; Quinte-Curce, iii, iv-xii ; J. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. Bouché-Leelercq, in-8°, Paris, 1883, t. i, p. 246-266. Balacros, un des sept gardes du corps du roi de Macédoine, fut établi, en 332, gouverneur de la province avec le titre de stratège et de satrape. Arrien, Anab., ii, xii, 2 ; J. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, 1. 1, p. 276. Après la mort d’Alexandre, la satrapie de Cilicie échut à un officier du nom de Philotas. Arrien et Dexippe, cités par Photius, Bibliot. Cod., lxxxii et xcii, t. ciii, col. 283 et 303 ; Q.-Curce, x ; x, 2 ; Justin, xiii, 4 ; Diodore de Sicile, xviii, 3. Après avoir changé plusieurs fois de mains, la Cilicie fut occupée, vers 294, par Séleucus I" et demeura en la possession de ses successeurs jusque vers 258. Droysen, ouvr. cité, t. ii, p. 547, 579, 590, 591. Ptolémée II Philadelphe la conquit sur Antiochusll Théos. Théocrite, Idyl., xvii, 88 ; Droysen, ouvr. cité, t. iii, p. 310 ; mais la domination égyptienne ne fut que temporaire ; la Cilicie fut rendue à Antiochus par le même Ptolémée avant 348. Droysen, ouvr. cité, t. iii, p. 337, 372, 380. Antiochus IV Épiphane venait de Cilicie, quand il rencontra à Antioche une double députation de Juifs et de Grecs qui venaient se plaindre de l’assassinat d’Onias III. II Mach., iv, 36 (voir Onias III).

La possession de la Cilicie était de la plus haute importance pour les Séleucides, car elle assurait leurs communications entre la Syrie et l’Asie Mineure ; aussi y fondèrent-ils un grand nombre de villes. Quelques autres y furent établies par les Lagides pendant les périodes durant lesquelles ils occupèrent le pays. De ce temps date la fondation d’Antioche, près du Cragus, d’Arsinoë, de Bérénice ; de Séleucie près du Calycadnus, d’Elæoussa, au pied du mont Corycus ; d’Antioche, près du Pyramus ; d’Epiphanie, de Philadelphie, d’Antioche sur mer, d’Antioche du Lamus et de Stratonicée près du Taurus. Tarse et probablement Adana reçurent aussi le nom d’Antioche. Droysen, ouvr. cité, t. ii, append. iii, 2, 8, p. 722-724. Les querelles intestines de la famille des Séleucides eurent pour résultat de rendre la Cilicie plus indépendante. Les Ciliciens devinrent plus que jamais une race de pirates et de marchands d’esclaves, qui lut la terreur de toutes les côtes de la Méditerranée. Strabon, xiv, v, 2 ; Cicéron, Pro lege Manilia, 11 ; Plutarque, Pompée, 24.