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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/467

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CONCORDANCES DE LA BIBLE


Nouveau Testament par lettres alpliabétiques, pour trouver aisément ce que Von pourra désirer dans les quatre Evangélistes, les Actes et les Epîtres des Apôtres. C’est l’œuvre d’un protestant.

3° Une autre sorte de concordances réelles reproduit les passages bibliques qui sont en rapport avec le droit canonique. Il faut ranger dans cette catégorie les Concordantise Bibliorum et Canonum d’Hugues de Cologne, imprimées à Bologne, en 1479 et 1486. Jean, abbé de Nivelle, fit un travail analogue, qui parut à Bâle, en 1489, in-4°, sous le titre : Concordante auctoritatum Sacrse Scriplurse juxta ordinem librorum biblicorum in quibus loci juris civilis reperiuntur, ou plus brièvement : Concordantias Biblise et canonum totiusque juris civilis. Tous les passages des Livres Saints, de la Genèse à l’Apocalypse, qui s’accordent avec les décrets des souverains pontifes, sont cités textuellement, avec l’indication des livres et distinctions correspondants des Décrétales. Ces références seules sont entrées dans les concordances marginales de la Biblia cum concordantiis Veteris et Novi Testamenti et sacrorum canonum, éditée à Lyon, en 1543, chez Jacques Mareschal.

4° Aux concordances réelles on peut joindre les concordances marginales, reproduites aujourd’hui encore aux marges de toutes les Bibles. Gaspard de Zamora en attribuait à tort l’invention au dominicain Hugues de Saint-Cher. Elles furent rédigées progressivement. Un religieux cistercien, Hugues Ménard, établit les concordances que les quatre Évangiles présentent entre eux ; il ne fit qu’exprimer en chapitres modernes les tables des canons d’Eusèbe, qu’on lisait dans la plupart des manuscrits des Évangiles. Voir Ammoniennes (Sections), t. i, col. 493-494. Son travail fut imprimé pour la première fois à Nuremberg, en 1478 : Biblia latina cum canonibus evangelistarumqUe concordantiis Menardi monachi. On les trouve aussi dans une Bible latine, éditée à Ulm, en 1480. Une autre Vulgate, imprimée en 1489, contient pour le Nouveau Testament seulement des concordances marginales, qui résument les relations de chaque livre avec tous les livres de la Bible. Celles de l’Ancien Testament se rencontrent pour la première fois dans une Bible latine, sortie des presses de Froben, à Bàle, en 1491. Elles sont répétées dans une édition de 1495 ; elles y sont très peu nombreuses. Cf. Quétif et Échard, Scriptores ordinis Prædicatorum recensiti, Paris, 1719, t. i, p. 208-209. On les multiplia et on les retoucha, parfois avec maladresse, et beaucoup de fautes s’y glissèrent. M. Fillion les a revisées dans sa Biblia sacra, Pans, 1887 et 1889.

II. Concordances verbales. — Ces concordances, qui rangent les mots de la Bible suivant l’ordre alphabétique, sont les plus importantes et les plus nombreuses. Il en existe en plusieurs langues, car elles ont été faites sur les versions anciennes et modernes aussi bien que sur les textes originaux de l’Écriture.

I. concordances latines. — Les premières ont été rédigées sur la Vulgate, et elles sont dues aux Dominicains. Quétif et Échard, Scriptores ordinis Prsedicatorum recensiti, Paris, 1719, 1. 1, p. 203-209, ont démontré qu’elles étaient bien l’œuvre de ces religieux, et non celle des Franciscains ou des Cisterciens, à qui on en faisait parfois honneur. Les fils de saint Dominique les ont organisées sous plusieurs formes différentes. Hugues de Saint-Cher, qui fut plus tard cardinal, est l’inventeur de la première forme. Comme il se proposait, en commentant la Bible, d’indiquer exactement le sens du texte sacré, il comprit que pour préciser la signification de chaque mot, il fallait comparer tous les passages de l’Écriture où ce mot était employé. Cette comparaison exigeait une table complète, une sorte de dictionnaire de toutes les expressions bibliques. Hugues de Saint-Cher, aidé, dit-on, par cinq cents dominicains, fit opérer le dépouillement détaillé du texte latin de la Vulgate et

réalisa la première Concordance verbale. Les mots, disposés dans l’ordre alphabétique, n’étaient écrits qu’une seule fois et servaient de titre. Au - dessous étaient indiqués en abrégé le livre, le chapitre et la partie du chapitre où ces mots sont employés. En effet, pour faciliter les références, Hugues de Saint-Cher adopta la division en chapitres, récemment inventée par Etienne Langton (voir Chapitres de la Bible), et il partagea chaque chapitre en sept parties à peu près égales, qui furent désignées par les premières lettres de l’alphabet, a, b, c, d, e, f, g. Ainsi « Terra, Gen., i, a », signifie que le mot terra se trouve au commencement du premier chapitre de la Genèse. Certaines expressions, qui sont souvent réunies dans la Bible et ont une signification distincte, comme terra Juda, terra Moab, terra aliéna, terra inimicorum, tempus senectutis, tempus pluvise, formaient des articles séparés. Les principales particules, telles que absque, olim, propter, quasi, sicut, velut, y étaient mentionnées. Cet ouvrage si considérable fut terminé en 1230, et comme il avait été composé au couvent de Saint -Jacques, à Paris, où habitait alors Hugues de Sainf-Cher, il fut appelé Concordantiae sancti Jacobi.

Cependant il était défectueux et rendait peu de services. On n’y trouvait qu’une sèche liste de mots, détachés du contexte ; il fallait recourir dans les manuscrits aux passages indiqués, et cette recherche prenait beaucoup de temps. Aussi les Dominicains, comprenant les avantages que les prédicateurs retireraient d’un vocabulaire détaillé de la Bible, perfectionnèrent l’œuvre primitive et joignirent aux références la citation complète de tous les passages mentionnés. Ainsi, tandis que Hugues de Saint-Cher avait seulement écrit à la première ligne de sa Concordance : « A, a, a. Jerem. i, b. xiv, d, » ses continuateurs transcrivirent : « A, a, a. Jerem. i, b. A, a, a. Domine Deus, ecce nescio loqui, quia puer ego sum. Xiv, d. A, a, a, Domine Deus, prophetæ dicunt eis : Non videbitis gladium, et faînes in vobis non erit. » Comme ces additions furent faites, vers 1250, par trois dominicains anglais, Jean de Derlington, Richard de Stavenesby et Hugues de Croyndon, les nouvelles Concordances furent nommées Concordantise anglican ». Elles furent imprimées à Nuremberg, en 1485, sous le titre de Concordantise magnse. Voir Arlotto, t. i, col. 967.

Vers 1310, un autre dominicain, Conrad de Halberstadt, apporta des modifications à l’œuvre de ses confrères. Cette dernière était trop volumineuse et trop prolixe ; elle reproduisait des périodes entières et contenait des membres de phrases inutiles. Conrad ne conserva que les mots essentiels, les seuls qui étaient nécessaires pour déterminer le sens du terme principal. De plus, tout en maintenant dans les longs chapitres la division en sept parties, il n’admit dans les chapitres courts que quatre sections, désignées par les lettres a, b, c, d. Ces deux innovations réduisirent notablement le volume des Concordances ; aussi furentelles bien accueillies. L’ouvrage ainsi diminué fut adopté partout et eut le premier les honneurs de l’impression. Ce fut à Strasbourg qu’il parut, vers 1470, sous ce titre : Fratris Conradi de Alemania, ordinis Prsedicatorum, concordantise Bibliorum. Une seconde édition vit le jour à Strasbourg aussi, vers 1475. Voici un spécimen de ces incunables, sans tenir compte des abréviations : « A, a. Jere. i, aaa. Domine Deus, ecce nescio loqui. xiv, b. prophetse dicunt eis. Eze. iv, d. Domine Deus, anima mea non est. xxi, a (xx, 49), Domine Deus, ipsi. Joelis, i, c. Diei, quia prope est dies Domini. »

Enfin, un dominicain slave, Jean Stoikowic, dit Jean de Raguse, fit faire de nouveaux progrès aux concordances bibliques. II était procureur général de son ordre auprès de Martin V, et il fut président du concile de Bàle. Dans le cours des sessions de 1433, il eut à discuter avec les Bohémiens, au sujet de la communion sous les deux espèces, sur le sens de la particule nisi en Joa., vi, 54.