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CYRÈNE — CYRILLE D’ALEXANDRIE (SAINT)

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frappa en commun des monnaies portant en légende le mot xoivôv. L. Millier, Numismatique de l’ancienne Afrique, 1. 1, p. 30 et 37. Le dernier roi d’Egypte, Apion, fils illégitime de Ptolémée Physcon, laissa par testament la Cyrénaïque aux Romains. Appien, Bell. civ., i, 111 ; Tite-Live, Epist. lxx. Cf., T. Marquardt, L’organisation de l’empire romain, trad. franc., t. n (Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, t. ix), p. 428, n. 2.

3° La Cyrénaïque sous la domination romaine. — Le gouvernement romain se contenta de prendre possession des domaines royaux et de lever un impôt sur le silphium. Il laissa à la Pentapole son autonomie. Cicéron, De lege agrar., II, xix, 51 ; Tite-Live, Epist. lxx ; llygin, dans les Gromatici veteres, édit. Lachmann, 1. 1, p. 122 ; Tacite, Annal., xiv, 18 ; Pline, H. N., xix, 40. Mais le pays, incapable de se gouverner, eut recours à Lucullus pour obtenir un changement de constitution. Plutarque, L’icullus, il ; Josèphe, Ant.jud., XIV, vii, 2. En 74, la Cyrénaïque devint province romaine sous le gouvernement d’un questeur propréteur. Appien, Bell, civ., i, 111 ; Salluste, Rist., ii, 39 ; Corpus inscript, grxc, n" 2591 ; L. Mûller, Numismatique de l’ancienne Afrique, t. i, p. 161. Voir J. Marquardt, Organisation de l’empire, t. ii, p. 430, n. 4 et 5. La province fut de nouveau transformée en royaume par Antoine, et attribuée à sa fille Cléopâtre. Cicéron, Philippic, II, xxxviii, 97 ; Dion Cassius, xlix, 32, 41 ; Plutarque, Anton., liv. Octave reconquit cette région. Th. Mominsen, lies gestse divi Augusti, 2e édit., in-8°, Berlin, 1833, p. 118. En 27 avant J.-C, la Cyrénaïque fut réunie à la Crète et forma la province de Crète et Cyrène. Les deux pays demeurèrent unis jusqu’à Dioclétien. Voir Crète.

IV. Rapports des Juifs avec Cyrène et la Cyrénaïque. — Cyrène est mentionnée dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

1° Ancien Testament. — La lettre du consul Lucius en faveur des Juifs fut envoyée à Cyrène. I Mach., xv, 23. L’auteur du second livre des Machabées, ii, 24, dit qu’il a résumé en un volume les cinq livres de Jason et de Cyrène. Voir Cyrénéen et Jason. Il y avait donc des Juifs dans la Cyrénaïque. Ils y étaient même très nombreux. Ptolémée I er Soter y avait envoyé des colons juifs. Josèphe, Contr. Apion., ii, 4. D’après Strabon, cité par Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 2 ; cf. XVI, vi, 1, ils formaient au temps de Sylla la quatrième classe de la population. Ils prirent une part importante aux troubles que réprima Lucullus. Josèphe, ibid. Auguste ordonna aux gouvernements municipaux de la Cyrénaïque de ne pas empêcher les Juifs établis dans leur pays d’envoyer à Jérusalem l’impôt du didrachme. Josèphe, Ant.jud., XVI, vi, 5. Voir Cens. Une inscription de l’an 13 avant J.-C, trouvée à Bérénice, Corpus inscript, grsec, n° 5301, 1.2-8, 21-25, montre que dans cette ville les Juifs formaient une communauté à part, iroXiTEuixa, gouvernée par neuf archontes.

2° Nouveau Testament. — Le Nouveau Testament donne le nom de plusieurs Juifs de Cyrène et mentionne la synagogue des Juifs de Cyrène à Jérusalem. Voir Cyrénéen. L’évangélisation de ce pays n’est pas racontée dans les Actes, et il est fort possible que les chrétiens de Cyrène dont il est parlé, Act., xi, 20, aient appartenu à la synagogue cyrénéenne de Jérusalem et se soient convertis dans cette dernière ville. — En 73 après J.-C, les Juifs de la Cyrénaïque s’insurgèrent contre Yespasien. Josèphe, Bell.jud., [[, xi ; Vita, 76. Ce fut comme le dernier acte de la guerre qui avait amené la destruction du Temple. En 115, profitant de ce que Trajan était engagé dans la guerre de Mésopotamie, ils se révoltèrent de nouveau. L’insurrection prit les proportions d’une véritable guerre. Les Juifs battirent d’abord les Grecs et les obligèrent à fuir à Alexandrie. Dans cette ville, où les Grecs étaient de beaucoup les plus forts, les Juifs eurent à subir de terribles représailles. Eusèbe, H. E., iv, 2, t. xx, col. 303 ;

Orose, vii, 12, Migne, t. xxxi, col. 1091. Les Cyrénéens vengèrent leurs compatriotes avec une atroce cruauté ; ils massacrèrent plus de deux cent vingt mille Grecs. Dion Cassius, lxviii, 32 ; P. Orose, vii, 12. Ensuite ils proclamèrent roi un d’entre eux, qu’Eusèbe appelle Lukuas, et Dion Cassius André. Trajan envoya contre eux Q. Marcius Turbo. Après de nombreux combats, les révoltés furent définitivement vaincus. Eusèbe, H. E., iv, 2.

V. Bibliographie. — Voir, outre les ouvrages déjà cités, J.-R. Pacho, Voyage dans la Marmarique et la Cyrénaïque, in-8°, Paris, 1827 ; J.-P. Thrige, Res Cyrenensium, in-8°, Copenhague, 1828 ; Vivien de Saint-Martin, Le nord de l’Afrique dans l’antiquité grecque et romaine, in-8°, Paris, 1863 ; W. Rossberg, Quœstiones de rébus Cyrenarum provincise romanse, in-8°, Frankenberg, sans date ; Studniczka, Kyrene, in-8°, Leipzig, 1890 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. E. Ernault, in-8°, Paris, 1887, p. 126-128 ; Ivan Millier, Handbuch der klassischen Altertumswissenschaft, t. iii, Geographici, in-8°, Nordlingue, 1889, p. 278-280 ; Elisée Reclus, Géographie universelle, in-4°, Paris, 1886, t. xi, p. 2-12 ; F. Borsari, Geographia etnologicae storica délia Tripolitana Cirenaicae Fezzan, in-8°, Turin, 1888 ; A. Rainaud, Quid de naturæt fruclibus Cyrenaicse Pentapolis antiqua monumenta cum recentioribus collata nobis tradiderunt, in-8°, Paris, 1894 ; J. P. Mahaffy, The Empire of the Ptolemies, in-12, Londres, 1895, voir l’index, p. 508. E. Beurlier.

    1. CYRÉNÉEN##

CYRÉNÉEN (grec: Kuprivaio ;  ; Vulgate : Cyrenseus, Cyrenensis), nom ethnique des habitants de Cyrène et de la Cyrénaïque. Il se rencontre dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament.

1° Ancien Testament. — Jason de Cyrène écrivit en t cinq livres l’histoire des événements qui se passèrent en Judée sous la domination des Séleucides. L’auteur du second livre des Machabées se servit de cet ouvrage et l’abrégea. Il Mach., ii, 24. Voir Jason.

2° Nouveau Testament. — 1. Pendant que Notre -Seigneur se rendait au Calvaire, les Juifs requirent un Cyrénéen nommé Simon pour porter la croix. Matth., xxvii, 32 ; Marc, xv, 21 ; Luc, xxiii, 26. Voir Simon le Cyrénéen. — 2. Le jour de la Pentecôte, parmi ceux qui entendirent le premier discours de saint Pierre, se trouvaient des habitants de la Libye qui entoure Cyrène, c’est-à-dire de la Cyrénaïque. Act., ii, 10. — 3. Les Cyrénéens avaient une synagogue à Jérusalem, et les membres de cette synagogue prirent part aux discussions qui eurent lieu avec saint Etienne. Ils furent de ceux qui dénoncèrent le diacre au sanhédrin et le firent condamner à être lapidé. Act., vi, 9. Voir Etienne. — 4. La foi chrétienne fut prêchée à Antioche par des Cyrénéens en même temps que par des Cypriotes, Act., XI, 20, sans qu’il soit dit si c’étaient des gens résidant à Cyrène ou des Cyrénéens habitant Jérusalem. Il est probable qu’il s’agit ici de ces derniers. L’un d’eux s’appelait Lucius. Act., xiii, 1. Voir Lucius. — Parmi les Cyrénéens les plus célèbres, Synésius, Epist., 50, Patr. gr., t. lxvi, col. 1380, cite les philosophes Carnéade et Aristippe. E. Beurlier.

1. CYRILLE D’ALEXANDRIE (Saint), neveu de Théophile, patriarche d’Alexandrie, succéda à ce dernier, en 412 ; on ne sait rien de sa vie avant cette élection. Il entra d’abord en lutte avec les Novatiens et les Juifs, et l’un des épisodes les plus fameux de cette controverse fut le meurtre d’Hypatia. En 417, Cyrille fit inscrire le nom de saint Jean Chrysostome dans les diptyques de l’Église d’Alexandrie. À partir de 429, le patriarche tourna tous ses efforts contre les Nestoriens, convoqua contre eux, en 430, un synode à Alexandrie, et fut l’âme du concile d’Éphèse, qui se tint en 431. Il mourut le 27 juin 444.

L’œuvre littéraire très considérable de Cyrille est surtout