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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/641

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DAMAS


l’est à l’ouest, par une rue connue des musulmans sous le nom de Es-Soultânl, « la Royale, » et qui va du Bâb esch-Scharqi au Bâb el-Djabyah. Elle s’appelle aussi en arabe Derb ou Tarîq el-Moustaqim, « la rue Droite, » et occupe, en effet, l’emplacement de la Via Recta des Romains. C’est donc le Vicus Reclus, pO[i.T) e-iôeta, où saint Paul aveugle alla loger chez un certain Jude. Act., IX, 11. Jadis large de trente mètres, elle était ornée de deux rangées de colonnes corinthiennes qui constituaient trois magnifiques avenues répondant à chacune des trois baies que nous avons signalées aux portes. Cette colonnade, qui se prolongeait sur une longueur de seize cents mètres, comme à Palmyre, Djerasch et ailleurs, a depuis

de moulures fines et délicates représentant des espèces de stalactites d’un gracieux aspect. Leurs colonnes, en marbre, en pierre du pays, parfois même en porphyre, ont été d’ordinaire empruntées à des édifices plus anciens, et leurs fûts, presque tous monolithes, sont surmontés de chapiteaux divers, antiques, byzantins ou arabes. Nous n’en pouvons citer qu’une, la plus grande et la plus remarquable, une des plus belles même de l’Orient, la Djâmi’el-Kébir, « la grande mosquée, » ou Djàmï el-Oumaoui, « la mosquée des Ommiades. » Nous la décrivons telle que nous l’avons vue en mars 1893 ; car, le 14 octobre de la même année, un incendie qui dura douze heures l’a détruite en partie, avec quantité

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467. — Ancien arc de triomphe, & Damas. D’après une photographie.

longtemps disparu. En creusant des ondations, on en trouve çà et là des débris épars et même des bases encore en place. Les nombreux remaniements qu’a subis cette rue l’ont rendue tortueuse et très resserrée en beaucoup d’endroits. Elle sépare les trois principaux quartiers de la ville : au sud, le quartier des juifs, au nord-est celui des chrétiens, et au nordouest celui des musulmans. Vers l’extrémité occidentale, une petite mosquée occupe le site traditionnel de la maison de Jude, où saint Paul reçut l’hospitalité. En la remontant vers l’est et en tournant au nord, on arrive à un sanctuaire bâti, dit-on, sur l’emplacement de la maison d’Ananie. Act., ix, 10-18. C’est une petite et pauvre chapelle, une crypte à laquelle on aborde par un escalier, débouchant en face d’un arceau en ciment et pierre basaltique qui ne semble pas très ancien.

5. Monuments. — Les principaux monuments de Damas sont les mosquées, très nombreuses, mais la plupart très dégradées. Avec leurs sveltes minarets et leurs belles coupoles, elles produisent un effet pittoresque au-dessus des maisons de la ville. Leurs portes sont souvent ornées

d’objets d’art et de manuscrits précieux qu’elle contenait. Située au centre de la ville et enfermée dans les bazars, elle forme un rectangle long de 160 mètres de l’est à l’ouest sur 105 de large du sud au nord, clos d’un mur en belle maçonnerie. Le côté septentrional est occupé par une grande cour, de trois côtés environnée de cloîtres dont les arcades reposent sur de magnifiques colonnes corinthiennes en granit. Jadis pavée de marbre précieux, elle possède au centre une fontaine, ornée de huit colonnettes et surmontée d’une coupole octogone, et de chaque côté, à l’est et à l’ouest, deux autres petites coupoles. La mosquée proprement dite, à la partie méridionale, mesure 140 mètres de long sur 40 de large. Elle est divisée en trois nefs, parallèles au grand axe de Pédifice, par une double colonnade d’ordre corinthien. Ces nefs sont elles-mêmes coupées vers le milieu par un transept à fronton triangulaire que supportent intérieurement quatre immenses piliers et couronné à son centre par un dôme assez élevé. Près du transept, un gracieux monument entouré d’une grille, appelé <i Tombeau de saint Jean s, Maqàm Nébi Yayha, passe aux yeux des musulmans