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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/659

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DANIEL LE PROPHÈTE — DANIEL (LE LIVRE DE)


mêmes. Leur orgueil était extrême ; ils voyaient la terre entière ( moins l’Egypte, et encore combien aflaiblie ! ) c faire silence devant eux, » et ils en rapportaient la gloire à leurs dieux. C’était pour eux un dogme que la victoire d’un peuple était la victoire de son dieu sur le dieu des vaincus. Israël et Juda avaient succombé. Donc Jéhovah, leur Dieu, était censé vaincu par Bel-Mardouk, ou Nébo ; il n’était plus qu’un dieu local, secondaire, abaissé et diminué. Telle était leur conviction, qui risquait d’être partagée par les Juifs, hésitants et troublés. Daniel fut suscité pour écarter ce scandale, et relever aux yeux des Chaldéens la gloire humiliée du Dieu unique et souverain. C’est pourquoi, à cinq ou six reprises, des faits d’un surnaturel extraordinaire se produi p. 24-36 ; C. Keil, Der Prophet Daniel, Leipzig, 1869, p. 4, 5-10. E. Philippe.

5. DANIEL (LE LIVRE DE). — T. CARACTÈRE DE CE livre. — Il a pour objet général de montrer le souverain pouvoir de Dieu sur les peuples et dans le gouvernement de l’univers. Il est visible, à la simple lecture, que telle est la conclusion des récits historiques et des prophéties proprement dites qui le composent. Les récits où Daniel intervient, — récits choisis et comme détachés, — tombent uniformément sur cette finale, que Dieu est le Dieu des dieux, le maître des vois ; qu’il donne et qu’il enlève l’empire à qui il lui plaît. Dan., ii, 47 ; iii, 96, 99, 100 ; iv, 34 ; VI, 26, 27. Les prophéties le révèlent encore mieux en

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472. — Tombeau de Daniel, 4 Snse.

sirent, qui exaltaient pardessus tous les dieux le Dieu de Daniel, « dont le pouvoir est éternel, s Dan., ii, 47 ; m, 95, 96, 99, 100 ; iv, 31, 32, 31 ; vi, 26, 27 ; xiv, 42 : c’est manifestement le sens final de ces chapitres. — 3° Une autre mission de Daniel fut de conserver et de développer au sein du monde païen les idées et les espérances messianiques. La forme dans laquelle on les voit présentées, c’est la vision du royaume qui aura une origine invisible, qui succédera aux grands empires et aux royaumes issus d’eux, et qui, formé du « peuple des saints du Très-Haut s, avec le Messie pour prince, s’établira à travers mille vicissitudes et des luttes constantes, et ne sera jamais détruit. C’est pour faire paraître ces vérités que Dieu suscita Daniel. C’est lui qui les publia et qui contribua puissamment par sa parole et son action prédominante à créer dans tout l’Orient ce courant d’opinion qui remplit plus tard l’Occident comme « une vieille et constante tradition : que des hommes partis de Judée prendraient enfin le gouvernement du monde ». Daniel fut le prophète des nations comme saint Paul devait en être l’apôtre. R. Cornely, Introductio in libros tacros, t. ii, p. 472, 4 ; Fabre d’Envieu, Daniel, t. i,

exposant dans une synthèse saisissante, répétée quatre fois, la succession des empires de ce monde, qui doivent disparaître devant le Messie et être remplacés par son impérissable empire.

II. Division du livre. — Il est formé de deux parties et de deux appendices. Les deux appendices rentrent dans la première partie, où ils trouvent place, par ordre de temps : l’un, le chap. xiii, 1-64, avant le chap. ii, et l’autre, le chap. xiii, 65-xiv, 42, après le chap. vi. La première partie est historique, la seconde prophétique. Très communément, on fait commencer la seconde au chap. vu ; la partie historique comprend seulement les six premiers chapitres, le premier excepté. Telle est, en effet, la division admise par les anciens et par beaucoup de modernes, même rationalistes. J. Knabenbauer, In Daniel., p. 16. Mais il en est d’autres qui joignent le chap. vu à la première partie, parce qu’il reprend, dans une autre forme, le chap. ii, et qu’il est, comme celui-ci, écrit en araméen. Ces raisons ne sont pas convaincantes. Cf. Auberlen, dans Trochon, Daniel, Paris, 1889, p. 8.

III. Analyse du liviie. — I. Isiuoductios, — Trans-