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DÉBORA — DÉCAPOLE


dats d’Israël, le Seigneur jetait dans les rangs des Chananéens un effroi surnaturel. La déroute fut complète ; les ennemis furent exterminés, Jud., iv, 16, et Sisara lui-même alla périr de la main de Jahel. Jud., iv, 15-23 ; v, 19-27. La puissance des Chananéens élait à jamais détruite, et Débora ne pouvait rien souhaiter de plus heureux pour Israël que de voir ainsi traités à l’avenir les ennemis de Jéhovah. Jud., v, 31. Quant à elle, son nom est resté à jamais attaché à cette glorieuse délivrance, et la postérité l’a mise au nombre des juges d’Israël. Pour les détails de cette campagne, voirBARAC, 1. 1, col. 1444-1445. IV. Débora poète. Jud., v. — Herder, Histoire de la poésie des Hébreux, trad. Carlowitz, in-8’, Paris, 1855, p. 440, appelle le cantique de Débora « le plus beau chant héroïque des Hébreux. Tout [y] est présent, vivant, agissant », dit-il. Le chant de Débora fait ressortir avec éclat les qualités de cette grande âme, et en première ligne son patriotisme et sa religion. Si la part qu’elle a prise à l’affranchissement du peuple de Dieu lui a valu d’être rangée, avec Judith et Esther, au nombre des femmes de l’Ancien Testament qui ont été les types de la Mère du Sauveur des hommes, son cantique lui donne un trait plus particulier de ressemblance avec Marie exaltant dans son Magnificat le triomphe de Dieu sur les superbes et les puissants de la terre. E. Palis.

3. DÉBORA, femme de la tribu de Nephthali, mère de Tobiel, père de Tobie, dans les Septante. Tob., i, 8. Son nom ne se lit pas dans la Vulgate.

    1. DÉCACORDE##

DÉCACORDE (hébreu : ’âéôr ; Septante : Ssxoc/ôpiov ; Vulgate : decachordon), instrument de musique à dix cordes, comme l’indique son nom. Il est mentionné trois fois dans les Psaumes, exil (Vulgate, CXI, 4) ; cxuv (cxliii), 9 ; xxxm (xxxii), 2. Dans ce dernier passage, la Vulgate a traduit : in psalterio decem chordarum. Le texte hébreu, Ps. cxii, 4, emploie le mot’âsôr comme désignant à lui seul un instrument ; mais Ps. xxxiii, 2, et cliv, . 9, ’âsôr est un simple adjectif se rapportant à nébél et indiquant qu’il s’agit d’un nébél ou psaltérion à dix cordes. Voir Psaltérion.

    1. DÉCALOGUE##

DÉCALOGUE, de Séxot, « dix, » et Xoyo.-, « parole, » nom donné aux dix commandements que Dieu imposa à son peuple dans le désert du Sinaï. Exod., xx, 1-17. Cf. Deut., v, 6-21. Ils sont contenus dans « le livre de l’alliance », séfér kab-berif. Exod., xxiv, 7. Voir Pentatedque. Le mot « Décalogue » ne se lit pas dans la Bible.

DÉCAPITATION. Voir Supplices.

    1. DÉCAPOLE##

DÉCAPOLE ("H AexctTcoXi ; ). Ce nom, signifiant les « dix villes », se lit trois fois dans le Nouveau Testament. Les multitudes qui suivaient le Sauveur pendant sa vie publique étaient en partie originaires de la Décapole. Matth., iv, 25. De même le démoniaque, délivré par Notre -Seigneur d’une légion de démons. Marc., v, 2-20. Le Sauveur lui dit de retourner « dans sa maison », chez les siens, pour leur annoncer ce que le Seigneur lui avait fait. « Et il s’en alla et commença à prêcher dans la Décapole ce que Jésus lui avait fait. » — Une autre fois nous trouvons le divin Maître lui-même dans les confins de la Décapole, Marc, vii, 31, où il guérit un sourd-muet, y. 32-37. C’est encore très probablement dans la même région, près de la mer de Galilée, qu’il faut placer les nombreux miracles dont parle saint Matthieu au chap. xv, 29-31, et la seconde multiplication des pains, qui chez saint Matthieu, y. 32-38, fait suite à ces miracles, et chez saint Marc, viii, 1-9, à la guérison du sourd-muet.

L’étendue du territoire de la Décapole ne se laisse guère exactement définir. La Décapole était une confédération de villes, presque toutes situées au delà du Jourdain.

Pour la plus grande partie païennes, elles avaient été assujetties aux Juifs par Alexandre Jannée (104-78 avant J.-C) ; mais Pompée leur avait rendu la liberté après la prise de Jérusalem (63 avant J.-C). Cf. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 3-4 ; XIV, iv, 4 ; Bell, jud., i, lv, 8 ; vii, 7. L’historien juif, il est vrai, ne les nomme pas toutes ; mais nous en connaissons plusieurs autres par leurs monnaies, sur lesquelles elles font usage de l’ère de Pompée. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, t. i, p. 240, note 24. Le général romain est donc le vrai fondateur de la Décapole.

A l’origine de la confédération ces villes semblent avoir été au nombre de dix, comme le nom l’indique. Mais depuis le nombre paraît avoir varié. Pline, H. N., v, 18, énumère une dizaine de noms ; seulement il fait observer lui-même que d’autres auteurs donnent des nombres différents. Sa liste est ainsi conçue : Damas, Philadelphie, Raphane, Scythopolis, Gadara, Hippos, Dion, Pella, Galasa (lisez Gérasa) et Canatha. — Ptolémée, dans sa Géographie, v, 14, unit dans un même paragraphe « les villes de la Cœlésyrie et de la Décapole », au nombre de dix-huit. Ce procédé est assez naturel, vu que chez Josèphe aussi, Vit., 65, 74, la Décapole appartient à la Syrie, dont la Cœlésyrie (voir Cœlésyrie, col. 820-822) était la partie méridionale. Mais il ne tranche pas assez clairement la question de la Décapole.

En supposant que les quatre premières villes sont données comme appartenant à la Cœlésyrie sans faire partie de la Décapole, on retient pour celle-ci une liste qui, comme celle de Pline, commence par Damas et finit par Canatha, mais contient quatorze noms, c’est-à-dire tous ceux de Pline, excepté Raphane, et en outre : Samulis (SixjjlouXiç), Abida (lisez Abila), Capitolias, Adra (=Édréï), Gadora (ËaSûpa). Nous ne sommes pas sûrs, il est vrai, de saisir ainsi exactement la pensée de l’auteur. Il a peut-être confondu dans une seule liste les villes de la Décapole avec d’autres qu’il attribuait en outre à la Cœlésyrie. Seulement la première hypothèse trouve un appui dans Etienne de Byzance (Ethnicorum qux supersunt ex recensione Augusti Meinekii, Berlin, 1819, p. 203), qui parle de Gérasa comme d’une des quatorze villes, ttjç TeiT(T « p£<Ty.o(iSsx3m6)xaiç : leçon à laquelle Meineke, loç. cit., a substitué arbitrairement celle de AexaitdXewç. Aussi la ville d’Abila, omise par Pline, mais nommée par Ptolémée, doit à une certaine époque avoir fait partie de la confédération. Cela résulte d’une inscription trouvée à Palmyre et datant du règne d’Hadrien, où est nommé un certain Agathangelos d’Abila de la Décapole, AêiXrpo ; TK AexaTtiXewç. Corpus inscript, grsec, n° 4501. Aussi les monnaies qu’on attribue à cette Abila sont-elles datées de l’ère de Pompée. Voir Schûrer, Geschichte, t. ii, p. 91.

Il y a du reste d’autres vestiges de changements survenus dans la Décapole. L’an 30 avant J.-C, Hippos et Gadara sont jointes au royaume d’Hérode le Grand. Josèphe, Ant. jud., XV, vii, 3 ; Bell, jud., i, xx, 3. Après la mort de celui-ci, lors de la division de son royaume, les mêmes villes sont attribuées à la province romaine de Syrie. Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3. Et cependant les incursions des Juifs sur le territoire de ces villes, Vit., 9, sont des attaques contre « la Décapole s de Syrie. Vit., 65, 74. Sous Néron, une ville d’Abila, que nous croyons être l’Abila de la Décapole (voir Van Kasteren, Bemerkungen ûber einige atte Ortschaften im Ostjordanlande, dans la Zeitschrift des deutschen Palâstina-Vereins, t. nu, 1890, p. 218-219), est jointe à la tétrarchie d’Agrippa II. Josèphe, Bell, jud., II, un, 2. Et vers le commencement de la révolte juive, Scythopolis aussi nous est représentée comme faisant partie du même royaume, Josèphe, Vit., 65, et dans un autre passage du même auteur, ayant rapport à la même période, elle est appelée « la plus grande ville de la Décapole ». Bell, jud., III, ix, 7. De cette dernière expression on a