Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/713

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1361

DÉMÉTRIUS I" SOTER — DÉMÉTRIUS II NICATOR

1362

à s’abstenir de toute guerre contre leur nation. L’alliance fut conclue, et ordre fut envoyé de Rome à Démétrius de respecter désormais la Judée, sous peine d’être châtié par Rome. I Mach., viii, 19 et 31-32. Pendant ces négociations, Démétrius, pour venger Nicanor, avait envoyé une armée considérable, commandée par Racchide (160). Alcime accompagnait le général syrien. Les troupes grecques traversèrent la Galilée, campèrent à Masaloth et tuèrent un grand nombre de Juifs qui s’étaient réfugiés près de là, dans les cavernes d’Arbèles (voir Arbèles, t. i, col. 884) ; elles marchèrent ensuite vers Jérusalem, puis se rendirent à Béréa. 1 Mach., ix, 1-4. Voir Bérée, t. i, col. 1606. Judas campait à Laisa. Voir Laisa. Bacchide s’avança pour l’attaquer. Effrayés par le nombre des Syriens, les soldats de Judas désertèrent presque tous. Huit cents seulement restèrent fidèles. Malgré cette infériorité, Judas engagea la lutte. I Mach., ix, 5-10. Josèphe, Ant.jud., XII, xr, 1. Il mit en déroute l’aile droite de l’armée syrienne et la poursuivit jusqu’à Azôt ou Aza. Voir Azot, t. i, col. 1309. Mais l’aile gauche enveloppa Judas, et ce héros succomba criblé de blessures. I Mach., ix, 11-22. Délivré de son vaillant adversaire, Bacchide établit la domination syrienne par la violence et la cruauté, et avec la complicité de tous les Juifs traîtres à leur patrie et à leur Dieu. I Mach., IX, 23-27. Ceux qui restèrent fidèles élurent pour chef Jonathas, frère de Judas. I Mach., ix, 28-31. Voir Jonathas. Bacchide lui dressa des embûches ; mais Jonathas et Simon, son frère, s’enfuirent dans le désert de Thécué, près du lac Asphar. I Mach., ix, 32-34. Voir Simon. Bacchide les poursuivit peu après et attaqua les Juifs un jour de sabbat, sur les bords marécageux du Jourdain. Malgré la sainteté du jour, Jonathas n’hésita pas à livrer combat. Il faillit tuer Bacchide ; puis, vaincu par le nombre, il se sauva à la nage avec son armée. I Mach., ix, 43-48. Bacchide retourna à Jérusalem, et pour assurer la domination de Démétrius il fortifia les villes d’Ammaûs, de Béthoron, de Béthel, de Jéricho, de Thamnatha, de Phara, de Thopus, de Bethsura, de Gazara, et y établit des garnisons syriennes et des dépôts de vivres. I Mach., IX, 50-53. Il enferma comme otages dans la citadelle de Jérusalem les fils des principaux habitants du pays. I Mach., ix, 54. Après la mort d’Alcime, qui survint vers cotte époque, Bacchide retourna auprès de Démétrius, et la Judée fut tranquille pendant deux ans. I Mach., IX, 54-57. Cependant les intrigues des ennemis de Jonathas ramenèrent Bacchide en Judée. Jonathas, averti, fit mettre à mort cinquante des traîtres et se réfugia à Bethbessen, dans le désert. Simon fut chargé de la défense de la forteresse, et Jonathas fit des incursions dans le pays. I Mach., IX, 58-66. Bacchide attaqua Simon et fut vaincu. Jonathas lui offrit la paix. Bacchide accepta et se retira pour ne plus revenir. Cependant les troupes de Démétrius I er continuèrent à tenir garnison dans les forteresses syriennes et à Jérusalem. Jonathas s ! établit à Machmas. I Mach., ix, 67-73. Pendant quatre ans, de 157 à 153, la Judée fut tranquille.

En 153, Démétrius Soter, inquiet des agissements d’Alexandre Balas, écrivit à Jonathas pour lui demander son appui contre l’usurpateur. Il conféra au chef juif le droit de lever des troupes et de fabriquer des armes et lui rendit les otages. Jonathas vint à Jérusalem et lut les lettres du roi ; il restaura les murs de la ville et y établit sa résidence. I Mach., x, 1-12. Cependant il ne se crut pas engagé envers Démétrius, et, plus confiant dans les promesses d’Alexandre Balas, il fit alliance avec ce dernier. I Mach., x, 15-21. Démétrius écrivit alors une seconde lettre par laquelle il exemptait les Juifs d’impôts de diverses natures, déclarait Jérusalem ville sainte et libre, remettait à Jonathas la citadelle, le confirmait dans sa dignité de grand prêtre et promettait de faire don au Temple de quinze mille sicles par an et des revenus de la ville de Ptolémaïde, de mettre en liberté tous les prisonniers juifs et de les exempter d’impôîs, de respecter

le sabbat et les jours de fêtes, ainsi que les trois jours qui précéderaient et qui suivraient, d’empêcher toute action contre les Juifs pendant ce temps, de prendre à sa solde trente mille de leurs compatriotes, qui seraient commandés par des chefs de leur propre race, de leur ouvrir l’accès des fonctions publiques. Trois villes de Samarie devaient être jointes au pays gouverné par le grand prêtre. Droit d’asile était donné au Temple. Démétrius I er s’engageait enfin à contribuer à la restauration des murailles de Jérusalem. I Mach., x, 25-45. Ces promesses étaient trop belles pour que Jonathas les crût sincères ; il resta fidèle à Alexandre. Un combat s’engagea entre les deux rois, et Démétrius fut tué. I Mach., x, 46-50. Voir de Saulcy, Histoire des Machabées, in-8°, Paris, 1880, p. 201-233. E. Beurlier.

2. DÉMÉTRIUS II NICATOR, roi de Syrie, fils de Démétrius Soter (fig. 489). Il régna une première fois 489.

Tétradraohme de Démétrius II ÏUcator.

Tête de Démétrius barbu et diadème, de profil, à droite. — fi. BASIAEQS AHMHTPIOT ©EOT NIKATOPOS. Zeus, assis sur un trône, à gauche, la chlamyde sur l’épaule et sur les genoux, s’appuyant sur un long sceptre et portant une petite Victoire sur sa main droite. Sous le trône r SI ; dans l’exergue, la date EIIP (an 185 de l’ère des Séleucides), et un monogramme composé des lettres Ail. Monnaie frappée à Sidon.

de 146 à 138 avant J.-C. (de l’ère des Séleucides, 166 175), et une seconde fois de 130 à 125 avant J.-C. (de l’ère des Séleucides, 182-187).

I. Son histoire. — Son père l’envoya à Cnide au moment où Alexandre I er Balas envahit la Syrie, et ainsi il put échapper aux mains du vainqueur. Voir Alexandre Balas, t. i, col. 348-350. Il demeura en exil pendant quelques années ; puis, en 148 ou 147 avant J.-C, il débarqua en Cilicie avec une troupe de Cretois. Voir Cretois, col. 1116. Ptolémée Philométor se déclara en sa faveur et lui donna en mariage sa fille Cléopâtre, qu’il avait d’abord donnée à Alexandre. Avec cet appui, il défit son adversaire, qui périt en Arabie, où il s’était réfugié. Justin, xxxv, 2 ; Tite-Live, Epit., lui ; Appien, Syriac., 67 ; Josèphe, Ant.jud., XIII, iv ; I Mach., x, 67 ; xi, 1-18. Cette victoire valut à Démétrius II le surnom de Nicator. Ptolémée mourut peu après. Désormais exempt de toute crainte, Démétrius s’abandonna à ses instincts de cruauté et s’aliéna l’esprit de ses sujets. Il licencia toutes ses troupes, à l’exception des mercenaires crétois. I Mach., xi, 38. Un prétendant nommé Diodote et surnommé Tryphon alla chercher en Arabie un fils d’Alexandre Bdas et groupa autour de lui tous les mécontents. Il réussit à s’emparer d’Antioche et d’une grande partie de la Syrie. Démétrius se retira à Séleucie et à Babylone, d’où il-s’engagea dans une expédition contre les Parthes. Après avoir remporté quelques succès, il fut attiré dans un piège, défait et emmené captif (138). Justin, xxxvi, 1 ; xxxvii, 9 ; Tite Live, Epit., lui ; Appien, Syriac. , 67 ; Josèphe, Ant.jud., XII, v ; I Mach., xi, 39-40 ; xlv, 1-3. Justin et Appien, ibid., placent la révolte de Tryphon après la captivité de Démétrius, le premier livre des Machabées la place avant. Le récit biblique est cer-