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DÉMONIAQUES - DENIEIl

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chasser par des hommes qui travaillaient à l’extension de sa domination. Il y avait adresse de sa part à accréditer ceux qui en définitive servaient sa cause. Voir Magie. Mais, par sa doctrine et par ses œuvres, Notre-Seigneur combattait ouvertement le règne de Satan. Il n’était donc pas possible qu’il tint de Satan un pouvoir qui tendait à anéantir la domination des esprits de ténèbres parmi les hommes. « Si c’est Satan qui chasse Satan, il est divisé contre lui - même ; comment donc subsistera son royaume ? » Matth., xii, 26. Jésus chasse le démon par le pouvoir divin qui lui est propre, les fils des Juifs par le pouvoir divin qui leur est communiqué. De part et d’autre, la cause de l’expulsion est la même. C’est pourquoi les exorcistes juifs auraient droit de s’élever contre les calomniateurs qui attribuent à Satan le pouvoir qu’ils exercent eux-mêmes. — 4° Toutes les fois qu’il veut délivrer un démoniaque, Notre -Seigneur s’adresse impérativement au démon. Il lui parle en Dieu, et le démon ne résiste pas. Dans le cas de la fille de la Chananéenne, la délivrance s’opère même â distance. Matth., xv, 22 ; Marc, vii, 25. Les démons se sentent au supplice en présence de Jésus-Christ, Matth., v, 7 ; Luc, vin, 28, et ils lui disent qu’il vient les torturer avant le temps, Matth., viii, 29, c’est-à-dire les chasser des corps où ils ont la liberté de nuire et les refouler dans l’enfer, d’où il ne leur sera plus permis de sortir après le dernier jugement. Ils demandent, comme une sorte de compensation, d’être autorisés à entrer dans le corps de pourceaux, et ils ne peuvent le faire qu’avec la permission du Sauveur. Matth., viii, 31, 32. — 5° Notre -Seigneur communique à ses Apôtres le pouvoir de chasser les démons. Matth., x, 1 ; Marc, vi, 7 ; Luc, ix, 1 ; il le donne ensuite aux soixante-douze disciples, Luc, x, 17, et le promet à ceux qui croiront en lui. Marc, xvi, 17. Ce pouvoir ne constitue pourtant pas un mérite. Luc, xvii, 20. Parfois même il semble lié, pour l’humiliation de ceux qui l’ont reçu ; les Apôtres ne peuvent chasser le démon du lunatique qu’on leur amène au pied de la montagne de la Transfiguration, et Notre - Seigneur leur enseigne que certains démons ne sont expulsés que par la prière et le jeûne. Matth., xvii, 15, 20 ; Marc, ix, 27, 28 ; Luc, ix, 40. L’exorcisme au nom de Jésus n’est donc pas toujours efficace par lui-même ; il y faut joindre la pratique de certaines vertus particulièrement antipathiques aux démons. Certains Juifs exorcistes d’Éphèse, les sept fils de Scéva, en firent l’expérience à leurs dépens. Us disaient aux démons : « Je vous adjure par Jésus que prêche Paul. » Un démoniaque très dangereux se jeta sur deux d’entre eux, en disant : « Je connais Jésus, je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtesvous ? » il les dépouilla et les blessa grièvement. Act., xix, 13-16. — 6° Le pouvoir conféré par Notre -Seigneur aux Apôtres et aux disciples se conserva dans l’Église. Pendant les trois premiers siècles, tous les chrétiens, clercs et laïques, réussissaient à conjurer les esprits. Tertullien, Apologet. , xxiii, t. i, col. 410. Plus tard, l’Église institua un ordre particulier, celui des exorcistes, auquel fut dévolu ce pouvoir. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes,

Paris, 1877, p. 312.

H. Lesêtre.
    1. OÉMOPHON##

OÉMOPHON (Aï ; |io ?>wv), gouverneur syrien, qui resta en Judée après le départ de Lysias et la trêve faite entre Antiochus Eupator et Judas Machabée. Comme les autres gouverneurs des provinces, il ne fut pas fidèle aux conditions convenues et ne cessa d’inquiéter les Juifs. II Mach., XII, 2.

    1. DÉNABA##

DÉNABA (hébreu : Dinhâbâh ; Septante : Aëwocgj), ville du roi iduméen Bêla, fils de Béor. Gen., xxxvi, 32 ; I Par., i, 43. Gesenius, Thésaurus, p. 347, suppose que le mot est composé de di, « maître, » c’est-à-dire « lieu », et de nehàbâh, « pillage, » et veut dire un « repaire de voleurs ». Si l’interprétation était bien fondée, le nom

aurait une signification assez caractéristique. Quoi qu’il en soit, il n’est pas inconnu dans les pays situés à l’orient de la Palestine. Ptolémée, v, 15, mentionne Âavâ6a dans la Palmyrène, et, suivant Zosime, Hist., iii, 27, il y avait une Aavâ6n en Babylonie. Cf. Frz. Delitzsch, Genesis, Leipzig, 1887, p. 433. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 114, 249, identifient « Dannaba, la ville de Balac, fils de Béor, roi d’Édom », avec une localité existant encore de leur temps, « le bourg (xûiu], villa) de Dannaia (Aoeweâ), à huit milles (près de douze kilomètres) d’Aréopolis (aujourd’hui Er-Rab bah), en allant vers l’Arnon. » Ils signalent en même temps « une autre Dannaba sur le mont Phogor, à sept milles (plus de dix kilomètres) d’Esbus (Hésébon) ». Ces deux endroits, appartenant à Moab, ne sauraient désigner la capitale de Bêla. L’une ou l’autre pourrait tout au plus indiquer son lieu « d’origine », si tel est le sens qu’il faut donner au texte, d’après certains auteurs.

A. Legendre.
    1. DENIER##

DENIER (Bvjvotpiov, denarius), monnaie romaine, qui à l’époque d’Auguste pesait 38’, 898 et valait en francs ꝟ. 87.

1° Le denier dans le Nouveau Testament. — Le denier (fig. 493) est souvent mentionné dans le Nouveau Tes 493. — Denier de Tibère.

TI CAESAR DIYI AVG F AVGTSTVS. Tête lanrée de Tibère, à droite. — PONTIF MAXIM. Llvle ( ?) assise, ù droite, tenant un sceptre et une branche.

tament. Les dettes sont évaluées dans cette unité monétaire. Matth., xviii, 28 ; Luc, vii, 41. Le denier servait de monnaie courante pour les payements. Marc, VI, 37 ; xiv, 5 ; Luc, x, 35 ; Joa., vi, 7 ; xii, 5 ; Apoc, vi, 6. La taxe que chaque Juif était tenu de payer à l’empereur était d’un denier. Matth., xxii, 19 ; Marc, xii, 15 ; Luc, xx, 24. C’était également le prix d’une journée de vigneron. Matth., xx, 2, 9, 10, 13.

2° Histoire du denier. — Les Romains commencèrent à frapper des monnaies d’argent en 268 avant J.-C, en vertu d’une loi votée en 269. Pline, H. N., xxxiii, iii, 44 ; Tite Live, Epit. xv. La plus forte des pièces fut appelée denarius, parce qu’elle valait dix as. Le poids du denier primitif est de 4s r, 548, et sa valeur en francs de l ꝟ. 02. C’était la soixante-douzième partie de la livre romaine. Les Romains avaient emprunte ce système monétaire aux Tarentins et aux Syracusains. Le poids du denier était un peu plus fort que celui de la drachme attique, c’est-à-dire de la monnaie le plus en cours sur le marché. Th. Mommsen, Histoire de la monnaie romaine, trad. de Blacas, in-8°, Paris, 1865-1873, t. ii, p. 39. Les deniers de l’époque primitive portaient au droit la tête de Rome coiffée d’un casque ailé et le sigle X ; au revers, les Dioscures à cheval, au-dessus de deux étoiles, avec la légende : ROMA. Klugmann, Die Typen der âltesten Bigati, dans la Zeitschrift fur Numismatik, t. v (1878), p. 62. Cf. Mommsen, Histoire de la monnaie, t. ii, p. 24. Bientôt s’introduisit un autre type sur le revers, celui de la Victoire, sur un char attelé de deux chevaux. Pline, H. N., xxxiii, iii, 46 ; Tite Live, xxiii, 15 ; xxxiii, 23, etc. En 217 avant J.-C, la valeur de l’as fut réduite, et le denier valut désormais seize as. Pline, H. N., xxiii, m, 45. Il continua cependant à porter au droit le sigle X, parce qu’on le compta toujours pour dix as dans le payement de la solde des troupes. Ce n’est que vers le I er siècle avant J.-C. qu’on mit le sigle XVI. Mommsen,