Aller au contenu

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/843

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1615
1616
EGYPTE


morts et surtout aux âmes des pharaons, qui étaient l’objet d’un culte spécial et même officiel. Le tombeau était considéré aussi comme l’habitation du défunt, où l'âme devait venir de temps en temps visiter le cadavre, pour s’unir à lui et y vivre d’une vie semblable à celle qu’elle avait vécue sur la terre. De cette idée était venu l’usage de l’embaumement, qui avait pour but de conserver le corps le plus longtemps possible, afin que l'âme put trouver où s’attacher dans sa visite au sépulcre. De là encore l’usage de décorer la chambre sépulcrale de peintures ou de sculptures qui se rapportaient aux occupations mêmes du défunt pendant sa vie, et d’y déposer les objets dont il avait fait usage.

On croyait aussi que les âmes des morts devaient parcourir différentes régions dans le monde souterrain et subir plusieurs épreuves avant de se réunir à la divinité. La description de ces pérégrinations était renfermée dans le document sacré appelé Sat per em heru ou Livre de sortir du jour, ou pendant le jour, que les égyptologues modernes appellent le Livre des morts. Ce précieux document, qu’on trouve en grand nombre dans l’intérieur des tombeaux, se composait de 165 chapitres, dont un des plus importants était le 125e, qui nous montre la scène du jugement de l'âme dans le tribunal d’Osiris. (Voir fig. 115, t. i, col. 469.) Après le jugement, même favorable, il y a encore pour l'âme d’autres épreuves à subir, et enfin l'âme purifiée tout à fait est absorbée par la divinité et réunie à l’essence divine. LeLivre des morts a été publié d’abord par Lepsius, in-4°, Leipzig, 1812, sous le titre : Das Todtenbuch der alten Aegypler. Une autre édition a été donnée par M. Edouard Naville, .Das àgxjptische Todtenbuch der XVIII. bis XX. Dynastie, 2 in-f », Berlin, 1886. Une traduction française du texte a été donnée par M. Pierret, Le livre des morts, Paris, 1882, et une anglaise par P. Lepage Renouf, The Egyplian Book of the Dead, in-8°, Londres (quatre parties parues, 1897), publiée par la Society of Biblical Arrhxology. Voir aussi W. Budge, À new and complète édition of the Book of the Dead, 3 in^i », Londres, 1897 (texte et traduction de la recension thébaine).

Sur les idées des anciens Égyptiens à propos de la vie future, nous possédons aussi un autre document très important, le Sat em ap ro ou Livre de l’ouverture de la bouche, qui porte aussi le nom de Livre des funérailles. Dans ce livre, qui a été confondu à tort avec le Livre des morts, il y a la description des rites funéraires qu’on pratiquait après l’embaumement du cadavre, jusqu'à l’enterrement et au sacrifice près du tombeau. Ce texte a été publié dans son intégrité pour la première fois par M. Ernest Schiaparelli, directeur du Musée égyptien de Turin : Il libro dei funerali degli antichi Egiziani, in-8 « , 1882-1890.

Dans les cercueils des momies, outre les papyrus funéraires, on a trouvé aussi d’autres papyrus traitant de sujets religieux, philosophiques, littéraires et scientifiques, de sorte qu’on peut dire que les tombeaux nous ont conservé le trésor de la science des anciens Égyptiens. Voici quelques-uns des plus importants : Les maximes du scribe Àni, traité de morale, traduit par Fr. Chabas, dans l'Égyptologie, 1874 et suiv. (ce sont sans doute des maximes comme celles d’Ani qui avaient valu aux Égyptiens la réputation de sagesse à laquelle il est fait allusion III Reg., iv, 30. Cf. Act. vii, 22 ; Is., xrx, 11 ; xxxi, 2 ; Josèphe, Ant. jud., viii, vi, 5) ; — Le papyrus magique Harris, formulaire de prières et d’exorcismes contre les mauvais esprits, traduit aussi par Chabas, Chalon-surSaône, 1860 ; — Le papyrus Sallier n° i, récit historique de la fin de la domination des Hyksos, traduit aussi par M. Chabas ; — Le grand papyrus Harris, le plus étendu des papyrus égyptiens, qui se rattache à l’histoire des pharaons de la XIXe dynastie. L'étude la plus complète sur ce papyrus est celle de M. Eisenlohr ; — Le papyrus de Senaaht ou de Sinéh du Musée de Berlin, épisode de

la XIIe dynastie, traduit par M. Griffilh, dans les Pro~ ceedings of the Society of Biblical Archœology, juin 18l12 ;

— Le papyrus Anastasi n° i, qui contient une description de voyage de l'époque de la XIXe dynastie, publié' par Chabas, Voyage d’un Égyptien en Syrie, en Phénicie, en Palestine, etc., in-4°, Paris, 1866 ; — Le papyrus d’Orbiney ou Le roman des deux frères, conte égyptien de l'époque de la XIXe dynastie, traduit et publié par de Rougé, Maspero, etc. ; — Le papyrus Harris n a 500 ou Le roman du prince prédestiné, traduit par Goodwin et Chabas, 1861, et par Maspero, dans les Études égyptiennes, Romans et poésies, in-8°, Paris, 1879 ; — Le roman de Setna, d’un manuscrit démotique du Musée du Caire, de la XXVIe dynastie. Voir Maspero, dans la Zeitschrift fur die âgyptische Sprache, 1877, p. 133.

— Enfin une quantité de textes épistolairés, décrets, etc. Le Musée de Turin en possède une belle collection, qui a été publiée par Rossi et Pleyte : Papyrus de Turin, Leyde, 1869-1876. Plusieurs des papyrus déjà cités appartiennent au Musée Britannique et sont publiés dans les Select Papyri of the British Muséum.

Les anciens Égyptiens se distinguèrent encore plus dans les arts que dans la littérature. Leurs monuments d’architecture, pyramides, temples, tombeaux, obélisques ; leurs sculptures, statues et bas-reliefs ; leurs peintures, qui représentent au vif leur vie de chaque jour, ont joui de tout temps d’une juste célébrité. Les travaux qu’ils avaient exécutés pour endiguer le Nil, canaliser et répandre partout ses eaux bienfaisantes, leur font le plus grand honneur. Leur industrie était très florissante. Leurs tapis étaient renommés en Orient, Prov., vil, 6, ainsi que leurs broderies, Ezech., xxvii, 3 (voir t. i, fig. 621 et 622, col. 1941, 1943) ; leurs tissus étaient d’une grande finesse ; leurs ameublements de bon goût et souvent d’une grande richesse, comme on peut en juger par les peintures et par les débris, qui, échappés aux injures du temps, sont conservés dans nos musées. Voir P. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, in-12, Paris, 1887.

V. L’Egypte dans la Bible. — 1° Dans le Pentateuque.

— 1. L’origine du peuple égyptien est indiquée, comme on l’a déjà remarqué plus haut, Gen., x, 6, 13. Les fils de Misraïm, qui peuplèrent l’Egypte et d’autres contrées, sont Ludim, Anamim, Laabim, Nephthuim, Phetrusim, Chasluim et Caphtorim. Voir ces mots. — 2. Peu après son arrivée dans la Terre Promise, une famine obligea Abraham d’aller en Egypte. Gen., xii. Voir t. i, col. 76. Plus tard, une autre famine étant survenue, Dieu défendit à Isaac, fils d’Abraham, d’aller dans ce pays, Gen., xxvi, 2 ; mais une autre famine devait, quelques années après, y conduire ses petits - fils, les enfants de Jacob. Dieu avait prédit à Abraham, Gen., xv, 13, que ses descendants seraient asservis en Egypte. Pour que la prophétie s’accomplit, il permit que Joseph, fils de Jacob, y fut vendu comme esclave et y devint premier ministre du pharaon, ce qui amena l'établissement de toute sa famille dans la terre de Gessen. Gen., xxxvii, xxxixxlvh. Voir Jacob et Joseph. C’est là que le peuple d’Israël grandit, sous la domination des Hyksos. Quand ces derniers eurent été expulsés, les progrès des Hébreux inquiétèrent les pharaons indigènes de la XIXe dynastie ; ils les opprimèrent et les soumirent à de dures corvées, dont Moïse les délivra au moyen des plaies d’Egypte et du passage miraculeux de la mer Rouge. Exod., i-xiv. Ces grands événements restèrent gravés en traits profonds dans la mémoire des Israélites, et l'écho en retentit dans tous les livres de l’Ancien Testament, Jos., ii, 10 ; xxiv, 4, etc., et jusque dans le Nouveau. Act. vu ; Hebr., m, 16 ; viii, 9 ; xi, 27 ; Jude, 5.

2° Sous les rois. — Depuis l’exode jusqu’au règne de Salomon, le peuple de Dieu n’a aucun rapport direct avec l’Egypte. Après son élévation au trône, le fils de David épousa la fille d’un pharaon, III Reg., iii, 1, et reçut de lui comme dot de la reine la ville de Gazer. UI Reg.,