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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/904

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EMMAUS


pour caractériser Emmaûs, la pluralité des fontaines à eau courante : fontibus irriguam Emmaum, et la nomme avec Lydda et Joppé. La table de Peutinger nomme Emmaûs à dix-huit milles à l’occident d’jElia ou Jérusalem, à l’est de Joppé, Yamnia et Lydda, à douze milles de cette dernière. Dans Reland, Palœstina, t. i, en face la page 420. Le pèlerin juif Ishâq rjelô (1334) va de Sara’à Gimzo, en passant par Emmaûs. Les chemins de Jérusalem, dans Carmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 245. — 3° D’après les écrivains chrétiens. — Les témoignages des anciens écrivains ecclésiastiques sont encore plus nombreux et plus précis ; toutefois, avant de les citer, deux observations sont à faire : 1. pour eux la localité d’abord appelée Emmaûs est la même qui a été nommée, au m » siècle, Nicopolis par les Grecs et les Romains ; 2. il n’y a pour eux qu’une seule Emmaûs, et l’Emmaùs des Machabées est aussi l’Emmaûs de l’Évangile : Nicopolis désigne l’une et l’autre. Tous les documents et toute l’histoire sont constants et unanimes à affirmer cette double identification. — Faisant allusion aux faits racontés £ Mach., m et iv, saint Jérôme s’exprime ainsi : « [Daniel] veut parler de l’époque de Judas Machabée, qui, sorti du bourg de Modin, assisté de ses frères, de ses parents et d’un grand nombre d’entre le peuple juif, vainquit les généraux d’Antiochus près tV Emmaûs, qui est maintenant appelée Nicopolis. » Commentin Dan., viii, 14, t. xxv, col. 537. La Chronique d’Eusèbe, traduite par saint Jérôme, constate ce changement de nom à l’année chr. 224 : « En Palestine, y lit-on, la ville de Nicopolis, appelée auparavant Emmaûs, a été fondée par Jules Africain, auteur d’une Chronique, qui avait accepté d’être député à cet effet. » Patr. lat. t t. xxvii, col. 641-642. Saint Jérôme ne cesse d’attester ce changement de nom toutes les fois qu’il nomme Emmaûs ou Nicopolis. Voir De viris illustribus, cap. lxiii, t. xxii, col. 675 ; In Ezech., xlvui, 21 et 22, t. xxv, col. 488 ; In Dan., xi, 4 et 5, ibid., col. 574 ; In Abdiam, ꝟ. 19, ibid., col. 1113. Tous les historiens, chronographes et pèlerins, tant latins que grecs, répèlent cette assertion en termes identiques. Ainsi le Chronicon paschale, ann. chr. 223, t. xcii, col. 657 ; Jean Moschus, Prat. spiritual., ch. xlv, t. lxxxvii, col. 3032 ; Georges Syncelle, Chronographia, in-f°, Venise, 1729, p. 286 ; Théophane, Chronograph., année C. 354, t. cviii, col. 160 ; Anastase le Bibliothécaire, Histoire eccl., à l’année du monde 5715, Patr. gr., t. cviii, col. 1200 ; M. Aur. Cassiodore, Chronique, t. lxix, col. 1236 ; S. Adon, arch. de Vienne, Chronique, t. cxxiii, -col. 86 ; Id., De festivitalibus sanctorum Apostolorum, ibid., col. 193 ; Cedrenus, Historiarum compendium,

: t. cxxi, col. 582 ; Nicéphore Calixte, Hist. eccl., 1. x, c. 31, 

t. cxlvi, col. 536.

L’identité de l’Emmaûs de saint Luc et de Nicopolis n’est pas moins formellement affirmée. « Emmaûs, dit Eusèbe, d’où était Cléophas, qui est [nommée] dans l’Évangile selon Luc ; c’est maintenant Nicopolis, ville célèbre de Palestine. » Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, in-12, Berlin, 1862, p. 186 ; traduction équivalente de saint Jérôme, De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 896. « Reprenant le même chemin, dit personnellement saint Jérôme racontant le pèlerinage de sainte Paule romaine, elle vint à Nicopolis, qui s’appelait d’abord Emmaûs, près de laquelle le Seigneur fut reconnu à la fraction du pain, et où il consacra la maison de Cléophas en église. » Epist. cviii, ad Eustochium, t. xxii, col. 883. « Il y a une ville de Palestine nommée aujourd’hui Nicopolis, dit Sozomène ; il en est fait mention dans le livre divin des Évangiles comme d’un village, car c’en était un alors, sous le nom d’Emmaùs. » H. E., v, 21, X. lxvii, col. 1280-1281. Le pèlerin Théodosius (vers 530) cite : « Emmaûm, qui est maintenant appelée Nicopolis, où saint Cléophas reconnut le Seigneur à la fraction du pain. » De Terra Sancta, édit. de l’Orient latin, in-8°, Genève, 1877, p. 71. L’auteur de la Vie de saint Willibald

raconte comment le saint voyageur « vint à Emaûs, bourg de Palestine que les Romains… appelèrent Nicopolis, où il vint prier dans la maison de Cléophas, changée en église. » Act. sanct. Boll., édit. Palmé, t. ii, juill., p. 515. Guillaume deTyr, Historia, 1. vii, c. 24, dans Bongars, p. 743 ; Id., 1. viii, c. 1, ibid., p. 746 ; Nicéphore Callixte, H. E., x, 31, t. cxlvi, col. 536, et un grand nombre d’autres attestent la même identité. — Il résulte de cette double identification, quelle qu’en soit du reste la valeur, que les indications données par les anciens écrivains chrétiens sur Nicopolis ou sur l’Emmaûs évangélique s’appliquent en même temps à l’Emmaûs des Machabées dont nous parlons, et réciproquement.

Nicopolis, selon Eusèbe, est au nord de Bethsamès, d’Esthaol et de Saraa, puisque la route venant d’Éleuthéropolis à Nicopolis passe près de ces villes, dix milles au nord d’Éleuthéropolis. De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 883, 895, 921. Nicopolis, lorsqu’on s’y rend d’/Elia, est au delà de Béthoron, qui est lui-même à douze milles environ d’iElia. Ibid., col. 880. Elle est à quatre milles de Gazer, qui est plus au nord. Ibid., col. 900. Elle se trouve non loin d’Aïalon de la tribu de Dan. Ibid., col. 874. Saint Jérôme ajoute que « le village d’Aïalon est près de Nicopolis, au deuxième mille en allant à jElia ». Ibid., col. 868. Le même docteur place, In Ezech., loc. cit., Nicopolis avec Aïalon et Sélébi dans la tribu de Dan. Comme Lydda, elle appartient à « la Séphéla, c’est-à-dire la plaine ». In Abdiam, loc. cil. Elle est aux confins de cette plaine, « là où commencent à s’élever les montagnes de la province de Judée. » In Dan., xi, 44 et 45, loc. cit. Sainte Paule, montant de Nicopolis à Jérusalem, peut saluer de loin Aïalon, qu’elle laisse à sa droite, et passe par les deux Béthoron, l’inférieure et la supérieure. S. Jérôme, Epist. ad Eustoch., t. xxii, col. 883. Le pèlerin de Bordeaux (333), prenant sans doute cette même voie par Béthoron, généralement suivie alors, compte « de Jérusalem à Nicopolis xxii milles ; de Nicopolis à Diospolis ( Lydda) x milles ». Itinerarium a Burdigala Hier-usalem usque, t. viii, col. 792. Virgilius, pèlerin vers le commencement du VIe siècle, estime la distance « de Jérusalem à Sinoda ( pour Cidona, hébreu : Kidôn, nom de l’aire, près de Cariathiarim, où fut frappé Aza, I Par., xiii, 9), où fut l’arche du Testament…, vm milles ; de Sinoda à Amaùs…, vm milles ». Itinera hierosol., dans Analecta sacra du card. Pitra, in-4°, Rome, 1888, t. v, p. 119. Théodosius, Genève, 1877, p. 71, porte ces deux demi-distances chacune à neuf milles, en tout dix-huit milles, comme porte la table de Peutinger. Ces deux dernières indications étant d’accord, Eusèbe donnant aussi neuf milles pour la distance de Jérusalem à Cariathiarim, et les itinéraires de Virgilius et de Théodosius n’étant que deux copies d’un même itinéraire, la leçon nu milles de Virgilius sera très probablement une erreur de copiste pour viui milles. D’après ces deux pèlerins, il y a « d’Emmaùs à Diospolis XII milles ». Le moine hagiopolite Épiphane place « à l’occident de la ville sainte, à environ six milles, le mont Carmélion, patrie du Précurseur ; vers l’occident du mont Carmélion, à environ dix-huit milles, est Emmaûs ; de là, à environ huit autre milles est Ramblé (Ramléh), et près de Ramblé est la ville de Diopolis (Diospolis) ». Descriptio Terrse Sanctse, t. cxx, col. 264. La carte en mosaïques découverte à Màdaba, en 1897, place Nicopolis dans la plaine et dans la tribu de Dan, à l’ouest de Jérusalem, plus au sud qu’elle ne devrait être, mais au sud-ouest de Béthoron. Méditha (Modin) est au nord-nord-ouest, BaTa-Avvaëï), xa’t vùv By]to-Anvaëa, non loin, au nord-ouest, TviSoup (Gazer), à l’ouest un peu nord ; AtoS est plus loin, aussi au nord-ouest. Les témoignages postérieurs sont identiques pour le fond. — Dans ces diverses indications, on constate des différences dans les chiffres déterminant les distances. Ces différences pourraient paraître des contradictions ou des indications désignant des lieux différents, si l’on n’obseivait