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GOLIATH — GOMER


résolution. Le jeune pâtre, qui étouffait les lions et les ours, mettait sa confiance dans le secours de Jéhovah qui le délivrerait de la main du Philistin. Ayant rejeté les armes royales qui entravaient sa marche, muni seulement de sa fronde et de cinq pierres polies, il marcha contre le géant. Celui-ci, toujours précédé de son écuyer, méprisa son faible et audacieux adversaire, et lui cria : « Suis-je donc un chien, pour que tu viennes à moi avec un bâton ? » Il le maudit ait nom de ses dieux et le menaça de donner sa chair en pâture aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs. Comptant sur le Dieu des armées d’Israël qui se vengerait des outrages de Goliath et sûr du succès, David riposta par des menaces semblables. La lutte ne fut pas de longue durée. Le Philistin se précipita sur son adversaire, qui le laissa approcher jusqu'à la distance convenable, puis arma prestement sa fronde et lui lança une pierre. Le coup atteignit au front le géant, qui tomba par terre. David se jeta sur lui, lui arracha son épée et lui trancha la tête. A cette vue, les Philistins s’enfuirent et furent défaits par l’armée israélite. I Reg., xvii, 23-53. Voir t. ii, col. 1311. David, portant à la main la tête de Goliath, fut présenté à Saül par Abner. I Reg., xvii, 57. Plus tard, peut-être seulement après la conquête de Sion, il la transporta à Jérusalem, et il mit les armes du géant dans sa tente comme un glorieux trophée. I Reg., xvii, 54. Le glaive de Goliath fut déposé au sanctuaire de Nob, où on le gardait enveloppé dans une étoffe précieuse, derrière l'éphod du grand-prêtre. Poursuivi par Saùl et avant de se réfugier chez Achis, roi de Geth, David le reçut des mains d’Achimélech ; il n’en connaissait pas de meilleur. I Reg., xxi, 9 ; xxii, 10.

L’auteur de l’Ecclésiastique, xlviî, 4-6, attribue justement la victoire de David sur Goliath à la protection divine, à laquelle le jeune héros avait eu recours et de laquelle il a obtenu la force d’abattre cet homme redoutable au combat et de relever la puissance de sa nation. Quelques manuscrits des Septante et la Vulgate attribuent la composition du psaume cxliii à l’occasion du combat contre Goliath. Les targumistes confirment cette attribution par ces mots du y 10 : « Vous avez préservé David votre serviteur du glaive meurtrier. » Mais saint Hilaire de Poitiers, Tract, in cxliii Ps., t. ix, col. 843-844, a remarqué que ce psaume n’est pas une action de grâces de la victoire remportée sur le géant philistin, mais qu’il contient des renseignements qui se rapportent à une époque postérieure. Aussi pense-t-il que les Septante ont ajouté au titre cette indication pour signaler la signification spirituelle du combat de David et de Goliath. Plusieurs Pères, en effet, ont considéré ce combat comme représentant allégoriquement la victoire de Jésus-Christ sur le démon, l’ennemi du salut des hommes. Cf. Théodoret, Quxst. in I Reg., int. xli, t. lxxx, col. 568 ; S. Augustin, Enarr. in Ps. cxliii, 1, t. xxxvii, col. 18551856 ; Sermo xxxii, de Golia et David, t. xxxviii, col. 196-198 ; S. Grégoire le Grand, Moral, in Job, Xviii, 16, et xxxiv, 11, t. lxxvi, col. 50, 729 ; S. Bernard, Sermo Dom. IV post Pentecosten, t. clxxxiii, col. 333-338. Les Arabes ont connu Goliath sous le nom de Gialout. Ce nom, selon eux, est commun à tous les rois des Philistins, de sorte que David tua le Gialout de son temps. Voir d’Herbelot, Bibliothèque orientale, Paris, 1697, art. Gialout, p. 392. Cf. Danko, Historia revelationis divinæ V. T., Vienne, 1862, p. 235-237 ; Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 258-259.

E. Mangenot.

    1. GOLIATH##


2. GOLIATH, géant de Geth, nomme _II Reg., xxi, 19, Comme ayant été tué sous le règne de David. Au lieu de Goliath, il faut lire « frère de Goliath » (c’est-à-dire frère de Goliath 1), comme le porte I Par., xx, 5. Voir Akéodat, t. i, col. 215.

GOMAR ou GŒMAERE François, théologien cal viniste hollandais, né à Bruges le 30 janvier 1563, mort à Groningue le Il janvier 1641. Il fut le chef des calvinistes qui, de son nom, s’appelèrent gomaristes, par opposition aux remontrants. Après avoir étudié dans les meilleures écoles protestantes d’Allemagne, il passa en Angleterre où il suivit les cours des universités d’Oxford et de Cambridge. Il revint se perfectionner dans la connaissance du grec et de l’hébreu à Heidelberg, et de 1587 à 1593 fut pasteur de l'église flamande de Francfort. En 1594, il obtint la chaire de théologie à l’université de Leyde. Les luttes qu’il engagea contre Arminius et ses disciples l’amenèrent à donner sa démission, et en 1611 il se retira à Middelbourg d’où il alla en 1614 à Saumur enseigner la théologie. En 1616, il vint se fixer à Groningue. Parmi ses écrits nous devons mentionner : Examen controversiarum de Genealogia Ckristi, in-8°, Groningue, 1631 ; Dissertatio de Evangelio Matthsei quanam lingua sit scriptum, in-8°, Groningue, 1632 ; Davidis Lyra, seu nova Ebrsea sacrse Scripturse ars poetica canonibus suis descripla et exemplis sacris et Pindari ac Sophoclis parallelis demonstrata cum selectorum Davidis, Salomonis, Jeremise, Mosis et Jobi poematum analysi poetica, in-4°, Leyde, 1637. Outre les écrits précédents, on remarque encore dans ses Opéra theologica omnia, maximam partem posthuma, in-f", Amsterdam, 1645, 2e édit., 1664 : Analysis et explicatio quinque prïorum capitum Apocalypseos ; Illustrium ac selectorum locorum explicatio Matthsei, Luc » et Johannis ; Analysis et explicatio prophetiarum quarumdam Mosis de Christo ; Analysis Obadise. — Voir Richard Simon, Histoire critique des commentateurs du Nouveau Testament, 1693, p. 762 ; Walch, Biblioth. theologica, t. iv, p. 511, 638, 641, 650, 905 ; Biographie nationale, Bruxelles, t. viii, 1884-1885, col. 98.

B. Heurtebize.

GOMÉD, nom d’une mesure hébraïque, mentionné seulement une fois dans l'Écriture. Nous lisons, Jud., m, 16, que le glaive dont se servit Aod pour tuer Églon roi de Moad, avait « un gôméd » de longueur. Les Septante ont traduit (rmOaurj, « empan ; » Aquila et Symmaque : fpôvOo ; TiaXaioriafoç, « poing palestinien ; » la Vulgate : palma manus, « paume de la main. » Le mot hébreu signifie proprement « bâton ». On peut induire des circonstances du récit qu’Aod s'était fabriqué un glaive plus court qu’on ne le faisait ordinairement, afin de pouvoir plus facilement le dissimuler (voir Aod, t. i, col. 715), mais il est impossible de déterminer la valeur exacte du gôméd. D’anciennes versions ont rendu ce mot par « aune », cf. Gesenius, Thésaurus, p..292, et plusieurs croient que sa dimension était la même que celle de la coudée (environ 50 centimètres). Voir COUDÉE, t. ii, col. 1060.

1. GOMER (hébreu : Gômèr ; Septante : Tapiép), le premier des sept fils de Japheth, père d’Ascenez, de Riphath et de Thogorma. Gen., x, 2-3. Voir Ascenez, t. i, col. 1069 ; Riphath et Thogorma. Le nom de Gomer n’est mentionné qu’une autre fois dans l'Écriture, avec Thogorma, parmi les peuples du nord qui composent l’armée de Gog, roi des Scythes. Ezech., xxxviii, 6 (Septante : Poiiép). — On a identifié les descendants de Gomer avec des peuples très divers. On s’accorde généralement à le regarder aujourd’hui comme le père des anciens Cimmériens, qui, à partir d’Asaraddon, sont nommés dans les inscriptions cunéiformes comme habitant mat (la terre de) Gimir, et sont désignés sous le nom de Gimirrai. Voir Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschung, in-8°, Giessen, 1878, p. 519 et surtout p. 157162 ; Id., Die Keilinschriften und das aile Testament, 2e édit., 1883, p. 80, 428 ; Fr. Lenormant, Les origines de l’histoire, 2e édit., in-12, t. ii, Paris, 1882, p. 332-386. Il ne faut pas les confondre avec les Cimbres postérieurs et avec les différentes branches de la famille celtique.