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GRENIER — GRIESBACH


"ne moissonnent, ni n’amassent dans des greniers, sont nourris par le Père céleste, exemple de la confiance en la Providence. Matth., vi, 26 ; Luc, iii, 24. — Le Messie, au temps de la moisson, fe » i arracher l’ivraie par ses serviteurs pour la brûler et ramassera le blé dans son grenier. Matth., xiii, 30. — Dans la parabole du riche cupide, Luc, xii, 18, on voit cet insensé ne pensant qu'à agrandir ses greniers pour amasser d’abondantes Técoltes sans autre préoccupation que ses intérêts matéTiels, tandis que ce superflu ne lui assure pas la vie même jusqu’au lendemain. E. Levesque.

    1. GRENOUILLE##

GRENOUILLE (hébreu : sefardê'a ; Septante : pâtpaxoç ; Vulgate : rana), batracien de l’ordre des anoures ^sans queue) et de la famille des ranidés.

I. Description.

Cet animal, bien connu dans nos contrées, est pourvu de dents à la mâchoire supérieure et se nourrit exclusivement de proies vivantes dont il a constaté le mouvement, larves, insectes aquatiques, vers, petits mollusques. Le mâle possède de chaque côté de la gorge une vessie au moyen de laquelle il produit son coassement. Pendant l’hiver, la grenouille vit engourdie dans la vase. Au printemps, elle se reproduit par centaines. — 1° La grenouille ordinaire, appelée rana escwlenta (fig. 79), parce que sa chair est fort bonne à manger, est très commune dans nos pays. On la trouve par myriades en Egypte, dans tous les endroits où il y a de Peau. Malgré le nom de rana nilotica qu’on a donné à la grenouille égyptienne, elle ne diffère en rien de celle de nos contrées. Elle est tellement abondante que ses coassements causent la plus grande importunité aux voyageurs. Elle est également commune en Palestine. — 2° La grenouille des arbres, hyla arborea, ou rainette, plus petite que la grenouille ordinaire, passe l'été sous les feuilles des arbres, restant accrochée dans cette position au moyen de ventouses qu’elle a sous leV doigts. Elle se nourrit de vers et d’insectes. Cette seconde espèce se rencontre aussi très fréquemment en Egypte et en Palestine, partout où la végétation se développe dans des lieux humides. On signale aussi en Egypte

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79. — La grenouille commune.

une autre espèce, la rana punctata, ainsi nommée à cause des points granulés dont elle est couverte. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 4889, p. 280.

II. La grenouille dans l'Écritdre. — Les grenouilles furent l’instrument de la seconde plaie d’Egypte. Sur l’ordre du Seigneur Aaron étendit sa verge et les grenouilles couvrirent le pays, pénétrant dans les champs, les cours et les maisons. Exod., viii, 2, 9. Josèphe, Ant. jvd., II, xry, 2, décrit ainsi cette plaie : « Une multitude immense de grenouilles se mit à dévaster le pays. Le fleuve en était tellement rempli qu’on n’en pouvait plus tirer qu’un breuvage souillé et infecté par le sang de ces animaux, dont beaucoup y mouraient et s’y putré fiaient. Toute la terre d’Egypte était souillée d’une ignoble vase d’où naissaient et où mouraient des grenouilles. Elles troublaient même les habitudes ordinaires de la vie ; on les trouvait dans les aliments et la boisson, et elles s’introduisaient même çà et là dans les lits. Enfin une odeur lourde et fétide se dégageait des animaux qui ne cessaient de mourir et de pourrir dans la vase. » Aux grenouilles se mêlaient probablement des crapauds, également abondants en Egypte. Frz. Delitzsch, Oie Psalmen, Leipzig, 1874, t. ii, p. 46. Les magiciens du pharaon imitèrent le prodige opéré par Aaron, ce qui eut pour effet d’augmenter le mal dont souffraient les Égyptiens. Pline, H. N., vin, 29, mentionne, d’après Varron, une ville des Gaules dont les habitants avaient dû fuir devant les grenouilles ; Justin, xv, 2, et Orose, iii, 23, t. cxxxiv, col.851, parlentaussi, d’après Trogue Pompée, d’une émigration. des habitants d’Abdère devant une invasion de grenouilles et de rats. Mais en Egypte, la plaie avait un caractère plus grave, puisque tout le pays en souffrait, et sa cause était surnaturelle, puisqu’elle se déchaînait sur l’ordre du Seigneur, et redoublait d’intensité grâce à l’intervention du démon sollicité par les magiciens. Dans la première plaie, Dieu avait humilié les Égyptiens en leur montrant que le Nil, qu’ils honoraient comme un dieu, n'était qu’une créature soumise à sa puissance. Dans la seconde plaie, il leur fit voir ce que valait leur déesse Hiqit (fig. 80), qu’ils représentaient avec une tête de grenouille, sur laquelle ils comptaient pour les protéger, et dont le culte remontait chez eux au moins à la cinquième dynastie. Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, Paris, 1875, p. 241. Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1889, t. ii, p. 319-321. La grandeur du mal fit réfléchir le pharaon, qui parut se repentir. Sur une nouvelle intervention du Seigneur, les grenouilles furent confinées dans le fleuve. Celles qui restaient sur la terre périrent, furent entassées en monceaux et infestèrent le pays par leur pourriture. Exod., vin, 4-11 ; Ps. lxxviii (lxxvii), 45 ; cv (civ), 30. Ce dernier passage note l’invasion des grenouilles jusque dans les chambres des rois. Les maisons égyptiennes étaient assez peu closes pour que les grenouilles y entrassent aisément. Sap., xix, 10. — 2° Dans l’Apocalypse, xvi, 13, saint Jean voit les esprits impurs sous la forme de grenouilles. « On remarque dans ces grenouilles quelque idée d’une des plaies de l’Egypte. » Bossuet, Explication de l’Apocalypse, xvi, 13, Bar-le-Duc, 1870, t. ii, p. 249.

H. Lesêtre.

GRIESBACH Johann Jakob, théologien protestant allemand, né à Butzbach (Hesse-Darmstadt) le 4 janvier 1745, mort le 24 mars 1812. Il étudia successivement à Tubingue, à Halle et à Leipzig. Après avoir voyagé en Allemagne, en Hollande, et visité Londres, Oxford, Cambridge et Paris, pour faire des recherches critiques

80. — La déesse Hiqit. D’après Wilkinson, Manners, 1e édit., t. iii, n" 502.