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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/202

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H — HABACUC


H


H. Voir et Heth 2.


HABA (hébreu : Yeḥubbâh (ketib) ; Yaḥbéh et ve-Ḥubbâh (keri) ; Septante : Ώβάβ ; Codex Alexandrinus : Όβά), troisième fils de Somer, de la famille de Baria dans la tribu d’Aser. I Par., vii, 34. La leçon du ketib est évidemment fautive ; la conjonction ר, vav, qui doit régulièrement se trouver devant le nom propre Ḥubbâh, s’est trouvée raccourcie en ׳, yod, par une faute de copiste.


1. HABACUC (hébreu : Ḥǎbaqqûq ; Septante : Άμβακούμ), le huitième des petits prophètes.

I. Temps et âge.

1o Il est difficile à fixer avec précision. Il est dit i, 5c, qu’il va se faire parmi les nations une chose incroyable, qu’elle se fera du vivant de ceux qui écoutent, 5b, savoir que Dieu est près de susciter les Chaldéens, race avide, impétueuse et dure. Or, leur première irruption en Juda tombe vers 604, quelque temps après la défaite de Néchao par le jeune Nabuchodonosor en 605. Donc la prophétie existait à cette date. Certainement elle existait plus tôt encore, avant l’an 608 ou 607, car c’est l’année où Ninive succomba sous les efforts réunis de Nabopolassar et du Mède Cyaxare, et à ce moment il ne pouvait être incroyable que le Chaldéen se jetât sur la Palestine. Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, 4e édit., p. 516 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. iv, p. 136, 139-140 ; cf. C. Tiele, Babilonisch Assyrische Geschichte, t. ii, p. 414. On peut remonter plus haut encore. L’état social, dont le prophète se plaint, i, 2-4, est plutôt mauvais. Partout l’oppression, la violence, l’injure, vešôd veḥâmâs, la justice mal rendue. La loi, « âme et cœur de la vie politique, liturgique et privée, » Keil, Die kleinen Propheten, p. 411, est paralysée, sans vigueur. L’idolâtrie cependant ne paraît pas avoir été très répandue. Du moins il n’en parle pas. Il se peut que les idoles aient été tolérées avec le culte du Dieu vivant. Pusey, On the minor Prophets, Londres, 1895, p. 399. Or, cet état général représente assez bien la seconde partie du règne de Manassé et la première du règne de Josias avant 623. La date du temps de Manassé ne paraît pas improbable. Telle fut, du reste, l’opinion ancienne, juive et chrétienne, confirmée d’ailleurs, entre autres, par les imitations de Sophonie et de Jérémie, et par le fond, la forme et le style même du livre. Voir les auteurs qui sont de cette opinion dans Frz. Delitzsch, De Habacuci Prophetæ vita atque ætate, in-8o, Leipzig, 1842, p. 9-12. Soph., i, 7, vient de Hab., ii, 20, comme Jer., iv, 13 et v, 6 vient de Hab., i, 8. Pusey, On the minor Prophets, p. 399. Or, ces prophètes qui imitent le nôtre, sont, dans ces versets, des premières années de Josias. Il est l’imité et non l’imitateur, car on lui reconnaît, dans la conception, l’usage des mots, le style, une indépendance, une personnalité que certes les deux autres n’ont pas. On peut donc vraisemblablement placer la prophétie entre l’an 645 environ et l’an 630, entre la fin de Manassé : remonter plus haut est impossible à cause de Hab., i, 5b bîmêkém, « de vos jours, » et les premières années de Josias, avant que le nom chaldéen ait pu paraître menaçant à Israël. — Les modernes critiques en général et nommément les rationalistes en abaissent la date à l’an 615, 608, 605, 604 et même 590. Ils y sont amenés presque tous, qu’ils le veuillent ou non, par l’axiome, que la prophétie est métaphysiquement impossible. « On trouverait sans peine et vite l’âge d’Habacuc, si l’on se défaisait de ce préjugé, qui est l’âme de la critique moderne, qu’une prédiction fondée sur une illumination d’en haut n’est pas possible : elle ne saurait être que l’effet d’une humaine prévoyance et d’une sorte de divination. Puisque Habacuc prophétise l’invasion des Chaldéens, il faut donc qu’il ait vécu au temps où, par son intelligence naturelle, il pouvait prévoir avec certitude ce terrible événement, savoir, un peu avant ou après la bataille de Carchamis, la quatrième année de Joakim. » Par là on s’explique les dates légèrement antérieures à l’an 604 et celle de 590. La prophétie alors, faite après 604, ne serait plus, quoi qu’en dise Kuenen, Histoire critique de l’Ancien Testament, t. ii, p. 448, 449, qu’un vaticinium ex eventu. Nous retrouverons plus bas ces questions. Voir sur l’âge et le temps du prophète Frz. Delitzsch, Der Prophet Habakuk, Leipzig, 1843, p. iv-xxiii. Cf. Pusey, The minor Prophets, p. 398-405.

2o Tout ce qu’on sait de certain sur lui se réduit à ceci : Habacuc le prophète, i, 1 ; iii, 1. Il était donc prophète, d’office. Pusey, p. 398. Donc son livre n’est pas une histoire mais une vraie prophétie. Le nom ne se lit pas ailleurs. Il dérive de ḥâbaq, par redoublement de la dernière radicale, et il signifie « embrassement » ou « celui qui embrasse ». Il pourrait signifier aussi « lutte » ou « lutteur », S. Jérôme, In Hab., Prol., t. xxv, col. 1333, mais c’est moins probable. Les Septante auront lu ḥâbaqûq, qu’ils ont transcrit : Άμβακούμ, le premier ב et le dernier ק rendus par μ, par euphonie. L’assyrien a un mot pareil ḥambakûkû, mais c’est un nom de plante. Frz. Delitzsch, De Habacuci, etc., p. 1-5 ; L. Reinke, Der Prophet Habakuk, p. 1-3. — L’agada juive s’est plu ensuite, avec, du reste, la légende chrétienne, à suppléer à l’histoire. Quelques rabbins, à cause de IV Reg., iv, 16 (ḥôbéqéṭ), ont pris le prophète pour le fils de la Sunamite ressuscité par Élisée. Il serait né, selon les Vies des prophètes existant en deux recensions attribuées, l’une à saint Épiphane et l’autre à Dorothée, dans les environs de Βεθζαχαρίας à soixante-dix stades de Bethsur dans la tribu de Juda, I Mach., vi, 32-33 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 4 ; Bell. jud., I, i, 5, aujourd’hui Beth Zachariyéh, à seize kilomètres au sud de Jérusalem. Il serait de la tribu de Siméon, d’après les deux Vies. Le Daniel tétraplaire, dans l’extrait : Bel et le Dragon, le dit de la tribu de Lévi, ce qui n’est pas, car il est très douteux qu’il s’agisse du même prophète, encore que les notes musicales de iii, 1 et 19d semblent trahir un lévite. Hab., ii, 1, rapproché de Is., xxi, 6, 8, fit surgir la légende inadmissible que le prophète était cette sentinelle posée par le fils d’Amos pour signaler l’approche des Mèdes et des Perses. Il est raconté aussi dans les Vies du pseudo-Épiphane et du pseudo-Dorothée que notre prophète, au moment du siège, s’enfuit à Ostracine, είς Όστρακίνην (Straki), sur les côtes de l’Égypte, qu’il ne