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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/412

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HYMNE — HYPERBOLE


les premiers siècles de l'ère chrétienne. L’introduction des hymnes dans l'Église latine est attribuée à saint Ambroise, mais l’usage en existait depuis longtemps dans l'Église grecque. Cf. Pline, Ëpist., 97 ; S. Ignace, Eph.il ; Rom., 2, t. v, col. 648, 688 ; Tertullien, Apol., 39, t. i, col. 477 ; S. Justin, Apol. I », 13, t. vi, col. 345. Dans l’antique religion des Hellènes, iptiiiç avait déjà une signification sacrée et liturgique et désignait des chants sacrés composés sous une forme particulière. "Y(ivot |ièv, dit Arrien, Anab., iv, 11, 2, édit. Didot, p. 100, àç toùç Seoù ; rcoioOvtai, èVaivoi 51 è ; àvOpciitouç. Les plus anciens hymnes, connus sous le nom d’hymnes orphiques et homériques, n'étaient pas chantés, mais les hymnes de Pindare et d’autres l'étaient ; leur mètre s’adaptait à la musique et l’on a retrouvé à Delphes la notation de quelques-uns de ces vieux chants. Voir Th. Reinach, La musique grecque et l’hymne à Apollon, in-8°, Paris, 1894, L’hymne chrétien le plus ancien se trouve dans Clément d’Alexandrie, Pœdag., iii, 12, t.' toi, col. 681. — On a vu une allusion à Une sorte d’hymnes improvisés dans I Cor., xiv, 26 : Unusquisque vestrum psalmum habet ; on a même tenté de découvrir des fragments d’hymnes d’un mètre déterminé dans Eph., v, 14 ; Jac, i, 17 ; Apoc, i, 4-8 ; v, 9 ; xi, 15-19 ; xv, 3, 4 ; xxi, 3-8 ; spécialement I Tim., iii, 16, où il est dit de Notre-Seigneur au sujet du mystère de l’Incarnation :

èf aveptuOr) bi <rapx, £8txottu6T) iv Ttvs-JjtaTt, tî?81) àyyéXoiç, âxepû) ; 6r) èv ê8ve<riv, âmureiSOi) èv xôtrpLb), àveXrif81) êv So'ït].

manifesté dans la chair, justifié par l’Esprit, montré aux anges, prêché aux Gentils, cru dans le monde, élevé dans la gloire.

J. Kayser, Beitrâge, 1881, p. 19 ; C. Fouard, S. Paul, ses missions, in-8°, 1892, p. 251-252 ; S. Paul, 'ses dernières années, in-8°, 1897, p. 286 ; niais on n’a pas réussi à en établir l’existence d’une façon incontestable. La prière des Apôtres, Act., IV, 24-30, à laquelle on a quelquefois donné le nom d’hymne, n’a pas droit à ce titre, car elle n’a pas de mètre. — Voir Daniel, Thésaurus, hymnologicus, in-8°, Halle et Leipzig, 1841-1856 ; F. J. Mone, Lateinische Hymnen, in*8°, Fribourg-en-Brisgau, 18531855 ; F. W. E. Roth, Latinische Hymnen, in-8°, Augsbourg, 1888 ; J. Kayser, Beitrâge, zur Geschichte und Erklârung der àltesten Kirchenhymnen, 2e édit., Paderborn, 1881 ; C. Fortlage, Gesànge christlichen Vorzeit, in-8°, Berlin, 1844 ; J.-B. Pitra, Hymnog’raphie de l'Église grecque, in-4°, Rome, 1867 ; J. Julian, Diclionary of Hymnology, in-8°, Londres, 1892, p. 456-466 ; W. Christ et M. Paranikas, Anthologies grseca carminum christianorum, in-8°, Leipzig, 1871 ; R. of Selbourne, Hymns, their hîstory and development in the Greek and Latin Churckes, in-1&>, Londres, 1892, p. 9-13 ; L. Duchesne, Origines du culte chrétien, iv, 3, 2e édit., in-8°, Paris 1898, p. 107-112 ; A. Galli, Estetica délia musica, in-12, Turin, 1900, p. 228. F. Vigouroux.

    1. HYPERBOLE##


HYPERBOLE, figure de langage qui consiste à exagérer dans les termes le fond de sa pensée. Cette figure est en usage dans toutes les langues et dans tous les pays. Elle n'était inconnue ni aux Grecs ni aux Romains. Homère, lliad., xx, 246-247, met ces paroles dans la bouche d'Énée : « Cessons de nous outrager l’un l’autre, car nous pourrions nous jeter l’un à l’autre tant d’injures qu’un vaisseau à cent rames ne pourrait pas en porter la charge. » Cicéron lui-même dit, Phil., H, 44 : Prseserlim quum illi eam gloriam consecuti sint, quæ vix cœlo capi posse videatur. Voir d’autres exemples dans J. 1.V ?etstem, Novum Testamentunigræcum, 1. 1, 1751, p. 966. Mais les Orientaux surloutaiment l’exagération et l’hyperbolej l’habitude leur apprenant d’ailleurs avec quelles restrictions il faut les entendre.

1° Nous trouvons donc des hyperboles dans la Sainte Écriture, non seulement dans les livres poétiques, mais aussi en prose. « Tes pères, dit Moïse à son peuple, sont descendus en Egypte au nombre de soixante et dix, et, maintenant Jéhovah ton Dieu t’a multiplié comme les. étoiles du ciel. » Deut., x, 22. Voir aussi i, 10 ; Gen., xiii, 16. « Juda et Israël étaient aussi nombreux que le sable sur le bord de la mer. » III Reg., iv, 20. Les espions envoyés par Moïse en Palestine pour explorer le pays rapportent que les fils d'Énac, qu’ils ont vus dans les environs d’Hébron, sont d’une si haute stature qu'à côté d’eux ils paraissent n'être que des sauterelles, Num., xiii, 31, et qu’ils habitent des villes fortifiées dont les murailles « s'élèvent jusqu’au ciel ». Deut., i, 28. Cette hyperbole revient souvent dans l'Écriture. Deut., îx, 1. Cf. Gen., XI, 4 ; Matth., xi, 23 ; Luc, xi, 15. Dans Daniel, iv, 7-9, Nabuchodonosor aperçoit, en songe il est vrai, un arbre dont le sommet atteint le ciel et qui se voit de toutes les extrémités de la terre. Dans sa prophétie, Gen., . xlix, 9, Jacob, pour peindre la bravoure de Juda, la compare à un lion :

Juda est un lionceau…

Il ploie les genoux, il se couche comme un lion.

Comme une lionne. Qui osera le réveiller ?

Isaïe, xl, 31, compare à l’aigle ceux qui se confient en Dieu :

Ils prennent le vol comme les aigles, Ils courent et ne se lassent point.

Cf. Jer., xlviii, 40. Ce sont là des images classiques dans toutes les langues. Mais David, dans son élégie sur la mort de Saül et de Jonathas, les rend hyperboliques, II Reg., i, 23 ; il ne se contente pas de comparer simplement ces deux guerriers au roi de l’air et au roi des quadrupèdes, il dit :

Es étaient plus légers que des aigles ; Ils étaient plus forts que des lions.

Voir aussi Lam., iv, 19, et d’autres images, Cant., IV, 4 ; vii, 4 ; viii, 10.

2° Le Nouveau Testament renferme des hyperboles comme l’Ancien. Matth, , xix, 24 ; xxiii, 24, etc. La plus forte est celle que nous lisons à la fin du dernier chapitre de saint Jean, xxi, 25 : « Il y a beaucoup d’autres choses que Jésus a faites. Si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde entier pût contenir les livres qu’on écrirait. » — Quelque forte que soit l’hyperbole finale de saint Jean, il convient de remarquer que l'Écriture Sainte, en généra), est moins hyperbolique que les autres livres orientaux, et que la phrase de l'Évangéliste elle-même est une atténuation d’exagérations courantes en Palestine, à en juger par le langage de certains rabbins : « Si tous les cieux étaient du parchemin, dit Rabbi Jochanan Ben Zaccaï, si tous les enfants des hommes étaient des scribes, et tous les arbres de la forêt des plumes, ils ne suffiraient pas à écrire toute la sagesse que j’ai apprise de mon maître. » Jalkut, ꝟ. i, 1. — « Si toutes les mers étaient de l’encre, disent d’autres rabbins, si tous les roseaux étaient des plumes, si tout le ciel et toute la terre étaient du parchemin et si tous les enfants des hommes étaient des scribes, ils ne pourraient pas suffire pour décrire toute la profondeur du cœur des princes, i Sabbath, ꝟ. 11, 1 ; Abolh Nathan, 25 ; J. J. Wetstein, Nov. Test, gr., t. i, p. 966. Voir des exemples d’autres exagérations des rabbins dans J. Basnage, Histoire des Juifs, t. IX, c. iii, 14 ; c. iv, 15, t. vi, Paris, 1710, p. 269, 286, etc. — Josèphe lui-même, Ant. jud., I, xix, 1, racontant comment Dieu avait promis à Jacob qu’il lui donnerait la terre de Chanaan, à lui et à ses descendants, met ces paroles dans sa bouche : « Ils rempliront toute la mer et la terre que le soleil éclaire. > Et, I, xx, 2, après la ruine de Jérusalem par Titus, il