Aller au contenu

Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/461

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
891
892
INSPIRATION


Témoignages des Pères apostoliques.

Les nombreuses citations de l’Ancien Testament, faites dans la

lettre de saint Clément de Rome et dans l'épître dite de saint Barnabe avec les formules ysypajcrai, Xé-fei t| ip*<p !, iyei tô ypa<(tïov, ç7 ( <7l ô « T’oc X6yo ;, XIy" to irveii[(, a tb â-y-eov, le respect que saint Clément, saint Ignace et saint Polycarpe portent aux prophètes et l’usage qu’ils font de leurs oracles prouvent que, sur l’autorité de Jésus-Christ et des Apôtres, ces Pères apostoliques ont admis les livres de l’Ancien Testament comme des documents divins, dont l’origine n’avait pas besoin d'être autrement affirmée et démontrée. Or les ouvrages de ces Pères contiennent aussi de nombreuses allusions et des citations presque textuelles, sans référence précise, sans nom d’auteur, empruntées aux Évangiles et aux écrits apostoliques. Cet emploi tacite et ces emprunts évidents sont un indice de l’autorité attribuée et reconnue aux livres du Nouveau Testament. D’ailleurs les Pères apostoliques ont affirmé explicitement l’inspiration de ces écrits, notamment des Épîtres de saint Paul. Ainsi saint Clément de Rome, dans sa lettre aux Corinthiens, / Cor, , xlvii, 1-3 ; Funk, Opéra Patrum aposlolicorum, t. i, Tubingue, 1887, p. 120, dit : « Prenez en main l'Êpître du bienheureux Paul. Que vous a-t-il écrit au début de l’Evangile ? En vérité, dirigé par l’Esprit, icveu(iaTixrii{, il vous a parlé de lui-même, de Céphas et d’Apollo, parce que dans ce temps-là il y avait entre vous dès divisions. » Clément regarde donc la première Épître de saint Paul aux Corinthiens comme ayant été rédigée sous l’influence du Saint-Esprit. — L'Êpître attribuée à saint Barnabe contient des empgunts ou des allusions à l'Évangile de saint Matthieu. Un passage de cet Évangile, Matth., xxii, 14, y est cité, iv, 14, Funk, ibid., p. 12, avec la formule <à ;-jéypamai, comme faisant partie de l'Écriture sainte. L’auteur de ce document reconnaît donc au premier Évangile la même autorité qu’aux livres de l’Ancien Testament qu’il cite comme prophéties. — La Doctrine des douze Apôtres parle de l'Évangile comme d’un livre ou d’une collection bien déterminée : 'Û ; tfvzt èv xà> Evafyeiu>, èv xà> E-ia.yyMu} toO Kvpiov f, (i » v, XV, 3, 4, édit. Funk, Tubingue, 1887, p. 44, 46. Cf. viii, 2, p. 24. Une parole de Jésus, qui se lit en saint Matthieu, vii, 6, est rapportée, IX, 5, p. 28, comme prononcée par le Seigneur, aussi bien qu’un oracle de Malachie, i, Il et 14 ; xiv, 3, p. 42. — En plusieurs passages de ses lettres authentiques, Ad Philad., v, 1, 2 ; Funk, Opéra Patrum apostol., t. i, p. 228 ; viii et ix, p. 230-232 ; Ad Smyrn, , v, 1, p. 238 ;. vii, 2, p. 240, saint Ignace d’Antioche compare l'Évangile et les Apôtres à la Loi et aux Prophètes. Il reporte certainement ses lecteurs à des documents écrits, et si quelques-unes de ses expressions lie peuvent convenir qu'à l'Évangile oral et à la prédication apostolique, les écrits évangéliques et apostoliques tiennent une place dans son enseignement. Si l’on ne peut y voir deux séries de livres, comparés à l’Ancien Testament (cf. t. ii, col. 2065), on est en droit d’en conclure, au moins, que, pour saint Ignace, la tradition évangélique et apostolique, sous toutes ses formes, même mise par écrit, a la même autorité que la Loi et les Prophètes de l’ancienne alliance. — Saint Polycarpe a confiance que les Philippiens, à qui il écrit, Philip., xii, 1 ; Funk, t. i, p. 278-280, sont bien instruits des Saintes Lettres, èv raî ; tepat ; yp » ? » ??e t qu’ils n’ont pas besoin de longues exhortations. C’est pourquoi il se bornera à leur rappeler une parole de ces Écritures, et il cite Eph. iv, 26. Cette Épitre de l’Apôtre faisait donc partie de l'Écriture Sainte. Saint Polycarpe avait, d’ailleurs, à sa disposition une collection des lettres de saint Paul, et il en parle comme si ses lecteurs l’avaient entre les mains et comme contenant l'Épitre qui leur avait été adressée. Phil., iii, 2, p. 270.

Témoignages des apologistes du second siècle.


Les Pères apostoliques, en citant le texte sacré, se bornaient à affirmer leurcroyance à son autorité infaillible. Les apologistes ont prouvé leur foi et exposé la nature de l’inspiration des auteurs bibliques. Pour démontrer la divinité des Livres Saints, ils ont développé avec éloquence deux arguments : 1° Tandis que les philosophes païens et les poètes sont en désaccord constant dans leur enseignement religieux et professent parfois des doctrines absurdes, les écrivains sacrés présentent entre eux une harmonie parfaite. Le vrai ne pouvant pas être contraire au vrai, les philosophes et les poètes sont dans l’erreur. Les prophètes et les auteurs sacrés, étant d’accord, enseignent la vérité, et ils ont dit la vérité, parce qu’ils étaient inspirés de Dieu. S. Justin, Cohort. ad Grœcos, 2-8, t. vi, col. 241-258 ; 65, col. 625 ; Apol. i, 44 ; col. 396 ; Apol. ii, 10, 13, col. 460 et 465. Tatien, Orat. ad. Grœcos, 2-3, t. vi, col. 805-812 ; 25, col. 860861 ; 29, col. 868 ; 32, col. 872 ; 36, col. 880. Athénagore, Légat, pro christianis, 7, 9, ibid., col. 904, 905 et 908. S. Théophile d’Antioche, Ad Autol., u. 8, 12, 35 ; ibid., col. 1060-1061, 1069, 1109 ; iii, 2, 3, 17, col. 1121, 1124, 1144-1145. — 2° Une autre preuve de l’inspiration des livres de l’Ancien Testament résulte de l’accomplissement des prophéties messianiques qu’ils contiennent. La réalisation de ces prophéties prouve leur vérité et montre que les prophètes qui les ont écrites étaient poussés par l’Esprit de Dieu. Elle prouve aussi la vérité de tout le contenu de l'Écriture. S. Justin, Apol. i, 3053, t. vi, col. 373-408 ; Dial. cum Tryph., 7, col. 492 ; Coh. ad Grœc, 8, 10, 12, col. 256, 261, 345 ; Théophile d’Antioche, Ad Autol., i, 14, col. 1045. Les apologistes du second siècle n’attribuent pas seulement l’inspiration divine aux écrits prophétiques de l’Ancien Testament ; ils l’affirment aussi des livres du Nouveau. Saint Justin, Apol. i, 67, t. vi, col. 429, dit que les Mémoires des Apôtres, c’est-à-dire les Évangiles canoniques, sont lus le dimanche aux assemblées des chrétiens avec le même honneur que les écrits des prophètes, et il emprunte aux uns et aux autres des preuves, Apol. i, 28, t. vi, col. 372 ; Dial. cum Tryph., 103, col. 717. Il leur reconnaît donc une égale autorité, fondée sur la même origine divine. Tatien, Orat. ad Grœc, 13, 19, t. vi, col. 833, 849, cite deux passages de saint Jean avec les formules consacrées pour annoncer une citation scripturaire. Le fait qu’il a combiné les quatre récits évangéliques en une seule narration continue, 8tà «  « nrâpcov, prouve qu’il attribuait à tous la même valeur et une commune origine. Saint Théophile d’Antioche, Ad Autol., iii, 12, t. vi, col. 1137, explique l’accord qu’il remarque entre les prophètes et les Évangiles par cette cause que leurs auteurs inspirés ont tous parlé par le même Esprit de Dieu, Sià ih toùç irdcvia ; îiv£'J[iaTOçopouc év itveûfiaTi ®eoû XeXaXijxévat. Il cite, ibid., 14, col. 1141, deux passages des Épitres de saint Paul comme Écriture. Athénagore, Légat, pro christ., 12, 32-33, t. vi, col. 913, 916, 964, 968, cite au même titre l'Évangile de saint Matthieu. Les apologistes ont décrit l’action divine sur les écrivains inspirés. Selon saint Justin, les prophètes étaient portés par le Verbe de Dieu, 9eof opoûvtai ol irpofY)T£Û<me ; si [i-fi yiji Œûo, Apol. I, 33, col. 381 ; ils étaient mus par lui, to-j xivoÙvtoç ocjtoùî Osîou yav, Apol. I, 36, col. 385 ; ils parlaient sous l’inspiration du Saint-Esprit, 6e ko IIveij[KXTi XaXiri<Tavre ;, Dial. cum Tryph., 7, col. 492 ; ils écrivaient sous son action, Cohort. ad Grœc, 12, col. 264. Ils n’ont pas eu besoin, pour écrire, de recourir, aux artifices du langage et aux discussions d'école ; ils n’ont eu qu'à se prêter docilement à l’influence du Saint-Esprit qui se servait d’eux, comme un harpiste touche sa cithare, pour leur faire rendre une harmonie divine. Coll. ad Grœc, 8, çol. 256-257. Ils étaient donc des instrumentsintelligents qui, à la différence des sibylles et des devins, comprenaient et retenaient, même lorsqu’ils avaient été ravis en extase, les révélations divines, ibid. f