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ISAIE (LE LIVRE D')


Notre-Seigneur envers son Fère ; cf.Matth., xx, 28 ; Luc, xxii, 27 ; Phil., ii, 7 ; dans le second, il est question des offices que remplira le Messie. Cf. Ps. xliv, 8 ; cxlvi, 4 ; Matth., v, 3, 5 ; xi, 5 ; Luc., iv, 18 ; Act., x, 38.

Sixième objection. — Les prières et les supplications de iii, 9 ; lxiii, 7 r LXlV, 11, par lesquelles l’auteur pleure les iniquités du peuple, gémit sur ses péchés, les confesse, en demande pardon à Dieu et implore la rémission et le salut, ne peuvent avoir été faites et ne conviennent qu'à l'époque de l’exil. — Réponse. — Ce genre de prières et de supplications rentre tout à fait dans le rôle et la mission des prophètes, car ces invocations servent avant tout à l’instruction des contemporains, à quelque époque que l’on appartienne, et aussi de la postérité ; on peut donc les faire dans tous les temps ; on les trouve du reste dans la première partie. Cf. viii, 17-20 ; xii, 1-6 ; xxiv, 15 ; xxv, 142 ; xxvi, 1-6.

Septième objection. — Lorsque jérémie fut déclaré coupable de mort, parce qu’il avait prédit la ruine de la ville et du temple, Jer., xxvi, 8-15, il n’allégua pas pour sa défense les prophéties de la seconde partie d’Isaïe, ce qu’il n’eût pas certainement manqué de faire si ces prophéties eussent existé de son temps ; les vieillards, Jer., xxvi, 17-24, passent, eux aussi, sous silence, les prophéties de la seconde partie, ce qui est encore inexplicable dans l’hypothèse de l’existence de ces prophéties. — Réponse. — a) On suppose ce qui est en question ; il n’est pas certain que Jérémie ne fasse pas allusion aux prophéties de la seconde partie d’Isaïe ; lorsque Jérémie parle des « discours de mes serviteurs les prophètes », Jer., xxvi, 5, rien ne prouve qu’il n’ait pas en vue Isaïe. — b) Bans les prophéties de la seconde partie, Isaïe ne parle pas tant de la destruction que de la restauration de la ville et du temple : dès lors, le recours de Jérémie à Isaïe dans ces circonstances eût manqué d'à-propos et d’opportunité. — c) Quant aux vieillards, qui défendent Jérémie, ils en appellent adroitement à Michée ; ils n’auraient pas pu en appeler opportunément à Isaïe ; de plus il n'était pas nécessaire qu’ils mentionnassent à cette occasion tous les oracles des prophètes antérieurs ; faudrart-il conclure du silence des vieillards que les oracles d’Osée, II, 11, 14 ; iii, 4 ; et d’Amos, IX, 1, n’existaient pas alors, puisque les vieillards ne s’y réfèrent pas ? — d) Enfin nous avons déjà montré dans les paragraphes précédents que Jérémie connaissait Is., xl-xlvi. S. Objections littéraires. — Elles sont de plusieurs espèces. — A) Descnptions et sentiments étrangers à haïe. — On prétend que la seconde partie contient des descriptions et des sentimentstoutà faitétrangersau caractère d’Isaïe. — Premier^ objection. — La seconde partie accuse une attente et un espoir exagéré de la délivrance, du retour de l’exil et de sa magnificence ; — il y est question d’un nouveau ciel et d’une nouvelle terre ; — on y parle de la splendeur de la ville restaurée, de la longévité des pieux, de la soumission des nations ; de pareils sentiments détonnent avec le caractère calme et modéré d’Isaïe. — Réponse. — a) C’est une règle générale que les descriptions messianiques sont, chez tous les prophètes, dans un style élevé et pleines de vives images ; dans les chapitres xl-lxvi, le prophète décrit, il est vrai, en termes parfois magnifiques la restauration, mais une restauration qui sera avant tout l'œuvre du Messie ; ce sont des prophéties messianiques ; on s’explique dès lors l'élévation des idées, la vivacité des sentiments et la beauté du langage. — 6) Toutes les descriptions qu’on objecte sont déjà préparées dans la première partie ; en effet, ce qui est dit dans lx, 19 ; lxv, 17 ; lxvi, 22, est déjà exprimé dans xi, 6-16, et surtout dans xxx, 26 ; —la splendeur future de Sion n’est pas seulement décrite dans wv, 12-17 ; lx, 1-7 ; lxvj, 12 ; les conditions en sont aussi indiquées danâ ii, 2 ; iv, 2-6 ; xi, 9 ; xviii, 7 ; xxiv, 23 ; sxv, 6 ; xxvi, 1-4 ; — ce qui est dit de la soumission et des hommages des nations dans xlix, 22 ; lit, 15 ; lx, 9 10 ; lxi, 5, avait été déjà affirmé dans ii, , 3 ; rx, 4-7 ; xi, 14 ; xiv, 2, 15 ; xxv, 9-12.

Deuxième objection. — Jérusalem est appelée la titHe sainte, xlviii, 2 ; lii, 1 ; c’est là un indice de temps postérieurs ; à l'époque d’Isaïe, elle ne portait pas encore ce nom. — Réponse. — Dans Isaïe, il est très souvent question de Sion « montagne sainte ». Jérusalem ellemême est dite Ariel (= lion de Dieu, ou à cause de l’autel des holocaustes, cf. Ezech., xliii, 15, 16), xxrx, 2, 7 ; Dieu a sa fournaise dans Jérusalem, xxxi, 9 ; Jérusalem est la ville des solennités, xxxiii, 20, dans laquelle a habité la justice, i, 21 ; tous ceux qui seront demeurés dans Jérusalem seront appelés « saints », i, 3. Après cela, rien d'étonnant si Jérusalem est appelée la « ville sainte » dans la seconde partie ; au contraire, la chose est très naturelle.

Troisième objection. — L’auteur de la seconde partie s'élève vivement contre les idoles, et insiste avec beaucoup de force sur la démonstration de Dieu ; tout cela est un indice de l'époque exilienne ou post-exilienne. — Réponse. — Ces mêmes idées sont aussi développées dans la première partie ; ainsi dans i, 29 ; ii, 8, 9, 18-21 ; vin, 19 ; xvi, 12 ; xvii, 8 ; xix, l ; xxxi, 7, l’auteur attaque l’idolâtrie ; dans viii, 1, 16 ; xxx, 8 ; xxxiv, 16, il s’appuie sur la valeur des oracles pour démontrer Dieu.

Quatrième objection. — L’auteur de la seconde partie parle longuement du serviteur de Jéhovah, lui ; il décrit sa naissance, sa vie, sa passion et sa mort ; c’est là un thème tout à fait étonnant dans la bouche d’Isaïe.

— Réponse. — Il n’y a là rien d'étonnant ; l’idée du serviteur de Jéhovah est déjà préparée, insinuée dans la première partie, iv, 2 ; xi, 1-7 ; le chapitre lui ne fait que développer ces idées ; il est le commentaire du chapitre

XI.

Cinquième objection. — Dans la seconde partie, la restauration de la théocratie n’est nullement liée à un roi de descendance davidique : il en est tout autrement dans la première partie. — Réponse. — Celte affirmation est fausse ; même la seconde partie rappelle parfois Les anciennes promesses et les anciens oracles faits à David. Cf. lv, 3.

B) Idées théologiques., — On soutient aussi que la seconde partie contient des idées théologiques incompatibles avec les croyances et le caractère d’Isaïe. — Première objection. — La seconde partie semble nier la Providence ; Dieu ne s’occuperait pas des choses de ce monde, par exemple : XL, 27 ; xlvii, 10 ; xlix, 14. —Réponse. — Déjà, dans la première partie, les impies tiennent ce langage, xxix, 15 ; de pareilles idées, et des plaintes semblables sur les lèvres des affligés et des pusillanimes se rencontrent également dans d’autres livres de la Bible, parfaitement authentiques ; cf. Ps. xiii (hébreu, xiv), 1, "et le livre de Job ; voir aussi, pour des sentiments de ce genre, Is. ; xxvi, 17, 18.

Deuxième objection. — La seconde partie exprime sur.Dieii des idées bien plus élevées et plus parfaites que la première partie ; — a) dans la substance : Isaïe se contente de dépeindre la majesté de Dieu ; au contraire, les chapitres xl-lxvi exaltent son infinité et ses autres attributs : il est le créateur, le conservateur de tout l’univers, le distributeur de la vie, l’auteur de l’histoire, le consolateur, le Sauveur, xli, 4 ; — b) dans la forme : dans la première partie, les vérités sont uniquement affirmées ; dans la secondé partie, elles deviennent un objet de méditation et de raisonnement ; — de plus on constate de notables divergences : ainsi la préservation des rigueurs du jugement divin d’un reste fidèle est caractéristique d’Isaïe ; on la trouve formulée surtout dans vi, 13 ; xxxvii, . 31 -32 ; — dans xl-lxvi, elle n’est pas un élément distinctif de la doctrine du prophète ;-r la figure du roi messianique, si frappante et si expressive dans rx, 6-7, xi, 1-7, est absente de xl-lxvi.

— Réponse. — Cette objection, en apparence sérieuse,