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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/552

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JABOG

à un pont construit sur le Jourdain supérieur, à près de trois kilomètres de l’extrémité sud du lac Houléh, près d’un château nommé Qasr Ya’qûb, « le château de Jacob, » un grand nombre de voyageurs ont pris cet endroit, malgré l’écriture et l’histoire, pour le gué du Jaboc traversé par le patriarche Jacob à son retour de Mésopotamie ; ils l’ont souvent désigné sous le nom de vadum Jacob, « le gué de Jacob, » faisant ainsi de cette partie du Jourdain le Jaboc lui-même. Cf. Boniface Stéphani de Raguse (1555), De perenni cultu Terras Sanctæ, édit. de Venise, 1875, p. 272 ; de Radzivil (1582-1584), Peregrinatio hierosolymitana, in-f°, Anvers, 1614, p. 41 ; Aquilante Rochetta (1598), Peregrinatione di Terra Santa, tr. ii, c. xxi, Palerme, 1630, p. 99-100. Les descriptions de la Terre Sainte du xiie siècle et celles des siècles suivants indiquent le Jaboc traversé par Jacob, à deux milles (ou deux lieues) au sud du lac de Tibériade. Cf. Fretellus (vers 1120), De lotis sanctis, t. clv, col. 1042 ; Jean de Wurzbourg (1137), Descriptio Terræ Sanctæ, t. clv, col. 1069 ; Theodoricus (vers 1172), Libellus de locis sanctis, xlix, édit. Tobler, in-12, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 107 ; Thietmar (1217), Peregrinatio, p. 8, à la suite de Peregrinationes medii ævi quatuor, 2e édit., Laurent, in-4°, Leipzig, 1873 ; Odoric de Portnau, en Frioul (vers 1330), De Terra Sancta, ibid., p. 155, etc. Les cartes d’Adrichomius dans son Theatrum Terræ Sanctæ, in-f°, Cologne, 1590, celle de Jacques Goujon, accompagnant son Histoire et voyage de la Terre Sainte, in-4°, Lyon, 1670, celle de J. Bonfrère, dans Onomasticon, édit. J. Clericus, in-f°, Amsterdam, 1707, et plusieurs autres montrent le Jaboc vers l’extrémité sud du lac de Tibériade ou de Génézareth, là où coule la rivière appelée aujourd’hui le Šerî’at el-Menâdréh. C’est le Hiéromax des Grecs et des Latins, et Yarmouk des écrivains juifs et arabes. Ce nom, pris à tort pour une forme ou une corruption de Jaboc, aura été la cause de cette identification. Si ces deux noms offrent une certaine ressemblance, ils ont cependant été employés simultanément pour designer deux cours d’eau différents. Le récit biblique, en traçant la ; marche de Jacob du nord-est au sud-ouest et en plaçant le passage du Jaboc après la station de Mahanaïm, semble désigner clairement la situation de ce fleuve au sud de cette localité qui elle-même doit être placée au sud du Yarmouk. Voir Mahanaïm.

Eusèbe de Césarée, à une époque où le nom de Jaboc ne devait pas encore avoir été remplacé par un nom arabe, indiquait ainsi la situation de cette rivière : « Le fleuve Jaboc… coule entre Ammon, qui est Philadelphie, et Gérasa, pour aller ensuite se mêler au Jourdain. ». Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 222, 224.

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194. — Le Nahr ez-Zerqa’à la sortie des montagnes. D’après une photographie de M. L. Heidet.

Saint Jérôme, dans sa traduction, ajoute, après Gérasa : « à quatre milles de celle-ci. » De locis et nom. hebr., t. xxiii, col. 963. La rivière qui coule entre’Amman, la Philadelphie des Grecs, et Djéras, la Gérasa des anciens, à quatre milles (environ six kilomètres) au sud de cette dernière localité, c’est le Nahr ez-Zérqa’. La tradition juive l’a toujours désignée comme l’ancien Jaboc : « À une journée à peu près au nord d’Hésébon, on trouve le fleuve Yabôq, appelé Ouadi’z-Zerqa’, » disait, au xiiie siècle, le rabbin Estôri ha-Parchi, dans son JCaftor va-Phérah, édit. Luncz, Jérusalem, 1897, p. 63. Au siècle dernier, le géographe Chr. Cellarius, suivant les indications de l’Écriture, d’Eusèbe et de saint Jérôme, remettait le Jaboc à sa véritable place. Notitiæ orbis antiqui, t. III, c. xiii, in-4°, Leipzig, 1706, t. ii, p. 650, et sur la Carte de Palestine. Les palestinologues modernes sont généralement d’accord pour reconnaître le Jaboc dans l’actuel Nahr ez-Zerqa’ et l’Ouadi’z-Zerga — Voir Gratz, Schauplatz der heil. Schrift, nouvelle