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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/699

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JÉRUSALEM


du plus haut intérêt pour l’archéologie, en mettant au jour l’une des plus belles sépultures des environs de Jérusalem, que l’on croit être le « monument d’Hérode » dont parle Josèphe, Bell, jud., V, xii, 2. Voir fig. 134, col. 647. Cf. Revue biblique, 1892, p. 267-272 ; Pal. Expl. Fund, Quart. Stat., 1892, p. 115-120, avec plans et gravures. Malheureusement, ces hypogées antiques sont presque tous d’un mutisme désespérant. On peut voir cependant Germer-Durand, Épigraphie chrétienne de Jérusalem, dans la Revue biblique, 1892, p. 560-588. — Voir dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, 1895, p. 148-172, et pl. IV, la carte détaillée des environs de Jérusalem avec la liste et l’explication des noms.

Climat.

Les conditions de la vie, dans toute contrée,

dépendent naturellement du climat. Or, Jérusalem est à une altitude et dans une situation qui la distinguent, sous ce rapport, de la plaine maritime, de la vallée du Jourdain et même des montagnes de Galilée. Cependant, comme les autres parties de la Palestine, elle ne connaît que deux saisons, celle de la sécheresse et celle des pluies. Celle-ci se divise en trois périodes : les premières pluies qui humectent la terre ; les pluies abondantes de l’hiver, qui saturent le sol, alimentent les sources, remplissent bassins et citernes ; les pluies printaniéres qui permettent aux moissons et aux plantes de supporter les chauds débuts de l’été. Elle s’étend, en règle générale, de la fin d’octobre au commencement de mai. On a constaté qu’il tombe moins d’eau à Jérusalem qu’à Nazareth, ce qui peut tenir au déboisement de la Judée. Cf. L. Anderlind, Der Einfluss der Gebirgswaldungen im nôrdlichen Palâstina auf die Vermehrteng der wâsserigen Niederschlâge daselbst, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, t. viii, 1885, p. 101-116. Lorsque le Bîr Éyûb, situé au sud-est de la ville, dans la vallée du Cédron, vient à déborder, les habitants se réjouissent, voyant là un indice d’excellente récolte et une sorte de garantie contre la pénurie d’eau pendant l’été. Il paraît cependant, d’après de soigneuses observations, que ce fait n’est pas tant dû à la quantité de pluie tombée depuis le commencement de la saison qu’aux chutes abondantes pendant un court espace de temps. L’absence ou l’insuffisance des pluies peut avoir les résultats les plus fâcheux pour l’alimentation des habitants. Voir Pluie. Les mois de janvier et de février sont surtout froids et pluvieux. Cf. J. Glaisher, On the fall of rain at Jérusalem in the 32 years from 1861 lo 1892, dans ePal. Expl. Fund, Quart. Stat., 1894, p. 39-44, avec diagramme, p. 40. La neige tombe habituellement, mais presque toujours en petite quantité, et elle fond rapidement. Parfois cependant, elle tombe en bourrasques, et reste plus ou moins longtemps dans les creux, sur les pentes des collines que ne visite pas le soleil. La plus basse température qu’on ait constatée à Jérusalem est de 3* centigrade au-dessous de zéro, et la plus haute de 44*4. Du commencement de mai à la fin d’octobre, le ciel est presque constamment sans nuage. A l’approche de l’été, il s’élève encore des brouillards, mais au cœur de la saison ils disparaissent tout à fait et l’atmosphère est ordinairement d’une admirable pureté. Le vent du nord est froid, celui du sud chaud, celui de l’est sec et celui de l’ouest humide ; les vents intermédiaires participent en proportion à ces différentes qualités. Lorsque, durant l’été, il y a peu de vent plusieurs jours de suite, la chaleur devient très grande et l’air excessivement sec. Ordinairement une forte brise souffle de l’ouest dans l’après-midi ; elle ne se fait sentir à Jérusalem que quelques heures après avoir porté sa fraîcheur le long de la côte méditerranéenne. Après le coucher du soleil, elle s’affaiblit, pour se relever bientôt, et elle continue pendant une bonne partie de la nuit à rafraîchir la terre brûlée. Quand elle fait défaut, ou ne souffle que doucement, les nuits sont d’une chaleur qui

BICX, DE LA BIBLE,

abat. C’est là une des conditions atmosphériques qui distinguent Jérusalem de Jaffa ou d’un autre point de la côte. Alors que la ville sainte, sous les durs vents d’est, dans les journées très chaudes, est insupportable, la cité maritime est en comparaison fraîche et agréable. Les vents du sud et de l’est, venant de contrées brûlantes et sans eau, exercent une influence pernicieuse ; c’est celui du sud-est qui a tous les caractères du sirocco. Pendant les nuits d’été, il y a souvent de fortes rosées, apportées par les vents d’ouest qui viennent de la mer.

— Cf. Th. Chaplin, Observations on the climate of Jérusalem, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1883, p. 8-40, avec de nombreuses tables d’observations météorologiques portant sur vingt-deux années, 1860-1882. On trouve dans la plupart des années de ce recueil le résultat de semblables observations Voir, pour plus de détails, Palestine (climat).

Régime des eaux.

Au climat se rattache le régime

des eaux, et si, dans tous les pays, cette question a une importance capitale, elle est encore d’un plus haut intérêt en Palestine et à Jérusalem en particulier. La ville sainte, comme nous l’avons vu dès le commencement, ne jouit du bienfaisant voisinage d’aucun fleuve. Le Cédron n’est qu’un torrent temporaire. Les roches calcaires sur lesquelles est bâtie la cité, laissent à peine pénétrer l’eau du ciel. Le peu qu’elles en gardent est amené par leur déclivité aux points les plus bas. Il n’y a, en effet, que deux sources d’eau potable. La première est celle qui est appelée’Ain Umm ed-Déredj (voir t. iii, fig. 49), « Source mère des degrés, » parce qu’on y descend par deux escaliers taillés dans le roc, ou encore Ain Sitti Mariam, « Source de Madame Marie » ou « Fontaine de la Vierge », d’après une tradition qui ne commence qu’au xiv » siècle ; c’est l’antique Fontaine de Gihon, située sur le flanc oriental de la colline d’Ophel ; elle communique par un canal souterrain avec la piscine de Siloé, à 335 mètres plus loin vers le sud-ouest. C’était, en cas de siège, la seule source utilisable pour Jérusalem. Voir Gihon, col. 239, et Siloé. La seconde est le Bîr Eyûb, ou « Puits de Job », situé au confluent des deux vallées de Cédron et do Hinnom ; c’est l’ancienne En-Rogel, III Reg., i, 9, un puits plutôt qu’une source proprement dite. Voir Rogel. Il y a bien dans les souterrains du couvent de YEcce-Homo une petite source qui vient du nord, mais l’eau en est saumàtre ; peut-être’n’est-elle que le résultat de suintements. La vallée du Tyropoeon a donné passage à certaines eaux, à une époque très ancienne. Mais, en somme, d’après l’histoire et la nature du terrain, les habitants de Jérusalem n’ont jamais pu guère compter que sur la source d’Ophel. Malgré cela, suivant la remarque de Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 323, la viile ne paraît avoir manqué d’eau dans aucun des sièges qu’elle eut à soutenir, tandis que toutes les armées assiégeantes souffrirent de la soif. C’était donc par des moyens artificiels qu’elle s’approvisionnait, c’est-à-dire par des citernes, des réservoirs et des aqueducs.

1. Citernes.

Quand l’eau de source est insuffisante, on est obligé d’utiliser la pluie du ciel. C’est ce qu’on fit de tout temps et ce qu’on fait encore en Palestine mieux peut-être qu’en tout autre pays. Le sol de Jérusalem, en particulier, est, on peut dire, criblé de trous comme une éponge. Toute maison importante a sa citerne. Les eaux de pluie, recueillies sur les terrasses ou dans les cours, sont conduites par des tuyaux à des cavités artificielles, bâties en pierre, recouvertes d’une voûte, avec une petite ouverture à la partie supérieure. Cette forme, destinée à empêcher une trop rapide évaporation, est précisément ce qui distingue la citerne de la piscine, qui est à ciel ouvert. Un grand nombre de ces citernes paraissent remonter à une haute antiquité ; à peine

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