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JÉSUS-CHRIST


tenrs quand il parla snr la montagne. Matlh., iv, 23. Jésus Christ ne s’y contenta pas, comme dans les régions païennes de Phénicie et de Gaulanitide, de converser avec ses Apôtres. Il séjourna quelque temps, guérit les malades, instruisit les foules et gagna beaucoup de disciples. Matth., xix, 2 ; Marc, x, 1 ; Joa., x, 41, 42. Les pharisiens l’abordèrent de nouveau et le questionnèrent sur le divorce ; le divin Maître en prit occasion pour faire devant ses Apôtres une allusion élogieuse au célibat volontaire. Matth., xix, 3-12 ; Marc, x, 2-12. Chemin faisant, il se plaisait à bénir les enfants, en recommandant d’imiter leur simplicité. Malth., xix, 13-15 ; Marc, x, 13-16 ; Luc, xviii, 15-17. La rencontre d’un jeune homme vertueux, qui n’eut pas le courage de renoncer à tout, fut suivie d’une instruction sur la pauvreté évangéhque et sur la récompense promise à ceux qui la pratiqueraient. Matth., xix, 16-30. Marc, x, 17-31 ; Luc, xviii, 1830. Saint Matthieu, xx, 1-16, place ici la parabole des ouvriers envoyés à la vigne. Jésus était au delà du Jourdain quand, de Béthanie, Marthe et Marie lui envoyèrent annoncer la maladie de leur frère Lazare. Il demeura encore deux jours en Pérée, puis se mit en route pour aller ressusciter son ami, qui était mort sur ces entrefaites. Joa., xi, 1-16. Il quitta alors la Pérée pour n’y plus revenir. — Le séjour du Sauveur dans ces différentes contrées situées hors de Palestine fut donc relativement court. Le divin Maître prépara du moins, par ses miracles, l’évangéhsation future de ces régions ; il les récompensa par sa présence de l’empressement avec lequel une partie de leur population était venue le trouver en Galilée. Ces pays lui offrirent d’ailleurs une retraite quand il jugea à propos de répondre à l’incrédulité des Galiléens par la soustraction momentanée de son enseignement et de ses bienfaits, pour se consacrer plus exclusivement à la formation de ses Apôtres.

IV. LE MINISTÈRE EN JUDÉE ET À JÉRUSALEM.

Bien

que résidant habituellement en Galilée, au cours de sa vie publique, Notre-Seigneur ne laissa pas de paraître de temps en temps à Jérusalem, ordinairement à l’époque des^ grandes fêtes. Les synoptiques, dont les évangiles servirent de thème à la prédication apostolique, et qui, pour cette raison, se sont à peu près bornés aux récits et aux instructions plus populaires du ministère galiléen, ont passé presque entièrement sous silence les apparitions du Sauveur à Jérusalem. Ces dernières font l’objet principal de l’Évangile de saint Jean. De là une si notable dissemblance entre cet Évangile et les autres. La scène n’est plus la même. Les interlocuteurs surtout sont absolument différents. Si la Galilée offrait au divin Maître une population simple et disposée à faire accueil à la bonne nouvelle, la Judée au contraire lui opposait sa morgue, ses préventions contre un prophète venu d’une province méprisée, son entêtement à suivre des usages ou à s’astreindre à des règles minutieuses qui, sous prétexte de vénération pour la loi divine, n’aboutissaient qu’à l’altérer ou même à la rejeter au second plan, enfin, son intransigeance à l’égard de toute doctrine, de toute forme de vie, de toute mission messianique en désaccord avec les idées reçues. De plus, c’est à Jérusalem surtout que se rencontraient, à l’état militant, les adeptes des deux grandes sectes juives : les pharisiens, scribes et docteurs, zélateurs de la loi dont ils s’étaient fait une conception arbitraire et étroite, attachés à leurs pratiques de piété traditionnelles, portant avec impatience le joug romain et attendant un Messie qui les en délivrerait, en réalisant au sens temporel et politique les antiques promesses, et, en face d’eux, les sadducéens, matérialistes avoués, nantis de toutes les charges lucratives, y compris le souverain pontificat, en bons termes avec les Romains dont l’autorité protégeait leur situation, et n’ayant aucun désir de voir surgir un Messie qui bouleverserait un étal de choses dont ils étaient pleinement satisfaits. Voir Pharisiens, Sadducéens.’Autour d’eux, et s’inspirant surtout des doctrines pharisiennes, vivait un. peuple fort différent des Galiléens, les Juifs ou habitants de la Judée. Ce peuple avait foi en ses docteurs, mais il n’était pas inaccessible aux idées élevées, ce qui fait que de temps en temps au moins Notre-Seigneur recueillera de sa part de vraies marques de sympathie. Enfin, à Jérusalem, le Sauveur avait à compter avec le sanhédrin, la grande autorité religieuse de la nation. Voir Sanhédrin. Le sanhédrin avait le droit de réclamer ses titres de créance à quiconque se présentait comme docteur, comme prophète, comme investi d’une mission spirituelle et surtout comme Messie. Il n’avait pas manqué d’exercer ce droit quand Jésus fit, pour la première fois, acte d’autorité dans le Temple. Joa., ii, 18. À plusieurs reprises, les synoptiques nous montrent Jésus épié et interrogé par des émissaires ou des représentants du sanhédrin. Luc, v, 21, 30 ; VI, 2, 7 ; Marc, iii, 22 ; Matth., xii, 38 ; Marc, vii, 1 ; viii, 11 ; Luc, xiii, 14, 31 ; xvii, 20, etc. Dans un pareil milieu, Notre-Seigneur ne pouvait se comporter comme en Galilée. Avec les scribes et les docteurs de la loi, il lui fallut exposer sa doctrine sous une forme dogmatique et abstraite, répondre aux objections de ses adversaires et déjouer toutes leurs subtilités. Ses miracles devaient aussi avoir une portée plus grande, par conséquent être accomplis dans des conditions telles qu’ils pussent servir de preuve à sa mission. Voilà pourquoi dans l’Évangile de saint Jean, qui raconte le ministère de Jésus à Jérusalem, les paraboles et les entretiens familiers font place à des expositions ou à des discussions doctrinales dont la plupart dépassaient de beaucoup la portée du simple peuple. L’Évangile à prêcher au monde ne pouvait revêtir la forme qui convenait à des auditeurs experts dans la science religieuse. Aussi le Sauveur passa-t-il la plus grande partie de son ministère public en Galilée ; il ne fit à Jérusalem que de courts séjours, à l’époque des grandes fêtes, ainsi que saint Jean le marque avec soin. Il y parut une première fois, comme nous l’avons vii, au début de sa prédication. Joa., ii, 13-Hl, 36. Voici ce qui se passa aux autres séjours du divin Maître dans la ville sainte ou en Judée. 1° À la seconde Pâque.

Sa première visite avait eu

lieu à l’occasion de la fête de la Pâque. Joa., ii, 13. La seconde se fit à l’occasion d’une fête que l’Évangéliste désigne par éopiîj ràv’IouSatwv, ou, dans beaucoup de manuscrits, ï| êopTîj, dies festus Judœorum, fête que l’on croit communément être la Pâque, mais qui pourrait à la rigueur être une autre grande solennité. Au cours de l’octave de la fête, Jésus fit un grand miracle le jour du sabbat. Il guérit un paralytique qui se tenait depuis trente-huit ans à la piscine probatique, et lui ordonna de s’en retourner chez lui en emportant son grabat. D’où émoi des Juifs, aux yeux de qui porter un fardeau était violer le sabbat. Voir Bethsaide, 1. 1, col. 1723-1732. L’ordre d’agir ainsi fut vraisemblablement donné au paralytique pour attirer l’attention sur le miracle et provoquer une explication. Jésus la fournit. Il se présenta comme Fils du Père, sans cesse en activité comme le Père, opérant des miracles pour attester sa filiation divine, et investi par le Père du pouvoir déjuger vivants et morts. Pour appuyer ses affirmations, il fit appel à trois preuves : le témoignage de Jean-Baptiste, ses propres miracles et les prédictions de l’Écriture accomplies en sa personne. Les docteurs d’Israël étaient insensibles à ces preuves ; leur incrédulité pouvait être d’un funeste exemple pour le peuple. Aussi le Sauveur leur reprocha-t-il de n’en croire qu’à eux-mêmes, sans vouloir même se soumettre à la parole de Moise. Joa., v, 1-47. Ainsi ce jour-là, le Sauveur déclara nettement aux autorités religieuses qui il était, et il indiqua les preuves sur lesquelles il appuyait sa parole, preuves dont tous les éléments se trouvaient aux mains des docteurs, et que ceux-ci pouvaient étudier et discuter à leur aise-